Ce que les jeunes attendent de Banjul +10
La capitale gambienne « danse » au rythme du 10ème anniversaire de la Charte Africaine de la jeunesse. Près d’un millier de jeunes venus de différents pays africains s’y retrouvent depuis le 21 mai pour évaluer les dix ans de ce texte, échanger d’expériences afin d’affuter leur position par rapport à la prochaine feuille de route qui sera soumise aux chefs d’Etat et de gouvernements du continent. Ils veulent se faire entendre et s’entendent sur des décisions fortes relatives à l’emploi, l’éducation, la fin des grossesses et mariages précoces, l’accès aux services de santé de la reproduction…
Adam Dicko, présidente mouvement régional d’action des jeunes (Mali) : « Il faut que les pays ayant ratifié la charte de la jeunesse passent à la mise en œuvre »
« Pour moi l’objectif doit être de voir depuis sa mise en œuvre jusqu’à aujourd’hui quel impact la charte africaine de la jeunesse a eu. Il s’agira aussi de convaincre les pays qui jusqu’à présent n’ont pas ratifié cette charte. Mais aussi ceux qui l’ont ratifié qu’ils passent à la mise en œuvre des recommandations et que la jeunesse africaine s’approprie ce texte et l’utilise comme arme de combat.
De cette rencontre de Banjul, on s’attend à des décisions sur l’emploi des jeunes. Au Mali, il faut que le président de la république respecte ses engagements par rapport aux 200 mille nouveaux emplois promis pendant la campagne électorale. Il y a aussi l’éducation et ça fait près de six mois que les élèves sont dans la rue parce que les professeurs sont en grève illimitée. Il y a aussi la question de la santé sans oublier le problème de l’insécurité au Nord qui est arrivé à une proportion qui nous dépasse. Depuis que l’accord a été signé, nous attendons que les parties prenantes passent à la mise en œuvre. Il faut souligner que les jeunes ont fait beaucoup de choses à cet accord »
Bernadette Munezero d’Afriyan Burundi : « La jeunesse burundaise a besoin de paix »
« De cette conférence, nous attendons des solutions à plusieurs de nos problèmes. Il s’agira également de trouver des solutions par nous-mêmes en tant que jeunes parce que nous sommes capables d’impulser des changements dans notre pays.
Actuellement, la jeunesse burundaise a besoin de la paix qui va nous assurer une bonne santé, la promotion de la fille et l’éducation. On s’attend à beaucoup de témoignages qui vont inspirer les jeunes burundais dans leur quotidien».
Salimatou Fatty de African Youth Commission (Gambie): « Les jeunes doivent prendre leur destin en main »
« Notre objectif est d’amener tous les jeunes africains à parler d’une même voix afin que le continent puisse aller de l’avant. On nourrit de l’espoir pour cette présente rencontre car beaucoup de nos recommandations commencent à être prises en compte. Les jeunes doivent se départir de cette posture d’attentiste et prendre leur destin en main. On doit se focaliser sur comment apporter notre contribution pour que les choses puissent aller de l’avant.
En Gambie, les frais de scolarité ont été rendus gratuits par le gouvernement alors qu’on continue à voir des jeunes mendier dans les rues. Ce qui est un problème réel sur lequel on s’attend à des solutions ».
Lorence Kabasele, membre du Forum des jeunes sur les ODD (RD Congo): « Nous voulons être entendus dans tout ce qui est prise de décision »
« Nous sommes très motivés pour donner nos contributions, recommandations sur comment le jeune doit être impliqué dans l’atteinte du Dividende Démographique. En RDC c’est la jeunesse qui est en train de se battre pour cette question. Certains sont sur l’aspect planification familiale, d’autres luttent contre les mariages et les grossesses précoces. Nous voulons être impliqués dans tout ce qui est prise de décision pour arriver à l’Afrique que nous voulons.
La jeunesse de la Rd Congo a des problèmes qui tournent autour des ODD. Elle veut plus d’investissements dans entrepreneuriat pour son autonomisation. Elle veut également des évolutions par rapport à l’accès des services de santé sexuelle et reproductive ».
Telolahy Nadine Khaty Afriyan Girl (Madagascar): « Les jeunes malgaches ne sont pas écoutés »
« Nous sommes sur le point de mettre en place Afriyan Girls à Madagascar parce qu’on veut que les jeunes du pays soient écoutés. La situation actuelle dans notre pays est un peu critique vu que les jeunes n’osent pas. Ils n’ont pas d’initiatives pour interpeler les autorités sur leur situation. Il faut vraiment qu’on fasse comprendre ce que les jeunes veulent. Nous sommes à Banjul pour s’inspirer des stratégies existantes dans les autres pays. On dirait que notre gouvernement ne fait pas confiance aux jeunes et c’est une situation que nous voudrions changer».
