Sénégal: Echos de la Journée Internationale de la fille

Marathon à l'occasion de la journée internationale de la fille à Dakar, Sénégal, le dimanche 11 octobre 2015.
13 Octobre 2015

La journée internationale de la fille, célébrée le 11 octobre 2015 au Sénégal a vécu. Des messages forts ont été servis par les souteneurs, les autorités étatiques et la société civile engagés pour le respect des droits de la fille. Les organismes onusiens ayant pignon sur rue n’ont pas été en reste. Ses responsables ont, à tour de rôle, donné les nouvelles orientations à adopter dans la défense des intérêts de la fille sénégalais, en particulier, et africaine, en général.

Boureima Dadié, Représentant résident adjoint UNFPA-Sénégal : « Il faut faire un travail de plaidoyer pour que les engagements pris sur le plan international soient mis en œuvre »

« Nous venons de finir les OMD depuis 2000. Il faudrait le bilan et voir ce qui a été fait. Nous nous engageons à partir de 2015 dans un nouveau cycle de 15 ans avec les Objectifs de Développement Durable (Odd). Je pense que les jeunes de 2000 qui sont actuellement des adolescents seront, en 2030, dans les centres de décision. C’est maintenant qu’il faut cette alliance, pour que ces jeunes soient au centre et qu’elles soient actrices de demain. Il y a aussi des données.

Lors du dernier recensement de 2013, le Sénégal comptait 14 millions d’habitants. Les projections démographiques d’ici 2063 montrent que le pays va avoir 54 millions d’habitants dont plus de la moitié sera constituée de femmes. Pour pouvoir assurer l’avenir de cette frange importante, il faut que la situation des jeunes filles soit prise en compte. L’année dernière, le centre de recherche de l’université de Thiès, avait publié les résultats d’une recherche sur le travail domestique des femmes. Ce que les ménagères font à la maison quand elles rentrent du travail, en termes de valeur sur le plan économique, représente 30% du Pib du pays. Ce qui n’apparait dans aucune des statistiques. Il ya ces éléments qu’il faut aussi exploiter.

Il faut également veiller à traduire les engagements pris sur le plan international au plan national. Il y a des conventions auxquelles le Sénégal a souscrit, il y a des lois, des résultats de conférence, des lois qu’il faut adapter au contexte. Donc, il faut faire un travail de plaidoyer allant dans ce sens pour que les engagements pris sur le plan international soient mis en œuvre au niveau du pays.

Il y a aussi le leadership des jeunes filles à travers l’éducation, la formation, les technologies de l’information et de la communication qui peuvent aider à acquérir de la connaissance mais aussi à travers les réseaux qui sont créés. Il faut faire face à ce qui se passe dans les réseaux où les gens font des activités en fonction des financements.

Il faut développer l’approche multisectorielle qui est une question très complexe et une seule agence, ou partenaire y compris le gouvernement, tout seul, ne pourra résoudre. Il faudrait voir comment tous ces groupes peuvent se constituer autour de la question de jeune fille.

Tout ceci doit être soutenu par un leadership national et un engagement politique. La présence des ministres à ces journées de la fille peut aider à faire bouger les choses et cela doit impacter aussi au niveau des régions.

On pense que les jeunes filles en association avec les jeunes garçons formeraient une coalition pour réaliser les mêmes objectifs et au bénéfice du pays».

Laylee Moshiri, représentante du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) au Sénégal : « Il ne faut plus voir les filles comme des cibles mais des actrices vectrices de développement »

« La place des jeunes est spéciale. Il ne faut pas noyer les jeunes filles dans les issues globales des femmes c’est pour cela qu’on leur a dédié une journée spécifique. On a vu l’engagement des différents groupes de la société civile et ce qui est encourageant. Ils se battent pour les jeunes filles, pour leur droit, leur éducation qui est l’axe principal de développement. Il faut noter aussi l’importance de l’implication des filles elles-mêmes dans le processus de développement. Il ne faut plus voir les filles comme des cibles mais des actrices vectrices de développement.

Il faut faire un effort supplémentaire pour que les Objectifs de Développement Durable (ODD) soient connus par la société. Les OMD étaient bien et précises mais il n’y avait pas beaucoup d’approbation de la part des populations. La leçon à apprendre de cela c’est la nécessité d’impliquer les gens dans le nouveau processus en les sensibilisant sur les objectifs et comment eux ils peuvent avoir un rôle à jouer pour y contribuer. Ces objectifs ne sont pas arrêtés uniquement afin que les Etats les atteignent mais il faut l’engagement de tout le monde à tous les niveaux. Maintenant, on est dans une situation où dès le début, il faut impliquer les différents groupements, les écoles, les étudiants, les élèves, les ONGs, et les structures étatiques pour voir comment ils peuvent s’organiser et quel sera leur rôle dans la mise en œuvre de ces objectifs et assurer leur suivie évaluation. »

M.Amavi Akpamagbo, directeur général et représentant de Plan International au Sénégal : « Pour pouvoir atteindre les ODD, il faut travailler à lever les barrières au développement des filles »

« Le lancement du rapport était une occasion pour Plan International d’interpeler les décideurs du Sénégal, les organisations de la société civile sur les obstacles à l’éducation des filles dans le pays. Nous voulons également attirer l’attention des communautés, des familles, les enfants, les filles et garçons sur ces différents obstacles et tout ce qui entrave le développement des filles.

La communauté internationale vient d’adopter les ODD et nous sommes tous convaincus, experts, agences du système des Nations Unies que le discours est fort. Pour pouvoir atteindre les Objectifs du Développement Durable, il faut travailler à lever les barrières au développement des filles. Au Sénégal, nous sommes en train de faire beaucoup de bonnes choses. L’Etat a mis en place un arsenal juridique avec toutes les politiques et stratégies appropriées pour pouvoir contribuer au développement des filles. Mais le constat est que le chemin reste encore long. Il y a beaucoup de choses que nous devons faire pour assurer un avenir plus équitable et plus prospère pour nous tous.

Pour permettre cette émergence du Sénégal, il faut travailler à accompagner les filles pour développer leur potentiel. Si près de la moitié de nos populations ou des enfants qui naissent héritent de la pauvreté, de l’analphabétisme, du manque de communication, de violence, de discrimination, d’exclusion des cercles de décision, tout simplement parce qu’elles sont nées filles, nous ne pourrions jamais assurer l’émergence et le développement économique du pays.

C’est pour cela que nous appelons aujourd’hui les familles, les chefs traditionnels, les chefs religieux, les responsables administratifs et financiers, les élus locaux de mettre à la disposition des filles tous les moyens leur permettant d’émerger et de contribuer convenablement au développement économique du Sénégal».

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