« Sommes-nous prêts à affronter la prochaine épidémie ? - Remise en état du système de soins de santé primaires en Afrique ». Tel était le thème d'un panel qui a réuni, lundi 25 mai 2015, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, le Premier ministre de Côte d'Ivoire, Daniel Kablan Duncan, le vice-président du groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline chargé du programme mondial d'accès à la santé, Andry Wrigth, le ministre des Finances sierra léonais, Kaifala Marah, en présence du président de la BAD, Donald Kaberuka.
La santé est à la base de tout développement économique. Et la pandémie d'Ébola a démontré combien il était nécessaire d'accroître les investissements dans la santé à travers le monde. Avec ce panel, la BAD a voulu donner un coup de projecteur sur le rôle des dirigeants africains dans la prise en charge des pandémies. Quel doit être leur rôle dans la reconstruction et la prévention du virus Ébola, voire des épidémies à venir ? C'est à cette question que les intervenants ont tenté de répondre.
D'emblée, le président de la BAD, Donald Kaberuka, a dit combien il était sous pression à l'arrivée d'Ébola, survenu à un moment où il songeait à la reconstruction des pays de la Mano . « Nous devons comprendre que l'épidémie ne peut être aujourd'hui laissée aux seuls gouvernements. C'est un problème que nous devons combattre ensemble », a-t-il souligné.
Témoignant de l'expérience de son pays, la présidente du Libéria s'est réjouie que l'épidémie d'Ébola ait officiellement pris fin dans son pays, tout en ajoutant : « nous ne sommes pas à l'abri et continuons de travailler avec la Guinée et la Sierra Leone sur des échanges d'expériences ». L'approche régionale pour lutter contre la pandémie est cruciale, selon elle. Elle n'a pas manqué de rappeler les conséquences d'Ebola et la stigmatisation que le virus a entrainée, entre fermeture des écoles et ralentissement de l'économie, freinant la croissance. Mais, a affirmé la présidente du Libéria, les perspectives de la croissance ouvrent de nouveau les horizons. Autre point qu'elle a souligné comme crucial, dans ce combat : l'implication des communautés, qui doivent s'approprier les enjeux comme les moyens de lutte, et travailler dans une approche intégrée.
Le ministre des Finances de Sierra Leone a souligné, lui aussi, l'énormité des pertes qui ont affecté son pays : plus de 2 milliards de dollars EU perdus en matière d'investissements selon les calculs, outre le terrible choc qu'a subi le secteur minier notamment.
Le Sénégal, qui n'a connu qu'un seul cas avéré et vite maitrisé, a été cité à plusieurs reprises.
Le Premier ministre ivoirien est revenu sur les mesures que le président Ouattara avait prises par précaution, la Côte partageant des frontières avec les trois pays les plus touchés par le virus Ébola. Selon lui, la maladie a révélé la faiblesse du système sanitaire de nos pays. 114 millions de dollars EU ont été mobilisés dans des actions préventives et menées aux frontières. C'est le cas à l'aéroport international d'Abidjan, qui a vu transiter près 15 000 voyageurs durant la période critique.
Durant le panel, il a surtout été question de retenir les enseignements du passé. Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique 5CEA) des Nations unies, Carlos Lopes a quant à lui évoqué le rôle des médias, en compétition pour livrer les premières informations.
Au terme de la session de débats, Ellen Johnson Sirleaf a fait preuve d'optimisme : les pays africains sont prêts à faire face à la prochaine pandémie, même si s'il faut impérativement poursuivre les efforts visant à améliorer nos systèmes de santé. La présidente du Libéria a tenu à renouveler sa gratitude à l'égard de la BAD pour le soutien important dont l'institution a fait preuve envers les pays touchés.