Milamem Beure Adeline, jeune leader représentant le Tchad : « Nous voulons des actions concrètes et pas de discours»
« Nous espérons plus d’actions et non des discours. Depuis 2006, certaines actions ont été réalisées dans différents pays mais il reste beaucoup à faire. Nous avons eu beaucoup de discours mais aujourd’hui, on sent un malaise international concernant la jeunesse. Aujourd’hui, on se réunit pour dire que nous en avons marre des discours. Nous voulons des actions concrètes. Je m’attends à ce que des décisions fermes soient prises dans le domaine de la réduction des taux de chômage au sein de la jeunesse africaine à travers l’entreprenariat. Il faut travailler également à plus d’accessibilité en matière de soins de santé et de lutte contre le Vih/Sida ».
Ngenarr Yacine Jeng, chargée de communication de l’ONG Think Young Women (Gambie) : « Les jeunes doivent s’intéresser aux questions de gouvernance »
« Cette conférence doit permettre de parvenir à des décisions qui poussent les jeunes vers l’éducation et à trouver de l’emploi. Les jeunes doivent s'intéresser aux questions de gouvernance mais aussi à l’établissement des lois. Il faut aussi qu’on protège les jeunes filles des mutilations génitales féminines. Dans ce cas, je souhaite voir beaucoup de pays se doter d’un arsenal juridique contre ces pratiques. En Gambie, une loi a été récemment prise en compte, maintenant le gros du travail revient à sensibiliser les communautés sur l’existence de cette loi et les dangers de la pratique ».
Bio Sabidare, Président National AEC (Bénin) : « On veut plus d’appui aux organisations de jeunesses »
« Nous nous attendons à sentir la jeunesse africaine plus connectée et davantage unie. Ils faut qu’elle soit consciente des enjeux. Il y a des préoccupations majeures qui sont là, notamment de s’assurer que les conseils nationaux de la jeunesse soient davantage renforcés pour prendre le combat à bras le corps dans les différents pays. On s’attend à plus d’appui pour nos différentes organisations faitières de jeunesse et aux organisations de jeunes en général pour permettre que les jeunes soient plus épanouis aussi bien dans la santé, l’éducation que l’emploi ».
Sanran Traoré, Présidente Réseau des organisations africaines leaders des Nations Unies pour l’atteinte des ODD (Guinée) : « Il ne faut pas que ça soit un sommet de plus »
« J’aurais souhaité que cela ne soit pas un sommet de plus. Que les actes et les recommandations qui seront prises ici soient vraiment concrétisés dans nos différents pays. Il ne faut pas que ça soit que de vains maux et de beaux discours. Que les jeunes se mettent à la disposition des dirigeants pour la concrétisation de toutes les grandes décisions qui seront prises.
En Guinée, nous avons un problème de leadership entre jeunes. On ne se fait pas trop confiance. Nous devons nous unir et ce qui nous permettra d’être plus forts d’où la nécessité de mettre en place un Conseil National de la Jeunesse. Quand nous tirons ensemble la barque c’est pour aller faire un lobby fort au niveau de nos dirigeants pour que ceux-ci nous donnent plus de considération».
Pape Arona Traoré, Secrétaire Exécutif Afriyan Afrique de l’Ouest et du Centre (Sénégal) : « Maintenant, il faut trouver comment mettre en pratique le Dividende démographique »
« Le Dividende Démographique est aujourd’hui très positionné dans les réunions que ça soit avec l’Union africaine ou les partenaires au développement. Maintenant, il convient de trouver comment le mettre en application. Il y a des paradigmes à changer. Sur le plan de la santé, par exemple, on doit avoir un système de santé plus performant et plus versé sur les questions des adolescents et des jeunes. A la place des couvertures maladies universelles ou proposer des couvertures de services universels, ce qui va permettre aux jeunes d’avoir une gratuité ou bien une grande subvention en leur faveur, avec une accessibilité économique portée par les partenaires au développement. Il faut également augmenter le degré de fréquentation des jeunes dans les centres de santé. Il faut aussi qu’on investisse sur l’éducation notamment sur celle des jeunes filles. Il y a des curricula qui sont en gestation pour pouvoir donner beaucoup plus de compétences de vie aux jeunes ».