Dans un souci d'apporter des solutions durables pour le développement économique du continent, la 10éme réunion annuelle du comité spécialisé de l'Union Africaine, sur les finances, les affaires monétaires, la planification économique, l'intégration et la conférence des ministres des finances de la planification et la commission économique pour l'Afrique va se pencher sur la réduction des inégalités, la croissance et le chômage dans le continent. C'est ce qu'a fait savoir Dr René Kouassi, le directeur de la Commission économique de l'Union Africaine et le Dr Dimitri Sangua qui ont fait face à la presse, ce mercredi. Ils ont décliné les grands axes de cette rencontre hautement importante pour le futur du continent qui va se dérouler du 23 au 28 mars à Dakar.
La transformation structurelle de l'économie comme modèle de croissance
Selon le Dr René Kouassi, directeur de la commission de l'UA : « c'est dans un élan de solidarité et d'économie que la commission a choisi de mettre l'accent cette année sur le triptyque «Inégalité chômage et croissance». L'analyse économique n'arrive toujours pas à cerner ces trois variables. En 2015, il a été relevé une régression de 5 % et cette année, la situation est plus grave avec un taux de 3 % ». Aussi ajoute-t-il que, « l'Afrique est le continent où il y a le plus d'inégalités, le chômage de masse hante le sommeil de tous les dirigeants. Tout ceci est lié au fait que le continent est sous- industrialisé. L'économie africaine n'est pas suffisamment transformée, après plus de 52 ans d'indépendance, on arrive toujours pas à s'industrialiser ». Ainsi, il estime que tant que l'économie du continent n'est pas transformée, les jeunes vont continuer à s'adonner à la migration. Dans ce cadre, il invite les états à investir dans la jeunesse pour bénéficier du dividende démographique.
Abondant dans ce sens, le directeur sous régional de la CEA, Dr Dimitri Sanga prône une transformation structurelle de l'économie basée sur la production locale. « L'Afrique a frôlé les deux chiffres en termes de croissance, mais cela ne s'est pas fait ressentir au niveau des populations. Après étude, il a été relevé que cette croissance découle de l'exportation de produits de base d'où la nécessité de valoriser nos ressources naturelles pour prétende à réduire les inégalités et assurer le développement économique du continent », explique Dr Dimitri Sangua.
Poursuivant que , « les Etats Africains ont signé des accords au niveau régional et international notamment, l'agenda 20-63 de l'Union Africaine, l'Agenda 20-30 et les Objectifs de Développement Durable (ODD). Dans chacun de ces agendas, il a été défini des séries d'objectifs à atteindre individuellement et de concert avec les Etats. Ce qui renvoie à la question lancinante d'intégration ».
La monnaie unique, une exigence pour l'intégration économique de toute l'Afrique
« Il faut Régler d'abord la diversification de notre économie, si nous avons l'ambition d'avoir une monnaie unique ». Ainsi a déclaré, Dr Dimitri Sangua, Directeur CEA répondant à l'interpellation d'un journaliste sur cette question qui est au cœur des débats dans le continent. D'après lui, « lorsqu'on regarde, l'Afrique de l'ouest avec un géant comme le Nigéria en récession qui représente 75% de l'économie sur cette partie du continent. Sa croissance réunie avec les pays de l'UEMOA avec un taux aux alentours de 7%, la croissance régionale ne sera que de 0,1%, d'où la nécessité d'intégration pour assurer notre développement."
Prenant la balle au rebond au cours de leur échange avec les journalistes, le directeur de la commission de l'UA, Dr René Kouassi se dit convaincu que, la solution de sortir du CFA est l'accélération de l'intégration. «Nous avons une stratégie conjointe pour la monnaie unique avec les banques centrales africaines, la banque africaine d'investissement pour compléter la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Monétaire Africain qui va compléter le Fonds Monétaire Internationale qui va permettre d'équilibrer la balance des paiements et une caisse de compensation pour faire en sorte que le commerce intra-africain puisse se faire sans contrainte ».
Selon lui, « les exigences de l'intégration nous impose d'avoir la monnaie unique. Donc la solution existe. Lorsque, l'Afrique va s'intégrer économiquement et politiquement, nous aurons la monnaie unique si on met nos énergies sur l'intégration du continent ». Ainsi, ils estiment que les propositions seront exécutées par les ministres dans les pays. Mais pour ce faire, il appartient aux Etats de prendre des décisions à l'issu de nos travaux malgré le fait que cette volonté d'avoir une monnaie unique ne fait pas l'unanimité.
Toutefois, la conférence des ministres de Dakar doit pouvoir apporter des solutions radicales efficaces et durables face aux insécurités alimentaires, économiques, énergétiques et climatiques entre autre. C'est de cette façon que, nous allons tendre vers une société relativement égalitaire où il y a une bonne répartition des revenus, l'accès à la santé, l'éducation, à l'Eau potable et au logement décent. Aussi, ce sera le moment de voir pourquoi l'intégration n'avance pas, pourquoi l'Afrique qui a besoin d'argent a du mal à mettre en place une institution financière domestique ?