Projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin (PAIA-ID)
Le vendredi 18 septembre 2015 fera date en Côte d’Ivoire pour avoir consacré une visite d’Etat du président ivoirien et la tenue à Abengourou (région de l’Indénié-Djuablin, centre-est du pays) d’un conseil des ministres aux allures exceptionnelles. De surcroit, au cours de cette réunion a été adoptée une communication relative à l’état de mise en œuvre du projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin (PAIA-ID).
Cet acte de l’exécutif marque l’importance pour le pays et la vie dans cette zone, d’une population de 561000 âmes et d’une superficie de 6900 km2, d’un projet piloté par la Banque africaine de développement, depuis juin 2012, et destiné entres autres objectifs, à appuyer l’aménagement de bas-fonds, de pistes rurales, de marchés et de lieux de stockage. Un appui et des actions majeures pour juguler les menaces sur les conditions de vie des populations de la région concernée.
Le projet, d’une durée de cinq ans, a un coût total de 21,6 millions d’UC, soit 14,5 milliards de Francs CFA. Le projet est marqué du sceau de la volonté d’améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté qui s’incrustait graduellement au niveau des couches de la population. Et pour cause. Bien que dotée d’un énorme potentiel agricole: café, cacao, hévéa, maraîcher et vivrier.
L’Indénié-Djuablin dont le slogan: «Gbôklè, la plus belle Région de la Côte d’Ivoire», est confrontée à une forte dégradation de ses infrastructures de production et de commercialisation. Sans oublier que cette zone jadis spécialisée dans d’hévéaculture est confrontée à un problème de sécurité alimentaire récurrent.
Fort heureusement, les cultures vivrières pluviales sont venues à la rescousse car leur développement connait une relance dans la région notamment dans la zone sud (Bétié), suscitant l’engouement des jeunes et des femmes. Il faut dire que cette partie de la Côte d’Ivoire revient de loin. La raison: une «ruée vers l’or» qui avait commencé à pénaliser l’alimentaire dans les zones telles que Agnibilékrou, devenue en peu de temps, «capitale de l’hévéa». Or, il faut dire qu’avec cette culture sur l’arbre à caoutchouc reconductible sur près de 50 ans, la réutilisation du sol appauvri par tant d’intensivité (500 à 600 pieds d’hévéa à l’hectare) sur des centaines d’hectares avait fini par rendre problématique, à certains endroits, le développement du vivrier.
C’est ainsi que quelque 1712 emplois directs ont été créés. Du point de vue de l’hydraulique, la construction de 40 forages équipés, 8 systèmes d’hydraulique villageoise améliorée et la réhabilitation de 100 forages est en cours.
Booster la chaine de valeurs
Avec la donne établie par le projet, le créneau privilégié par les experts et responsables du projet est l’écoulement de produits vivriers, de maraîchage et de cultures pluviales en apportant une valeur ajoutée sur l’ensemble de la chaine de valeurs. Pour y parvenir, le PAIA-ID s’appuie sur trois composantes qui sont le développement des infrastructures agricoles; le renforcement des capacités; et la gestion du projet.
Les principales réalisations ciblées sont l’aménagement de 923 ha de bas-fonds pour la riziculture irriguée et des cultures maraichères, la réhabilitation de 620 km de pistes rurales pour améliorer la circulation et désenclaver les zones de production.
La réhabilitation des pistes rurales revitalisera l’économie rurale de la région en facilitant l’écoulement des productions agricoles vers les chefs-lieux de départements (Abengourou et Agnibélékrou) et vers Abidjan, la capitale économique et son port.
65% des engagements tenus
Arrivé à mi-parcours, le projet qui prendra fin en février 2018 a tenu 65% des engagements, et le taux de décaissement est de 45%. Concernant les pistes rurales, leur réhabilitation s’est faite à 70%, soit sur 518 km. Quelque 292 ha de bas-fonds ont été aménagés et sont devenus productifs au grand bonheur des riziculteurs.
S’agissant de la commercialisation 20 pour cent des marchés ont été construits et 10 marchés et 11 magasins sont en construction. La filière café-cacao, pour sa part, a bénéficié de l’octroi de kits d’amélioration de la qualité à 20 coopératives, des infrastructures de séchage de cacao leur ont aussi été livrées. Résultats immédiats, les retours de marchandises du port pour défaut de qualité, après un contrôle strict de conformité aux normes, n’ont plus lieu. Ce qui ne manque pas d’impacter les revenus des agriculteurs qui voient de la sorte leurs gains augmenter. Le vivrier a généré 609,8 millions de FCFA de revenus aux producteurs.
Pour les cultures pluviales, 95 groupements de producteurs dont 35 groupements de femmes bénéficient de la vulgarisation et des engrais. Cet appui se concrétise par la distribution de 1 740 kg de semences de maïs (63,75 ha emblavés), 500 000 boutures de manioc (50 ha) et 35 000 rejets de bananes plantains (21 ha).
Production de 3982 tonnes additionnelles de vivriers
La production, quant à elle s’est élevée à 3982 tonnes additionnelles de vivriers. Le projet a aussi été une opportunité d’emplois pour les jeunes de la région et des autres régions de la Côte d’ivoire. C’est ainsi que quelque 1712 emplois directs ont été créés. Du point de vue de l’hydraulique, la construction de 40 forages équipés, 8 systèmes d’hydraulique villageoise améliorée et la réhabilitation de 100 forages est en cours.
Par ailleurs, dans le cadre plus global du renforcement de l’agri business en Afrique de l’ouest, le projet va bénéficier d’un financement additionnel du Fonds Spécial du Nigeria, d’un montant de 4 millions d’UC, soit environ 3,4 milliards de FCFA, pour consolider son impact sur le développement. Le projet de l'Indénié Djuablin a, en effet, été sélectionné dans le cadre d’un plan d’action concernant des projets en cours d’exécution dans la sous-région, pour le renforcement de la transformation et des moyens de transport.
Capacités renforcées des structures de l’Etat, impact assuré
Le projet, de par sa conception, ne peut bénéficier d’un fort impact que si les capacités des parties prenantes sont renforcées. C’est le cas. Un appui efficace est apporté aux partenaires techniques impliqués dans sa mise en œuvre, dont l’Agence de gestion des routes, AGEROUTE, pour le volet pistes. D’autres entités sont aussi soutenues par le projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin.
Il s’agit de l’Office national de développement de la riziculture, de l’Agence nationale de développement rural; de la direction territoriale de l’hydraulique humaine; de l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers et de la direction régionale de l’environnement et du développement durable. Sans oublier par ailleurs, les services techniques du ministère de l’Agriculture, qu’il dote des moyens matériels et de formations spécialisés.
En définitive, l’ensemble du dispositif mis en œuvre devrait, à court et moyen termes, avoir un impact significatif et pérenne sur l’ensemble de ces structures institutionnelles de l’Etat.