Afrique: Viber Public chat – Plan International et AllAfrica réussissent leur coup d'essai

Journée International de la fille
11 Octobre 2016

Plan International Afrique de l’Ouest et du Centre et AllAfrica Global Media ont réussi un coup de maitre suite à la première discussion virtuelle qu’ils ont initiée sur le réseau social Viber. En espace de deux tours d’horloge, près de 90 participants, issus de toute l’Afrique, ont échangé sur la situation de la jeune fille dans le continent avec un focus sur le mariage des enfants.

Ce mardi 11 Octobre, la fille est à l’honneur en Afrique et dans le monde. Les célébrations se suivent et se ressemblent alors que le problème reste entier pour cette importante frange de la population. AllAfrica Global Media et le bureau Afrique de l’Ouest et du Centre de Plan International ont initié une démarche innovante qui met les jeunes au devant de la scène. C’est dans ce cadre qu’il a été initié un viber public chat, hier, lundi 10 octobre, en prélude à la journée internationale de la fille. Un coup d’essai qui a connu un franc succès vu le nombre de participants mais aussi la rationalité de la démarche et l’enthousiasme suscité autour de la question de la fille et la pertinence des témoignages, plaidoyers, idées fortes, solutions proposées, suggestions...

Ils ont été près de 90 participants établis partout en Afrique à prendre part à cette première séance de discussion virtuelle ou viber public chat. Deux heures ont suffi pour réunir autant de personnes, certes séparées par la distance, mais réunies sur une même interface pour échanger autour de la problématique de la fille africaine.

Le débat était interactif et dense avec plus d’une centaine d’interventions autour de : « Egalité de la fille : pourquoi et comment ? ». Une problématique sur laquelle les deux organisations initiatrices avaient convoqué la réflexion.

La Directrice Régionale d’AllAfrica, Mariama Ba Sy fait remarquer : « ce mardi 11 Octobre, la fille est à l’honneur en Afrique et dans le monde. Les célébrations se suivent et se ressemblent alors que le problème reste entier pour cette frange importante de la population ». A son avis, c’est pour apporter une touche nouvelle que les deux structures ont initié ce forme de débat qui, non seulement s’appuie sur la technologie mais donne la possibilité aux jeunes de se prononcer librement sur une question qui les concerne directement.

La loi, la tradition, la famille…au banc des accusés

Pour cette première, un focus a été mis sur le phénomène du mariage des enfants. Un fléau qui, selon Mme Awa Faly Ba, Directrice des Communications du bureau régional de Plan International, basé à Dakar, touche le continent de plein fouet avec « 6 des 10 pays ayant le taux de prévalence les plus élevés qui sont en Afrique ». Des chiffres qui ont fait bondir plus d’un dont M. Sobel Aziz Ngom qui était le modérateur de ce panel virtuel.

Premier Community Manager du Sénégal et initiateur de Social Change Factory, un centre de leadership civique pour les jeunes, M. Ngom a failli s’affaler quand Awa Faly Ba a jouté que « six millions d'enfants sont mariées en Afrique de l'ouest avant 16 ans ».

Dans cette dynamique, Mlle Karelle Chryslene Ken indique que « le taux de prévalence concernant le mariage des enfants est plus élevé au Niger, il est de 71% ». Une situation que Mlle Denise Agbewole du Togo impute à la pauvreté grandissant en Afrique. Quant à Abdoul Aziz Koné du Mali, il pointe le doigt sur la famille et les croyances culturelles. Avant de s’offusquer du fait que la loi fixe l’âge moyen de mariage chez lui, comme dans beaucoup de pays, à 16 ans pour les filles. Ce qui ne colle pas à la réalité, lui fait remarquer Awa Faly Ba de Plan International.

Abondant dans la même dynamique, la Directrice Exécutive d’OSIWA, Mme Hawa Ba confirme qu’il y a un très grand hiatus entre ce que dit la loi et la réalité. A son avis, ajoute-t-elle, « il faut un plaidoyer plus intense pour faire évoluer la législation (18 ans comme âge minimum, harmoniser tous les textes de loi au niveau des pays pris individuellement et les textes internationaux), et une plus grande éducation / sensibilisation des masses ».

