Le caractère rentier de l'économie Libyenne a été au coeur des revendications socio-économiques qui ont conduit à la révolution. Bien que les ressources pétrolières en Libye aient permis au pays d'accumuler des richesses, celui-ci doit toujours faire face à de nombreux défis macro-économiques.
En 1973, la Libye était caractérisée par une économie peu diversifiée et dualiste dominée par l'État ; la recherche omniprésente de la rente par les acteurs économiques et des lacunes réglementaires. Cette nature rentière de l'économie libyenne a eu des effets qui ont imprégné à la fois les structures économiques et politiques du pays. Les ressources pétrolières extraordinaires ont permis à l'élite politique de vider de leur sens les institutions gouvernementales permettant ainsi à ceux au pouvoir d'opérer sans surveillance.
Bien que le système soit resté en place depuis plus de 40 ans, la révolution a démontré que le contrat social prévalant en Libye était intenable: la distribution inégale de la richesse, les mauvais antécédents en matière de transparence de gouvernance et de corruption, ainsi que les possibilités décroissantes en termes de développement des ressources humaines ont été autant de griefs contre l'ancien régime qui n'aurait pu être toléré si longtemps sans la rente pétrolière. Ne pouvant plus acheter le soutien de ses citoyens, l'ancien gouvernement a été confronté à une révolution.
Malheureusement, l'histoire de la Libye n'est pas unique. La théorie économique suggère que les déséquilibres macro-économiques de l'économie libyenne et les troubles sociaux qui ont suivi ne sont pas surprenant . Au contraire, l'économie politique de la Libye a suivi la trajectoire habituelle des économies abondantes en ressources. Bien qu'un grand nombre d'études aient démontré que l'abondance des ressources conduit à une croissance médiocre ou inégale et l'instabilité politique, il y a des exceptions à cette règle. Le Botswana en est la preuve. Bien que ce pays soit l'un des plus grands producteurs mondiaux de diamants, il est l'un des rares pays qui ait réussi à transformer ses ressources en une bénédiction plutôt qu'une malédiction. Le Botswana est passé lors des dernières décennies d'être catégorisé comme l'un des 25 pays les plus pauvres au monde au statut d'économie à revenu intermédiaire-supérieure en 1998.
La question qui se pose est de savoir comment le Botswana a réussi à échapper aux pièges qui se posent aux pays possédant des ressources naturelles, en assurant une croissance stable et en préservant ces richesses pour les générations futures? Quelles leçons tirer de cette expérience peut être appliquée à la Libye dans sa période de transition? Ce document tente de répondre à ces questions en expliquant la dynamique de la malédiction des ressources naturelles, sa manifestation en Libye, et mettant en parallèle l'expérience de la Libye avec la gestion des richesses au Botswana.