Le conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé le 2 novembre 2016, un prêt de 600 millions de dollars EU – la première tranche d’un prêt en appui budgétaire de 1 milliard de dollars EU destiné à contribuer au financement du Programme d’appui à la gouvernance économique, à la diversification et à la compétitivité (Economic Governance, Diversification and Competitiveness Support Programm - EGDCSP) au Nigeria. La dernière tranche de 400 millions de dollars EU sera approuvée en 2017.
Cette opération fait partie d’un programme d’appui budgétaire contracyclique couvrant deux exercices fiscaux (2016-2017) en vue d’aider le gouvernement fédéral du Nigeria à mettre en œuvre des réformes visant à améliorer l’efficacité dans les affaires du gouvernement, à combattre la corruption et à promouvoir la diversification et la compétitivité de l’économie. Ce prêt aidera le gouvernement du Nigeria à se ménager une marge de manœuvre budgétaire qui facilitera la mise en œuvre de son budget, soutiendra ses réformes budgétaires et structurelles et améliorera le ciblage de dépenses sociales visant à protéger les segments les plus vulnérables de la population.
Il aidera aussi le pays à se constituer rapidement un filet pour amortir les sollicitations sur ses réserves en devises, ce qui aidera à réduire les pressions sur le marché des changes et à stabiliser le naira.
S’il aboutit dans ses efforts pour retrouver sa stabilité macroéconomique et redresser son économie, le Nigeria sortira de la récession dans laquelle il se trouve actuellement et qui, si elle se prolongeait, pourrait avoir de graves répercussions sur les économies de ses pays voisins d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.
« Nous devons réfléchir sur des solutions innovantes pour venir en soutien à nos pays membres régionaux qui se trouvent dans des situations de crise comme celle-ci », a déclaré le président de la BAD, Akinwumi Adesina, au Conseil d’administration à l’issue de l’approbation du prêt au Nigeria. « Nous devons également leur proposer les produits de connaissances dont ils ont besoin pour se remettre sur les rails », a-t-il ajouté.
De plus, dans le contexte de l’engagement dont fait preuve le gouvernement fédéral du Nigeria à accroître ses investissements dans les infrastructures (qui représentent 30 % du budget de 2016), ces ressources contribueront à lui donner une marge de manœuvre budgétaire afin de pouvoir investir dans les secteurs de l’énergie, du logement et des transports, qui sont essentiels pour générer une croissance économique solide et sortir de la récession.
L’économie nigériane a été durement frappée par la brutale chute des prix du pétrole. Tout en étant assise sur des bases élargies, du fait que l’agriculture et les services représentent de loin la majeure partie du PIB, l’économie nigériane dépend fortement du secteur pétrolier, qui contribue la plus grande part des recettes gouvernementales et des exportations du pays. De fait, plus de 90 % des exportations nationales et au moins 70 % des recettes de l’État proviennent de ce secteur.
Selon les projections, la production devrait diminuer de 1,6 % en 2016 en raison de la récession économique survenue au cours du deuxième semestre de l’année, qui a été marquée par des pénuries de devises dues à la chute des recettes pétrolières, une forte baisse de la production d’électricité, la perpétration d’actes de vandalisme contre des installations pétrolières, une réduction de la production de pétrole et la faiblesse de la confiance des investisseurs.
Grâce au programme d’appui de la BAD, on prévoit que la part des recettes non pétrolières augmentera de 8 % en 2016. Par ailleurs, des mesures visant à maîtriser les dépenses publiques devraient permettre de ralentir davantage la hausse de la masse salariale et de réduire les frais du service de la dette. En outre, ces réformes favoriseront l’efficacité, la transparence et la reddition des comptes. Elles contribueront à une augmentation des revenus et offriront une marge de manœuvre budgétaire pour financer la diversification économique, l’industrialisation et les programmes d’inclusion sociale. L’amélioration de la conjoncture macroéconomique soutiendra le programme de croissance inclusive et de réduction de la pauvreté à moyen terme.
Au-delà du dialogue qu’elle a poursuivi avec le gouvernement nigérian en préparation à cette opération, la BAD a également tenu des consultations avec d’autres parties prenantes, notamment des représentants du secteur privé, des organisations de la société civile (OSC) et des partenaires de développement.
L’EGDCSP vise les objectifs suivants : renforcer la gestion des finances publiques par une amélioration des performances et de la viabilité budgétaires (expansion de l’assiette fiscale et renforcement de son efficacité, amélioration de la perception des recettes et de l’efficacité des dépenses publiques, et renforcement de la transparence et de la reddition des comptes) ; améliorer la compétitivité sur le marché de l’énergie ; renforcer l’environnement des politiques et des institutions dans le secteur agricole ; et promouvoir l’inclusion sociale par la protection et l’autonomisation des pauvres et des groupes vulnérables.
Ce programme est aligné sur trois des priorités opérationnelles de la Stratégie décennale de la BAD (2013-2022), à savoir, les infrastructures, le développement du secteur privé ainsi que la gouvernance et la reddition des comptes, domaines qui se retrouvent dans quatre des Top 5 et privilégient les investissements dans des domaines clés de la Stratégie décennale : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, et Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.
Le programme est également lié aux trois piliers du Cadre stratégique et plan d’action pour la gouvernance 2014-2018 (GAP II), l’accent étant mis sur une gestion économique solide du secteur public, sur la bonne gouvernance et sur l’amélioration du climat des investissements et des affaires. Par le biais du Bureau de pays au Nigeria, la BAD maintient un dialogue constant avec le gouvernement en ce qui concerne l’agencement et la mise en œuvre de ses programmes de réforme, y compris sur des mesures visant les secteurs de l’énergie et de l’agriculture, sur les réformes budgétaires et sur les questions de transparence et de reddition des comptes.
À la fin de décembre 2015, le portefeuille de la BAD comprenait 46 opérations d’une valeur estimée à 3,01 milliards de dollars EU. Ce portefeuille compte 22 opérations relevant du secteur public pour un montant de 1,51 milliard de dollars EU, représentant 31 % de l’ensemble du portefeuille, et 24 projets relevant du secteur privé dont la valeur, estimée à 2,21 milliards de dollars EU, représente 69 % du portefeuille