L'Afrique et la Banque africaine de développement (BAD) connaissent aujourd'hui de profondes mutations. Le continent a enregistré une hausse soutenue et sans précédent de la croissance, un nombre de plus en plus important de pays ayant affiché des taux de croissance annuel de cinq pour cent ou plus.
Si cette situation tient aux cours élevés des produits de base, les politiques macroéconomiques améliorées et les réformes soutenues y ont également joué un rôle. De nombreux pays enregistrent des progrès vers la réalisation de certains des Objectifs du millénaire pour le développement et renforcent leurs institutions de gouvernance.
Selon les prévisions, la croissance en Afrique devrait demeurer forte. Le FMI estime que sept des dix économies à la croissance la plus rapide au monde au cours des cinq prochaines années seront africaines. Le nombre de conflits a baissé - même s'il en existe encore beaucoup - ce qui a atténué la contagion des pays voisins par ce phénomène et rehaussé l'image de l'Afrique perçue comme une destination pour les investissements dans bon nombre de sous-régions.
Si le rythme du changement a accéléré l'ouverture de nouvelles opportunités, il a également suscité l'apparition de nouvelles menaces. Les événements récents mettent en évidence les incertitudes de l'économie mondiale, les défis que pose la crise financière mondiale, notamment celle la plus visible, à savoir la crise actuelle que traverse la zone euro. Cette crise pourrait déboucher sur la stagnation ou la baisse des financements concessionnels et une concurrence plus serrée pour les ressources de la part d'un nombre accru d'organisations multilatérales.
Toutefois, l'émergence de nouveaux pôles économiques est en train de remodeler le commerce mondial et la structure des investissements. Les économies émergentes telles que la Chine, l'Inde et le Brésil jouent ainsi un rôle de plus en plus important en Afrique, tandis que les ressources des bailleurs de fonds traditionnels vont probablement diminuer à l'avenir.
Caractérisée par une population jeune, en expansion (c'est la région la plus jeune au monde) et de plus en plus urbanisée, l'Afrique enregistre une augmentation rapide du nombre de demandeurs d'emploi. Le continent compte également une classe moyenne émergente qui pourrait aider à stabiliser les sociétés et créer de nouveaux débouchés, mais qui n'en est pas moins vulnérable aux chocs qui pourraient effacer les gains engrangés ces dernières années.
Un autre phénomène observé est l'introduction massive des technologies de communication qui crée plus d'ouverture d'esprit, rendant plus pressante l'obligation de rendre compte et ouvrant de nouvelles opportunités pour l'initiative privée. La demande mondiale forte et soutenue d'énergie, de minerais et de produits agricoles de base, a créé des opportunités pour la croissance, mais pose d'énormes défis en matière de politique et de gestion des ressources, notamment l'utilisation judicieuse des revenus que celles-ci génèrent. Une plus grande variabilité du climat due au changement climatique à l'échelle planétaire exerce des pressions sur la sécurité alimentaire, la productivité des terres et l'infrastructure économique et sociale.
Le Groupe de la Banque a amélioré ses processus opérationnels, notamment en affinant les stratégies pays et régionales, en renforçant sa présence dans les pays, en intégrant le changement climatique et la problématique du genre dans les opérations. Il jouit également d'une solide assise financière, comme l'attestent nombre d'observateurs externes et indépendants.
En un mot, la position de la Banque sur l'échiquier international a pris une autre envergure : elle est une partenaire de confiance pour ses clients africains et ses bailleurs de fonds externes. Certes, son programme de réformes est inachevé, mais la Banque est en bonne voie pour devenir la première institution de financement du développement sur le continent.
Le moment est donc propice pour engager la réflexion, pour voir comment la Banque peut prendre appui sur les solides résultats acquis à ce jour afin de mieux soutenir et accompagner ses pays membres régionaux au cours de la prochaine décennie. C'est dans ce contexte que les gouvernements africains ont demandé à la Banque d'élaborer une Stratégie à long terme (SLT) couvrant les dix années à venir.
Pour démarrer ce processus, la Banque a engagé une série de consultations avec un large éventail de parties prenantes. Le processus prévoit des consultations internes avec le personnel et le Conseil d'administration de la Banque. Il prévoit également une série de réunions de consultations à l'échelle nationale et sous-régionale, au sein et à l'extérieur du continent, avec des représentants du gouvernement, du secteur privé, de la société civile, des milieux universitaires et d'autres parties intéressées.
Outre les réunions de consultation, la BAD a lancé le portail e-consultation, qui vise des idées novatrices et une contribution à la réflexion, en particulier sur les questions formulées dans le portail. Au fil du temps, certaines notes d'information sur des questions spécifiques y seront ajoutées pour apporter une analyse complémentaire et stimuler le débat. La SLT reflètera les ambitions de développement de l'Afrique et définira les actions à mener pour les concrétiser. Elle précisera également comment la BAD accompagnera la transformation de l'Afrique en un continent plus prospère, avec des niveaux de pauvreté fortement réduits et une répartition plus équitable des opportunités sur les plans économique et social, notamment en matière d'emploi et de revenu.
Les consultations devraient approfondir la réflexion et permettre de formuler des recommandations sur des enjeux essentiels tels que les partenariats clés que la BAD devrait promouvoir pour répondre aux besoins du continent, le rôle de catalyseur du savoir et de conseiller que la BAD devrait jouer pour compléter ses activités traditionnelles d'investissement, son rôle dans la promotion d'une croissance sans exclusion tirée par le secteur privé, et la manière dont la Banque pourrait utiliser ses propres moyens pour répondre aux besoins croissants en ressources destinées à financer le développement de l'Afrique.
Les résultats de la consultation seront largement diffusés et pris en compte dans la préparation de la stratégie. En outre, un dialogue sur les LTS avec les gouverneurs de la BAD aura lieu lors des Assemblées annuelles de la BAD prévues à Arusha, en Tanzanie en mai, avant la préparation et l'adoption de la SLT finale d'ici la fin 2012.
La BAD attache du prix à vos observations et recommandations. Elles seront essentielles à la finalisation de la SLT. A la faveur de ce processus qui nous offre une occasion unique de partager des idées sur la manière dont nous pouvons façonner le destin de ce continent, rejoignez-nous et faites entendre votre voix.
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Mateus Magala