Afrique: Amélioration de la gestion des Finances Publiques – Les ministres des finances appellent à l'action

Gestion des finances publiques - Dakar abrite une rencontre de haut niveau
30 Octobre 2015

Les ministres des Finances de l’Afrique francophone appellent à l’action pour accélérer l’amélioration de la gestion des finances publiques. L’appel a été lancé lors de la Conférence sur la Gestion des finances publiques – Information financière axée sur les résultats.

Cette rencontre qui s’est tenue les 28 et 29 octobre 2015 à Dakar a été conjointement organisée par la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD), la Fédération Internationale des Comptables (IFAC), la Fédération Internationale des Experts Comptables Francophones (FIDEF), la Fédération panafricaine des experts comptables (PAFA) et l’ONECCA.

La gestion des finances publiques dans les pays de l’Afrique francophone vient d’amorcer un tournant historique avec une volonté politique renouvelée. Les ministres des finances de cette région viennent de poser un acte majeur qui va faire date.

Dans le cadre de la Conférence sur la gestion des finances publiques – Information financière axée sur les résultats, tenue à Dakar les 28 et 29 octobre, ils ont lancé un appel à l’action marquant une volonté d’appuyer sur l’accélérateur pour la transposition effective des directives qui militent sur plus de transparence dans la Gestion des finances publiques (GFP).

L’acte est fort et leur voix a été portée par leur homologue en charge du budget de la Guinée. « Nous ministres des Finances - avons convenu d'accélérer la mise en œuvre des directives, y compris le cadre de l'information financière comme: Développer et mettre en œuvre une stratégie comprenant tous les piliers de mise en œuvre nécessaires au déploiement des Directives y compris les normes d'information financière dans chaque pays ».

Dans cet élan d’aller de l’avant, les ministres des finances appellent également à mettre en œuvre ces normes du secteur public d'ici 2017; assurer le suivi-évaluation et rendre compte publiquement des progrès sur une base annuelle, avec les premiers rapports d'étape devant être émises en 2018; et prendre éventuellement des mesures correctives en temps opportun.

Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan du Sénégal, M. Amadou Ba, dans son allocution d’ouverture avait vu juste. A son avis, la pertinence avérée du thème de cette rencontre préfigure d’une contribution de qualité sur cette problématique, dans le sens d’une accélération de la mise en œuvre des réformes par les différents pays, une meilleure implication de la société civile et un soutien accru des institutions régionales (UEMOA, CEMAC et OHADA) ainsi que des partenaires au développement.

Sur cette même lancée, ils demandent aux institutions régionales telles que l’UEMOA, la CEMAC, et l’OHADA de continuer à les soutenir dans cette entreprise. Avant d’assurer de leur volonté de s’inspirer des expériences d'autres pays dans la conception et la mise en œuvre des normes d'information financière dans le secteur public.

En outre, assurent les argentiers des pays de l’Afrique francophone, « nous collaborerons avec les différentes parties prenantes notamment la profession comptable, les partenaires au développement et les organisations de la société civile en vue d’apporter des changements durables ».

En Afrique francophone, « nous nous soucions profondément du bien-être de nos populations. Nous croyons que chaque citoyen, homme, femme, enfant doit être en bonne santé, bien nourri, éduqué et être en mesure d’effectuer ses propres choix de vie. Afin d’assurer la prospérité pour tous, nous devrions pouvoir optimiser la gestion des ressources publiques et en rendre compte aux populations dans la transparence », font-ils remarquer.

Selon eux, la mise en œuvre effective des réformes permettra de renforcer la GFP et - en conséquence - d'améliorer l'utilisation de nos ressources publiques pour délivrer des services publics de qualité, d’offrir une meilleure transparence, et plus d’imputabilité, gages de la confiance des citoyens dans l’action gouvernementale.

Devant cet impératif, les ministres des finances estiment qu’ils doivent veiller à ce que les ressources publiques investies dans les systèmes de GFP réformées contribuent réellement à sauver plus de vies, à créer plus d’opportunités d'emploi, à augmenter l'accès à l'éducation et, en fin de compte, à l'expansion de l'espérance de vie et du bien-être de notre peuple et de notre environnement.

A leur avis, la mise en œuvre de tels systèmes de GFP, les rend forts en tant que Communauté et en tant que Nation. « Nous construirons des espaces socio-économiques plus apaisés et plus résilients pour mieux faire face aux changements ».
Et d’ajouter : « Si nous travaillons ensemble et si nous capitalisons sur ce que nous avons déjà accompli, nous pourrons atteindre un développement économique plus conséquent ainsi qu’une stabilité et une prospérité partagées en Afrique francophone et dans toute l’Afrique » en général.