Elle rappelle que l'âge légal pour le mariage est 16 ans et que dans les textes internationaux celui de l'enfant est de 0-18 ans et que nos pays ont adopté tous ces textes. Mme Ba fait savoir que « la question du mariage précoce est très liée à d'autres tels l'égalité de genre, éducation des filles, autonomisation des femmes, etc. Donc il faut une approche holistique ».

Mme Nahissa Mamane du Niger, à son avis, rappelle que nonobstant les instruments juridiques national et international qui interdisent le mariage d'enfant à savoir la Convention des Nations Unis relative au droit de l'enfant de 1989, la Charte Africaine sur le droit et le bien être de l'enfant, la constitution de la 7eme république le code civile à son article 144. La coutume matérialisée par la loi 2004-50 et la loi 62 ne dispose pas d'âge pour le mariage.

Mlle Ndeye Thiané Diop a confié qu’«au Sénégal, il est difficile d'estimer avec précision le niveau de prévalence du mariage des enfants du fait que les mariages ne sont pas toujours célébrés à l'état civil. Une enquête de l'Ansd estime que 88,4% en milieu rural ne sont pas enregistrés à l'état civil et 51,0% en milieu  urbain ».

Mlle Marième Cissé, du même pays, pense qu’à part la pauvreté, les réalités sociales propres à chaque peuple peuvent aussi influencer le mariage des enfants. Ce qui fait dire à Mlle Seynabou Sagne que « les raisons qui peuvent expliquer cela sont nombreux et peuvent varier en fonction du pays : les traditions ancrées chez certains, les grossesses précoces, la pauvreté etc. » Pour elle, c'est du à une inégalité des genres. « Dans ces sociétés, la femme ou la fille sont considérées comme des êtres " inférieures". On leur a enlevé leurs droits et leurs capacités à jouer un rôle dans leur société ».

Sur cette même lancée, Mark Lennon de la Côte d’Ivoire pense que tout est une question de culture et de principe. « Que peut faire la jeune fille face à la décision du père? », se demande-t-il.

Aller sur le terrain pour sensibiliser tous les acteurs

Face à cette situation peu reluisante de la fille en Afrique, Mlle Tabara Koraka Ndiaye, pense que les autorités religieuses et coutumières doivent être associées à la lutte parce qu'ils ont une grande influence dans la vie socio-politique au Sénégal.

Mme Fabienne Atakapa de Plan Togo considère qu’il faut des actions d’ensemble car la responsabilité de tout le monde est engagée : les filles, les hommes, les parents, les États.

Pour Mme Moussoukoro Diop, activiste et bloggeuse, il est temps de descendre sur le terrain pour des actions de sensibilisation. Une démarche qui, à son avis, permettra de parler aussi bien aux parents qu'aux enfants en passant par les chefs religieux et coutumiers tout en respectant leurs règles.

A son avis, les acteurs du développement ont la chance de pouvoir directement parler aux jeunes filles grâce aux réseaux sociaux, au push sms aux mailings... Et de lever toute équivoque : « Il ne s’agit pas de se substituer aux parents en parlant directement aux filles mais nous essayons de combler un gap ».

Moustapha Barry de la Guinée Conakry mise sur la formation et la sensibilisation de tous les acteurs. Pour lui, l’égalité pour les filles peut s’acquérir par l'éducation avec la scolarisation des enfants et leur accompagnement. Il pense également à la sensibilisation des mamans tout en conservant les valeurs positives de la tradition.

Pour M. Amadou Mahtar Ba CEO de Allafrica Global Media, «il est clair que si l'Afrique doit aller de l'avant le statut quo sur la situation des filles et des femmes ne peut continuer. Ensemble nous y arriverons et c'est en cela que le Groupe de travail de Haut Niveau du SG de l’ONU, Ban Ki Moon est crucial pour aider à relever les défis ».

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