L'Afrique a connu une croissance économique rapide au cours de la dernière décennie. Les taux de croissance annuels sur le continent, qui étaient autour de cinq à six pour cent en moyenne ont régulièrement dépassé ceux des autres régions. La forte demande et les prix des matières premières ont été un facteur important de la croissance. Toutefois, les réformes macro-économiques, une plus grande stabilité politique et l'urbanisation accrue ont également vu se renforcer le secteur des services, la classe moyenne monter et un entreprenariat panafricain émerger. En dépit de ces développements prometteurs, les progrès ont été inégaux à travers l'Afrique. La pauvreté et la sécurité alimentaire demeurent des questions lancinantes. Les difficultés d'accès à l'énergie, à l'éducation et aux infrastructures continuent à entraver la croissance des entreprises et le développement économique. Les freins à l'accès aux compétences, aux marchés et à la technologie constituent entravent l'équipement de la plupart des entreprises pour qu'elles soient compétitives dans un marché de plus en plus mondialisé.
La viabilité du développement de l'Afrique subit les contrecoups d'un certain nombre de tendances régionales. La crise économique mondiale a souligné la volatilité des marchés dans un monde de plus en plus interconnecté. Les crises économiques conjoncturelles sont juxtaposées à des défis sur le long terme, tels que le changement climatique, qui ont longtemps été reconnus comme une menace à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, en particulier la poursuite des progrès au-delà de 2015 (BAD et al. 2003). Le défi réside dans le fait de rendre le développement en Afrique plus robuste face aux chocs financiers et environnementaux exogènes, et de veiller à ce la réalisation du progrès économique, mais pas au détriment de l'érosion des biens et services éco-systémiques qui sont le fondement des moyens de subsistance de beaucoup d'Africains.
Un nouveau paradigme de croissance et un modèle plus écologique de développement pour l'Afrique doivent donc répondre à un éventail de questions socio-économiques et environnementales. Certaines de ces questions sont déjà des contraintes majeures aujourd'hui tandis que d'autres, telles que la croissance démographique et les impacts du changement climatique, verront leur effet amplifié si rien n'est fait. Beaucoup de décisions prises aujourd'hui sur le développement, telles que les décisions sur les transports et les infrastructures énergétiques, ont des conséquences à plus long terme, car elles définissent et influencent les voies de développement. Cela représente à la fois un défi et une opportunité pour l'Afrique.
Les voies de la croissance verte
Créer un environnement favorable à la croissance verte
Des cadres réglementaires et politiques doivent être mis en place. Les réglementations et les normes gouvernementales devront fournir un cadre politique général pour encourager la transition vers une économie verte. Un environnement politique clair, prévisible et stable permet de créer la confiance nécessaire pour encourager les investissements privés. L'engagement proactif du gouvernement, des opérateurs économiques et des consommateurs permettra aux pays africains de participer pleinement à l'élaboration des normes de biens et des services écologiquement viables. Des réglementations et des mesures incitatives sont nécessaires pour encourager les investissements verts et traiter les externalités qui ont conduit à une utilisation inefficace des ressources.
L'engagement du secteur privé est essentiel. Bien que le secteur public soit important pour ouvrir la voie d'une économie plus verte grâce à l'amélioration des politiques, des règlements et des institutions, le secteur public ne dispose pas des moyens budgétaires et de la capacité entrepreneuriale pour s'impliquer dans l'économie en tant que producteur ou intermédiaire d'échanges. Un modèle de croissance économique verte nécessite une participation fructueuse du secteur privé, à grande échelle. Cela signifie l'amélioration du climat d'investissement pour le secteur privé. Cela exige, entre autres, le soutien politique, un environnement macro-économique et juridique stable, une réglementation transparente, équitable et efficace, des mécanismes pour promouvoir des modèles commerciaux spécifiques tels que les partenariats public-privé et la disponibilité des financements concessionnels et des dons pour la préparation des projets et les capitaux de lancement.
L'accès à l'information et le soutien à l'innovation par les activités de recherche et développement sont essentiels pour la diversification économique en Afrique et l'identification des opportunités pour une économie plus verte. L'accès à l'information est crucial au 21e siècle. Pour l'Afrique, cela signifie l'expansion des systèmes d'un réseau dorsal de fibre optique et de satellite, des réseaux GSM et des réseaux de téléphonie mobile. Il est nécessaire de renforcer les partenariats qui permettent le transfert de technologie et de consolider la coopération Sud-Sud. Le fait de passer à des technologies plus efficaces et des infrastructures ne fonctionnera que si la base des compétences en Afrique est sensiblement améliorée.
Un accès prévisible à un financement adéquat de la croissance verte. Bien que des gains efficaces puissent être générés grâce à la transition à une économie plus verte avec peu ou pas de coûts supplémentaires, d'autres efforts nécessitent des investissements initiaux importants. Des estimations récentes du coût de placement de l'Afrique sur une trajectoire de croissance à faible émission de carbone indiquent environ 9 à 12 milliards de dollars EU par an d'ici 2015, alors que le coût marginal de l'adaptation en Afrique est estimé entre 13 et 19 milliards de dollars EU, à moins que des mesures appropriées ne soient prises dès à présent (BAD, 2011). Par conséquent, il est important que la communauté internationale envoie des signaux clairs en termes de soutien financier durable et adéquat.
L'approche de la croissance verte nécessiterait que l'Afrique poursuive la croissance économique d'une manière plus holistique, tout en s'assurant que son environnement et ses ressources naturelles soit utilisés de manière durable, afin que les biens et services des écosystèmes dont dépendent de nombreuses existences ne soient pas compromis davantage. À la lumière de la dispersion des ressources clés (eau, énergie, minéraux) et de la taille limitée de nombreux marchés nationaux, le renforcement de l'intégration régionale sera important pour la croissance économique et une gestion plus efficace et durable des ressources. Les efforts de transition vers la croissance verte en Afrique devront également se concentrer sur les opportunités qui s'offrent au continent pour poursuivre des voies de développement à moindres émissions de carbone, tout en comblant les besoins énergétiques d'une population croissante et en améliorant la résilience des moyens de subsistance et du secteur économique à la variabilité et au changement climatique.
Contact
Uloma Uzoamaka Nwamarah