La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé une subvention de 60 millions de dollars, faisant partie d'un montant global de 120 millions de dollars à mettre en œuvre immédiatement afin de renforcer les systèmes de santé publique de l'Afrique de l'Ouest, en réponse à la crise d'Ebola.
Le Conseil d'administration de la BAD, traditionnellement en vacances pendant le mois d'août, a convoqué une réunion d'urgence, démontrant ainsi la détermination de l'institution à aider les pays à faire face à cette crise de santé publique.
Avec plus de 2000 cas diagnostiqués et 1145 personnes décédées, cette situation est une alerte pour la communauté internationale. Elle indique qu'une telle tragédie aurait pu être évitée si des investissements pour le renforcement des systèmes de santé avaient été réalisés.
L'épidémie a commencé en Guinée en mars 2014 et s'est rapidement propagée au Libéria, en Sierra Leone et au Nigéria.
« Ceci est l'une des crises de santé publique les plus compliquées qu'on ait jamais connue. Nous ne faisons pas face simplement à une maladie, mais aussi à l'écroulement intégral de systèmes de santé dans certains pays de la région (de l'Afrique de l'Ouest) », a dit le Président Donald Kaberuka, à Abidjan, aux administrateurs qui ont participé à la réunion du conseil d'administration par vidéo et audio conférence.
Cette subvention fait partie d'un appui plus large de 210 millions de dollars qui comprend150 millions de dollars en prêts et subventions, tout comme le don de 60 millions de dollars. La somme de 60 millions de dollars comprend quatre subventions d'aide d'urgence d'un million de dollars chacune pour les quatre pays affectés, soit un total de quatre millions de dollars.
La subvention de la BAD sera attribuée au Centre de coordination sous-régionale d'Ebola de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) basé à Conakry en Guinée, compte tenu de sa vaste expérience dans la gestion des épidémies mondiales.
Le projet appuiera des efforts en cours pour réduire la morbidité, la mortalité et briser la chaîne de transmission du VME, en renforçant les systèmes de santé publique sous-régionale. Il soutiendra le plan d'intervention d'Ebola en Afrique de l'Ouest d'août à décembre 2014.
À long terme (2015-2017), l'assistance de la Banque appuiera le renforcement global des systèmes de santé publique dans les pays de l'Afrique de l'Ouest, afin de faciliter la détection précoce et la riposte aux menaces potentielles résultant de maladies épidémiques et pandémiques. Le projet proposé vise à répondre aux besoins spécifiques identifiés par la communauté des experts pour faire face à cette épidémie d'urgence mondiale de catégorie 3.
Les membres du Conseil ont salué la rapidité avec laquelle la Banque a conçu le projet. Ils ont souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de suivi rapprochés pour une mise en œuvre efficace.
Le médecin en chef de la Banque, Dr Nelly Iteba, a déclaré que les données actuelles sur l'impact de la maladie ne reflètent pas l'ampleur de l'épidémie dans la région de l'Afrique de l'Ouest, compte tenu de la difficulté que rencontrent certains personnels de santé sur le terrain dans la collecte de données dans cette situation de crise. Elle a aussi ajouté que la Banque a pris les mesures nécessaires pour protéger son personnel et a félicité le gouvernement ivoirien pour les mesures efficaces qu'il a mises en place pour protéger la population contre l'infection.
Malgré les caractéristiques défavorables liées au Virus d'Ebola (taux de fatalité élevé et aucun vaccin homologué), la crise actuelle aurait pu être gérée dans des conditions classiques de contrôle des infections, avec la disponibilité de l'équipement médical de base et les médicaments nécessaires. Par exemple, la disponibilité du matériel de stérilisation, de liquides intraveineux, de transfusions sanguines, d'antibiotiques, de ventilateurs, de médicaments vaso-actifs peuvent contribuer à améliorer les soins prodigués aux patients et sauver des vies.
En outre, les professionnels de santé qualifiés et équipés de matériel de protection individuelle peuvent contribuer de manière décisive à contenir la propagation du VME. La disponibilité de l'équipement de diagnostic moderne peut aider les personnels de santé dans la détection précoce et la gestion des cas.
« Notre échec collectif à contenir la propagation du virus d'Ebola n'est pas uniquement une fatalité de la maladie ; il illustre également la nécessité de renforcer les systèmes de santé en Afrique », a déclaré Agnès Soucat, directrice du développement humain à la BAD.
A cet effet, la BAD concentre ses investissements sur le renforcement des systèmes de santé publique à travers les éléments suivants : le renforcement des capacités, le développement des ressources humaines, la vulgarisation de l'usage des technologies mobiles et le renforcement des programmes de gouvernance et des institutions régionales.