La Banque africaine de développement, l'Office national de l'assainissement (ONAS) et le gouvernement tunisien ont organisé à Hammamet, du 10 au 12 avril, un atelier de trois jours pour lancer un projet qui vise une meilleure utilisation des eaux usées épurées dans 17 gouvernorats. Le recours à ces ressources alternatives permettra de remédier aux importants déficits en eau en Tunisie, maintenant et pour l'avenir.
"La Tunisie, qui souffre de plus en plus d'une diminution de ses ressources en eau disponibles exploitables, a fait un choix judicieux en optant pour les eaux non conventionnelles " a déclaré Monia Moumni, ingénieure en chef au département Eau et assainissement de la Banque. Elle a ajouté : "La Banque est fière de s'associer à l'ONAS pour mettre en oeuvre ce projet afin de renforcer la sécurité de l'eau en Tunisie et de pallier les insuffisances."
En outre, 30 stations d'épuration des eaux usées seront réhabilitées pour mettre à disponibilité environ 100 millions de m3 d'eau épurée pour irriguer 7 500 hectares de terres agricoles et arroser 700 hectares d'espaces verts, à Ariana, Béja, Ben Arous, Bizerte, Gabès, Jendouba, Kairouan, Kébili, Le Kef, Médenine, Monastir, Nabeul, Sfax, Siliana, Sousse, Tataouine et Tunis.
On estime à environ 4 millions le nombre de personnes qui profiteront des retombées du projet.
Le coût de cette intervention est estimé à 37 millions d'euros dont 33 millions seront financés par la Banque à travers un prêt BAD.
"Nous sommes très heureux de cette collaboration avec la Banque. Nous l'espérions depuis longtemps et elle prend forme aujourd'hui avec le lancement officiel du projet" a déclaré Khelil Attia, président directeur général de l'ONAS. "Cet atelier de trois jours permettra d'entamer des échanges fructueux entre la Banque et l'ONAS ", a-t-il fait observer.
Ressources alternatives pour réduire le stress hydrique
Le gouvernement tunisien porte une attention particulière à la gestion des ressources en eau, étant donné leur importance pour soutenir les activités agricoles, qui sont au coeur de la sécurité alimentaire et du développement économique du pays.
Le secteur agricole tunisien utilise présentement environ 80 pour cent des ressources en eaux souterraines et de surface devenues de plus en plus rares, alors que les besoins en eau ne cessent d'augmenter.
Le stress hydrique en Tunisie impose donc une approche stratégique innovante axée sur l'exploitation de ressources alternatives ou non conventionnelles, telles que les eaux épurées et le dessalement.
Ainsi, l'objectif à terme de la Tunisie est de parvenir à un taux de réutilisation de 50 pour cent des eaux épurées, d'ici 2016, contre un taux actuel de 30 pour cent. Le projet soutenu par la BAD devrait contribuer une augmentation de15 pour cent du taux de réutilisation.
Des participants enhardis de cette première collaboration
L'atelier de lancement et de préparation du projet a réuni une trentaine de participants des différents gouvernorats ciblés par le projet, pour passer en revue les activités préalables pour la mise en oeuvre du projet et pour préciser le rôle des intervenants.
Quelques propos recueillis :
Hamouda Abdlemajid, chef de département et coordination, ONAS.
"Ce projet est important parce qu'il s'agit de la première opération d'envergure de la Banque avec l'ONAS. Pour ce qui de la mise en oeuvre du projet, bien sûr nous espérons voir mises en place des mesures d'accompagnement pour assurer la qualité et la durabilité des infrastructures."
Imène Salem, ministère de l'Investissement et de la coopération internationale.
"Il est à espérer que ce projet, comme tous ceux que nous avons avec la BAD réussissent. C'est-à-dire que nous puissions le réaliser dans les délais avec un flux de décaissement raisonnable. Il y a eu par le passé des problèmes de passation des marchés qui seront, nous l'espérons, réglés grâce à la réforme du système des marchés publics en cours."
Badreddine Lasmar, ingénieur, chef de département, maintenance, ONAS.
"La participation de la Banque vient à propos. L'Afrique doit développer l'Afrique, nous appartenons au même continent, nous partageons les mêmes soucis, nos attentes sont similaires, ainsi que nos contraintes ; nous pouvons nous comprendre."
Abid Nejib, chef de département, gestion, ONAS.
"Les études démontrent que vers 2025-2030, la demande en eau en Tunisie sera énorme, le stress hydrique intense. Ce projet est stratégique et s'aligne avec la volonté du gouvernement tunisien d'être prêt à relever ce défi. Dans cette optique, nous aurons encore beaucoup d'autres opportunités de travailler avec la BAD pour une Tunisie où les ressources en eau seront suffisantes en quantité et en qualité, pour tout le monde et pour tous les besoins."
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Katia Theriault