Afrique: Le continent dans le leadership de la révolution numérique

Denis Sassou Ngesso, Président de la République de Congo, clôturant le Forum Forbes Afrique 2015 qui s'est tenu le mardi 21 juillet 2015 à Brazzaville.
22 Juillet 2015

Si l’Afrique avait raté le train de la révolution industrielle, elle n’a pas manqué celle de la révolution numérique. C’est le message fort par lequel, le président de la République, Denis Sassou Nguesso a clôturé ce mardi 21 juillet, les travaux du Forums Forbes Afrique 2015.

Pour cette année, cette plateforme d’échange a été rehaussée par le message fort du chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, et celui de son homologue ghanéen, John Dramani Mahama. Un engagement renouvelé par M. Shimon Peres, ancien président de l’Etat d’Israël, José Manuel Barroso, ancien président de la Commission de l’Union européenne, le Sénateur Mario Monti, ancien président d’Italie…

L’Afrique ne discute-t-elle pas la place de locomotive aux pays industrialisés dans le train de la révolution numérique ? Cette question s’impose vu le vent d’optimisme qui a soufflé dans la grande salle du ministère des Affaires étrangères de la République du Congo qui abritait, ce mardi 21 juillet, le Forum Forbes Afrique 2015.

Clôturant les travaux, le président Denis Sassou Nguesso du Congo affirme sans ambages « Si l’Afrique a raté le train de révolution industrielle, elle ne ratera pas celle de la révolution numérique. Nous avons pris le départ et il faut faire face aux défis identifiés».

Un postulat corroboré par les résultats d’une étude qui révèle qu’avec 167 millions d’utilisateurs, une moyenne de 70% de la population abonnée aux téléphones mobiles et la contribution au PIB des TIC estimée à 18 milliards de dollars US, le continent reste un potentiel incontesté dans le numérique. Le document intitulé «

La révolution mobile et numérique en Afrique : le saut qualitatif pour fournir les biens et services » est du cabinet Alindaou Consulting International. Il a été présenté au Forbes Afrique 2015 par M. Abdoulaye Bio Tchané, Président du Conseil d’administration du Fonds africain de garantie et président dudit cabinet.
Entre autres défis, le président du Congo met le curseur sur l’accès à l’énergie. « L’Afrique doit se battre pour obtenir de la communauté internationale, des pays industriels, une décision de mettre à sa disposition le potentiel en électricité disponible ». A son avis, au bout des dix prochaines années, si l’électricité devient un acquis, tout le reste sera permis, l’espoir aussi.

Le cabinet managé par Bio Tchané, dans son étude, relève que cette tendance croissante était perceptible ces dernières années. C’est ainsi que ce travail de recherche assure que le numérique a permis d’innover en Afrique : que ce soit le mobile qui facilite les transactions bancaires et les paiements de factures ou l’Internet qui permet de disposer tel ou tel produit. Il faut également noter que le mobile est en train de faire des heureux dans des secteurs comme la vente et la distribution de l’eau ainsi que dans des secteurs sociaux de base comme la santé, l’éduction, l’agriculture…
C’est ainsi que les projections du rapport Alindaou Consulting font état d’un taux de pénétration de l’Internet de 50% en 2025, de 600 millions d’utilisateurs Internet, de 75 milliards de dollars dans le commerce en ligne, de 300 milliards de dollars de contribution de l’Internet au PIB, de 300 milliards de dollars de productivité dans les secteurs clés grâce à l’utilisation du numérique.

Sur cette même veine, Forbes Afrique, sur son compte tweeter informe que d’ici 2016, un milliard de téléphones mobiles seront en circulation en Afrique.
Que de défis à relever pour favoriser une économie émergente

Le numérique figure en bonne place dans les différents plans d’émergence déclinés par la plupart des pays africains. Pour y parvenir, le continent est appelé à relever des défis qui, selon le Président du Conseil d’Administration de Forbes Afrique, M. Sylvain Lekaka, passent par le développement de l’entreprenariat.
Dans cette même veine, M. Lekaka appelle à une remise en question des choix politiques dans le domaine de l’économie numérique. Ce qui encourage le président Alassane Ouattara à appeler les Etats africains à s’engager dans la promotion des TIC via les opérateurs privés et les investissements de bases à réaliser. Déclinant les efforts réalisés dans son pays, M. Ouattara a fait savoir : « Notre objectif est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 et sans internet nous ne pouvons pas y arriver ».

Ce qui fait dire à Chris Anderson, ancien rédacteur en chef de la revue Wired et Fondateur de 3D Robotics que la technologie sort des gens de la pauvreté. Il appelle, par ailleurs, à un investissement massif dans les infrastructures technologiques notamment les drones qui, à son avis, sont non seulement moins chers, mais peuvent avoir un apport considérable pour l’Afrique dans sa quête de solution pour la résomption de la fracture numérique.

Dans ce sillage, la place du régulateur est jugée primordiale. Le directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes du Sénégal (ARTP), M. Abdou Karim Sall estime que le développement des TIC au profit des utilisateurs passe par un cadre juridique et réglementaire approprié. A son avis, la mise en œuvre correcte des ambitions africaines en matière technologique nécessite des régulateurs forts ayant une vision claire des autorités. Sur cette même lancée, M. Sall s’offusque de l’absence d’anticipation, en Afrique, sur la planification des ressources rares que sont les données. Le chapitre de la régulation remet sur table la lancinante question de la sécurité. Plusieurs gouvernants et de grandes entreprises, principales cibles de la cyber-attaque ou de la cybercriminalité avec le développement, demande plus de gage dans ce domaine.

Dans sa volonté de mieux tirer profit des opportunités que lui offre l’économie numérique, la jeunesse africaine désignée comme étant l’un des atouts majeurs du continent, se positionne comme vecteur. « Le plus grand enclavement pour la jeunesse africaine est l’absence de l’accès à l’internet », disait Donald Kaberuka, ex Président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Du moment que Jeremy Hodara, jeune entrepreneur, co-PDG et co-Fondateur d’Africa Internet Group, estime que le numérique est une incitation au retour en Afrique pour les jeunes du continent établis en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie.

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