A l'occasion du lancement de sa nouvelle stratégie pour les années 2012 et 2013 en Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD) a organisé un débat de haut niveau le 4 avril 2012 pour analyser la situation économique du pays, un an après la révolution.
Cette stratégie, présentée par le département des opérations en Afrique du Nord de la BAD, est innovante car elle favorise la flexibilité en permettant plus de souplesse et de réactivité. Elle a été réalisée grâce à un processus participatif et transparent, impliquant des représentants de tous les ministères clés, les partenaires au développement et la société civile.
Au moment de la présentation du programme économique et social du gouvernement devant l'assemblée nationale constituante de Tunisie, les panélistes ont fait état de la situation économique difficile du pays avant d'en présenter les défis. Slim Besbes, secrétaire d'Etat aux finances en Tunisie, représentait le gouvernement. Mohammed Haddar, président de l'association des économistes tunisiens, a insisté pour lier l'analyse sociale à l'analyse économique. Selon ce dernier, la Tunisie vit actuellement, « une période d'agitation sociale ». D'après Ikbel Bedoui, le directeur Afrique du nord de l'agence Fitch, « le pays ne s'en est pas trop mal sorti économiquement », un peu plus d'un an après un bouleversement politique majeur
Pour reprendre le chemin de la croissance économique et la relance de l'emploi, plusieurs débatteurs ont évoqué la nécessité de mobiliser rapidement des ressources internes. Fadhel Abdelkefi, président de la Bourse de Tunis, rappelle : « les finances publiques ont été plutôt bien gérées et le niveau d'endettement du pays laisse une marge de manœuvre ». Habib Karaouli, directeur général de la Banque d'affaires de Tunisie, insiste: « notre pays n'a pas un problème de ressources mais un problème d'emplois ». Selon Slim Zeghal, co-fondateur de la confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (la CONECT), le développement des partenariats public-privés pourrait être une solution. Il ajoute que « la confiance doit être redonnée aux investisseurs tunisiens et aux opérateurs privés ».
Ce débat de qualité représentant de nombreux acteurs économiques a été suivi par près de 300 personnes des secteurs public, privé et de la société civile tunisienne. Il faisait écho à une conférence organisée sur les défis de l'après-révolution dans le pays.
Avec un portefeuille de projets en cours de financement en Tunisie de 2,5 milliards de dollars EU, la BAD est le premier bailleur international de fonds actifs dans le pays.