Ils invitent ainsi les partenaires internationaux, régionaux et nationaux, y compris la profession comptable à appuyer les pays francophones d'Afrique, dans cette entreprise de modernisation et d’harmonisation des systèmes de gestion des finances publiques en tant que catalyseur de la prospérité des populations et gage de la paix en Afrique et dans le monde.

L’adhésion des Partenaires Techniques et Financiers

Sans hésitation, les Partenaires techniques et financiers ayant pris part à ces assises de Dakar ont montré leur approbation par rapport à cette nouvelle dynamique.

Un appui qui s’impose dans un contexte marqué par l’adoption par la Communauté internationale des 17 Objectifs de Développement Durables (ODD) visant à éradiquer la pauvreté, promouvoir la prospérité et protéger l’environnement.

Par ailleurs, souligne Mamour Fall, Président de l’ONECCA, l’obligation de rendre compte et de publier des comptes contenant une information pertinente axée sur les résultats devient ainsi une exigence de tous les acteurs économiques.

Il est ainsi mis un terme à la seule information ésotérique des Lois de Finances, qui ne permettait un accès qu’aux seules personnes spécialistes du langage des Finances Publiques.

Ce qui confère un rôle essentiel aux professionnels de la comptabilité pour une gestion des Finances publiques saine axée sur des résultats à atteindre.

Pour réaliser ces ambitieux objectifs, Mme Samia Msadek, Directeur du Département Gouvernance de la Banque mondiale, « nous avons besoin de programmes et de politiques qui soient équitables et qui offrent à tous les citoyens des opportunités de réussite dans la vie ».
A son avis, « il est très important de savoir où l’on va et il est temps d’agir ». Mme Msadek qui s’est félicitée de l’appel à l’action, assure de son engagement personnel pour l’accomplissement de cette démarche.

Pour plus d’efficacité dans les actions à mener, elle suggère la mise en place d’un comité de suivi chargé de définir un plan d’action stratégique.

Le Directeur du Département gouvernance de la Banque mondiale promet de mobiliser la communauté des bailleurs de fonds « car la bonne gestion des finances publiques est une cause qui est partagée au niveau internationale ».

Sur le même tempo, Mme Jean Moira Awinja Wameyo, chef de la Division des Services Fiduciaires à la BAD assure de l’ambition de l’institution continentale à continuer à accompagner les réformes dans la GFP. Pour elle, « les pays du CEMAC et de l’UEMOA doivent s’approprier des réformes de leurs systèmes de GFP ».

Démultiplier les portes d’entrée entre public et privées

La Fédération Panafricaine des Experts-Comptables (PAFA) n’est pas restée insensible à l’appel. Pour ne pas être en reste, elle montre sa bonne volonté dans sa réponse à l’appel.

Sa présidente, Mme Asmaa Resmouki avance que les aspects dans lesquels les Organisations professionnelles (OP) et les professionnels pourront assister dans la GFP sont nombreux et pourraient couvrir une bonne partie des domaines spécifiques de la GFP, à savoir la comptabilité et la préparation des états financiers, la mise en place de nouvelles normes comptables basées sur le principe d’engagement.

A cela, elle y ajoute l’audit interne, l’audit externe et le reporting externe, la mise en place des nouvelles procédures de travail et de contrôle interne (procédures Achats, Budgets)…

Pour y parvenir, elle estime que « l’un des premiers défis à relever sera de se dire, comment restructurer le business modèle des OP Francophones pour qu’ils s’ouvrent davantage à des non praticiens et qu’ils ne restent pas limités uniquement aux professionnels qui pratiquent en cabinet et aux auditeurs d’entreprises ».

A son avis, « Sans augmentation des effectifs des OP et sans amélioration des qualifications de ses membres professionnels, les OP francophones pourront difficilement relever le défi des besoins du Secteur public en matière de réforme de la GFP ».

Lors de ces assises de Dakar, les participants venus du Madagascar, des Iles Comores, du Cameroun, du Gabon, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, du Niger, du Mali, du Tchad, de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée, du Togo, du Burundi, de la République de Congo, de la Guinée Bissau, du Bénin, du Sénégal, du Maroc et de la Tunisie ont partagé les expériences et perspectives.

Des échanges qui, après avoir reconnus les efforts de réformes en cours dans les pays, confirment la lenteur du rythme par rapport aux exigences de l’heure.

Les délègues estiment que l’approche PPP devient de plus en plus nécessaire dans les relations entre comptabilité publique et privé en harmonisant leur démarche.

D’où le besoin d’actions fortes et visibles. Les acteurs sont tous interpelés et cette rencontre de Dakar a envoyé un signal fort.

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