Les ruptures dans la fourniture d’eau sont fréquentes dans les villes ivoiriennes. En cause, la vétusté des installations hydrauliques combinée à la pression démographie qui épuise vite les ressources.
Pour résoudre le problème, l’Etat de Côte d’Ivoire a sollicité et obtenu du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA) un appui financier de 34.2 milliards de francs CFA. Au total, 7 villes sont concernées par les projets d’adduction en eau potable : Aboisso, Adzopé, Abengourou (financement conjoint de la BADEA et du Fonds saoudien), Agnibilékrou, Tanda, Bondoukou et Bouna.
Adzopé, la phase 1 du projet
La ville d’Adzopé, située à 104 km d’Abidjan, constitue la première phase des projets d’adduction en eau potable. Pour cette seule localité, le FKDEA a débloqué une enveloppe de plus de 12 milliards francs CFA. Les documents relatifs à cet accord de prêt d’une durée de 25 ans ont été paraphés le 17 décembre 2014, à Abidjan, par Nialé Kaba (Ministre ivoirien délégué à l’Economie et aux finances) et Hamad Al-Omar (Directeur général adjoint du FKDEA). « Ce projet vise à soutenir le développement socio-économique dans la région de l'est de la Côte d'Ivoire en remédiant à l’insuffisance de l'eau potable dans la ville d’Adzopé », affirmait le ministre Nialé Kaba.
Hamad Al-Omar (Directeur général adjoint du Fonds koweïtien) et Nialé Kaba (Ministre ivoirien délégué à l’Economie)
Le gouvernement a approuvé ce financement du FKDEA à travers le Conseil des Ministres du 4 février 2015, qui a adopté "un décret portant ratification de l’accord de prêt". L’Etat ivoirien a ainsi donné son feu vert pour la réalisation du projet. Un aperçu des chantiers a été donné : « le projet a pour objectif principal la construction d’infrastructures hydrauliques comprenant des unités de traitement d’eau, des réservoirs de stockage, des conduites de transport, des réseaux de distribution et des stations de pompage ». Les appels d’offre relatifs à leur réalisation ont été lancés.
Fac-similé du Conseil des ministres portant ratification de l’accord de prêt
Le 4 novembre 2015, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) a retenu l’offre de l’Office national de l’eau potable (ONEP) – établissement public rattaché au ministère des Infrastructures économiques – dans un marché de gré à gré (GAG) pour assurer la maîtrise d’ouvrage déléguée. Montant soumis par l’ONEP pour l’exécution des travaux : 730 662 621 francs CFA.
La nature du projet
Rien sur le terrain, à Adzopé. Deux ans après la cérémonie de signature de l’accord de financement, le projet n’a pas encore débuté. Le ministère des Infrastructures économiques, à travers l’ONEP, explique le retard par la complexité des travaux à réaliser. Selon Bouafou Eugène, leur exécution requiert au préalable différentes études de faisabilité qui prennent du temps. Et le Directeur du contrôle de l’exploitation et de la qualité d’annoncer pour début 2017 le démarrage effectif des travaux. Délai d’exécution : environ 2 ans.
Bouafou Eugène, Directeur du contrôle de l’exploitation et de la qualité à l’Office national de l’eau potable (ONEP)
Actuellement, les capacités du château d’eau d’Adzopé sont de 3 300 m³/jour pour une population estimée à 70 000 habitants. C’est un lac situé au cœur de la ville qui assure les besoins. Ce qui fait planer le risque de pollution ou d’assèchement de la source d’approvisionnement. Avec le projet financé par le FKDEA, « il s’agira d’aller puiser l’eau de la Comoé (le plus long fleuve de Côte d’Ivoire) sis à une soixantaine de kilomètres. La ressource est disponible à tout moment », selon Bouafou Eugène.
Description et composantes du projet
Selon l’ONEP, le premier volet du projet couvre la ville d’Adzopé et 8 localités avoisinantes. Le deuxième concerne une trentaine de villages situés dans un rayon de 15 km à raccorder au réseau de distribution d’eau potable.
Le projet prend en compte la réalisation et l’équipement d'une station d'exhaure sur le fleuve Comoé ; construction et équipement d'une station de traitement d'eau potable (y compris le logement de l’agent de production, construction de piste d’accès à l’exhaure et à la station de traitement, construction de bâche en béton armé pour le stockage de l’eau traitée) ; réalisation et équipement d'une station de traitement d’une capacité de 10 000 m³/jour. Les travaux comprennent aussi la fourniture et pose d'une conduite de refoulement (eau traitée et eau brute) ; fourniture et pose du réseau de distribution (y compris les pièces spéciales de raccord, de robinetterie et de fontainerie). La construction, équipement, les raccordements électrique et hydraulique du château d'eau de la ville d’Adzopé.
L’impact du projet sur la vie des populations
D’après les prévisions de l’ONEP, à la fin des travaux, ce sont au moins 200 000 personnes qui auront accès à l’eau potable en permanence jusqu’à 2035. Au plan humain, cela a un impact positif. Le Fonds koweïtien aura contribué à améliorer la santé d’une grande partie de la population ivoirienne. En Côte d’Ivoire, les statistiques de morts liés à la consommation d’eau insalubre sont ahurissantes. On dénombre près de 5 000 décès chaque année, d’après un rapport du ministère de la Santé. « L’aide apportée par le FKDEA permettra d’atténuer les risques de maladies d’origine hydrique, et stimuler les activités de développement en améliorant les conditions de vie », conclut le Directeur du contrôle de l’exploitation et de la qualité à l’Office national de l’eau potable.