Lima, Pérou, le 10 octobre 2015 – Les Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international se sont ouvertes ce vendredi 9 octobre 2015, sur les plaidoyers vibrants de leurs dirigeants respectifs : il faut, ont-ils rappelé à leurs pays membres, maintenir l'équilibre de leurs politiques macroéconomiques tout en continuant à lutter contre la pauvreté, même si le rythme de la croissance mondiale faiblit.
Lors d'une cérémonie organisée dans un centre de conférence flambant neuf de Lima, les dirigeants de ces deux institutions financières multilatérales ont également appelé à multiplier les efforts pour lutter contre les disparités entre les sexes, et à répondre avec force au défi que pose le changement climatique.
Unanimes, les dirigeants ont pointé du doigt la menace imminente d'un réchauffement climatique. A l'instar du président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, qui s'est exprimé lors de la rencontre ministérielle sur le financement de la lutte contre le changement climatique à laquelle il participait et qui était co-organisée par le Pérou et la France, en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Lima. Vendredi, M. Adesina a déclaré que maîtriser le changement climatique est une priorité non négociable, et annoncé que la Banque compte tripler son financement annuel de la lutte contre le changement climatique et le porter à 5 milliards de dollars d'ici à 2020.
Face à l'auditoire, le président Adesina a souligné que la hausse des températures menaçait les moyens d'existence de millions d'Africains. « Sans conteste, nous devons limiter la hausse des températures, qui ne doit pas dépasser les 2 degrés Celsius », a-t-il mis en garde.
En 2009, à Copenhague, les pays développés s'étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars EU par an d'ici à 2020, afin de soutenir les actions engagées par les pays en développement pour atténuer les dommages causés par les changements climatiques. Cette rencontre à Lima se déroule à deux mois de la 21e Conférence des Parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), d'une importance capitale en ce domaine.
« L'architecture actuelle de la finance internationale pour lutter contre les changements climatiques ne permet pas de fournir à l'Afrique les fonds dont elle a besoin, a déploré le président de la BAD. L'Afrique est désavantagée du fait du changement climatique et ce, d'autant plus que les financements pour le combattre sont insuffisants. Il faut que cette situation change ».
M. Adesina a poursuivi en précisant que les Africains pâtissent du changement climatique dans de nombreux domaines. Par exemple, les petits exploitants agricoles du Sahel vivent sous la menace de sécheresses plus fréquentes en raison des températures en hausse, avec des conséquences terribles sur leurs récoltes et leurs troupeaux. Les pêcheurs subissent eux aussi les conséquences de la hausse du niveau de la mer.
« En réalité, alors que la part de l'Afrique dans les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial ne dépasse pas 2 %, sa population souffre de manière disproportionnée des impacts négatifs du changement climatique », a ajouté le président de la BAD.
Il a également appelé au développement de l'utilisation des énergies propres dans la préparation des repas. La BAD a d'ailleurs lancé un nouveau Pacte pour l'énergie en Afrique, dans le but de renforcer l'alimentation en électricité du continent. « Plus de 625 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité, a-t-il précisé. L'Afrique se reconnaît à l'obscurité qui règne dans ses villes et zones rurales. L'Afrique ne supporte plus de rester dans le noir. Il nous faut changer cette situation ».
Selon les scientifiques, la température à la surface de la Terre augmente depuis 1880, ce qui contribue – entre autres – au réchauffement des océans, à la fonte de la calotte glaciaire et au recul des glaciers. Pour l'agence spatiale américaine (NASA), « la tendance actuelle au réchauffement revêt une importance particulière, car elle résulte probablement, dans une large part, de l'activité humaine, et se poursuit à un rythme inédit depuis 1 300 ans ».