L'année dernière a été faste pour la Banque africaine de développement (Bad).
En 2016, l'institution a approuvé 10,8 milliards de dollars d'investissements sur le continent. Ce qui représente une croissance de 27% de ce qui a été consenti en 2015. Dans la même année, elle a injecté dans les économies des Etats 6,3 milliards de dollars. Ces chiffres montrent l'élan et la détermination pris par Adesina Akinwumi et son équipe de réaliser les cinq priorités définies dans le cadre d'une vision stratégique de développement à l'horizon 2025.
La touche Adesina semble être bien ancrée au sein de la Banque Africaine de Développement (Bad). Après sa prise de fonction en septembre 2015, la banque s'est attelée à définir sa stratégie et à communiquer sur ses cinq priorités. Une étape qui sonne comme une réussite du moment que les yeux sont rivés vers les cinq priorités dès qu'on parle de la BAD.
Des choix que la BAD s'est résolument engagée à réaliser en consacrant des financements conséquents pour la réalisation des objectifs de développement fixés.
Face à la presse sénégalaise, le vendredi 17 novembre à Dakar, le Responsable Pays de la Banque africaine de développement (Bad) M. N'Guessan Serge Marie renseigne que « pour la première fois dans l'histoire de la BAD, les chiffres impressionnants de 2016, ont atteint un niveau jamais atteint ».
En 2016, la BAD a fait de grands investissements avec l'ambition de réaliser les cinq priorités. « Nous avons approuvé plus de 10,8 milliards de dollars d'investissements sur le continent. Ce qui représente une croissance de 27% de ce qui a été investi en 2015 ».
M. N'Guessan d'ajouter que la banque a injecté dans les économies des Etats 6,3 milliards de dollars en 2016.
A l'en croire, cette manne a été répartie sur la base des cinq priorités avec 52% investis dans les projets relatifs à l'amélioration de la qualité de vie des populations, 12% dans l'agriculture, et 19% dans l'énergie.
A travers cette nouvelle vision, la BAD qui ambition de créer 25 millions d'emplois d'ici 2025 a pu aider à la création de 630 mille emplois dans le continent. « On peut faire mieux car si on veut atteindre cet objectif fixé, il faut arriver à créer deux millions d'emplois par an. Mais ce qu'on a fait est déjà important », a reconnu le responsable pays de la BAD.
Une ère d'optimisme pour la réalisation des cinq priorités
2016 était une année de chocs économiques marquée par la baisse des prix du pétrole et ses impacts sur les pays producteurs mais aussi une baisse des taux de croissance des pays africains, pour la première fois depuis dix ans, avec 2,2% du PIB, donc les plus bas.
Malgré cet état de fait, la BAD a pu les soutenir à travers ses investissements et les grands projets. Ce qui s'explique certainement par sa solidité.
Selon N'Guessan Serge Marie, dans ce contexte aussi difficile, « la BAD a pu maintenir son triple A qui est la notation la plus élevée pour les pays et les institutions. Le résultat net du groupe est aussi satisfaisant. Donc la BAD se porte bien. Elle a ses ambitions qu'elle compte réaliser avec les pays membres ».
Cette embellie donne un engouement aux autorités de la banque face aux nouvelles priorités.
Il faut rappeler que depuis l'arrivée d'Adesina, en septembre 2015, il s'est appuyé davantage sur la stratégie décennale de la banque (2013 – 2022) qui avait cinq grandes priorités dont le développement des infrastructures, l'industrialisation, l'intégration régionale, le développement des compétences et l'amélioration de la gouvernance, faire la promotion de la croissance inclusive verte.
Le Responsable-Pays de la BAD au Sénégal souligne que M. Akinwumi Adesina, président de la BAD a refocalisé ces priorités stratégiques décennales sur cinq grands axes salués par tous les pays africains. « Ces cinq priorités, si on arrive à les réaliser d'ici 2025, on ne dira pas que l'Afrique a décollé mais elle s'est positionnée sur le plan international comme un continent qui compte ».
Cinq priorités qui sont « Eclairer l'Afrique » avec pour ambition de permettre la mise en réseau électrique d'au moins 130 millions de nouvelles connexions sur le réseau et 75 millions de connexions hors du réseau et d'ici 2025.
Il y a aussi « Nourrir l'Afrique » en transformant notre agriculture et en faire une agriculture commerciale ou une agriculture d'affaire.
La troisième priorité consiste à l'industrialisation du continent sur la base des potentialités de nos pays. L'Objectif de la BAD est de porter la part de l'industrie à 50% du PIB des pays.
Ce qui sera adossé à l'accès aux marchés notamment celui régional, via l'intégration régionale. Il faut qu'on fédère nos efforts pour pouvoir se développer. « L'intégration régionale n'aura de sens que lorsqu'on veut améliorer les échanges entre nos Etats. Notre ambition est de faire que les échanges intra-africains représentent au moins 52% des échanges globaux dans le continent ».
Avec la vision du président Adesina, souligne M. N'Guessan, « on veut aussi toucher d'autres dimensions notamment les échanges commerciaux, l'intégration des systèmes financiers pour pouvoir faciliter le flot d'investissements, la libre circulation des personnes… »
Le dernier pilier qui est transversal revient à l'amélioration des conditions de vie des populations. Il regroupe tout le travail effectué dans les domaines de l'éducation, la santé, l'accès à l'eau potable, l'assainissement, les questions d'équité, l'emploi des jeunes… La problématique clé de ce pilier est l'emploi. « Avec des initiatives mises en place, on espère pouvoir d'ici 2025 créer au moins 25 millions d'emplois sur le continent », renseigne M. N'Gessan.
599 milliards de F Cfa investis entre 2013 et 2017 au Sénégal
Créée en 1963, la BAD a évolué mais l'objectif phare qui est de faire la promotion du développement socio-économique et surtout d'accélérer la réduction de la pauvreté dans le continent africain reste fondamental pour l'institution.
De 1967, date de la première opération de la BAD, à 2016 l'institution a réalisé 5225 opérations.
Au Sénégal, la BAD a réalisé 101 opérations depuis 1972, date à laquelle, elle intervient dans le pays pour un volume d'investissement d'à peu près 1,6 milliards de dollars ou 1300 milliards de F Cfa.
« Ce sont des chiffres impressionnants pour une institution qui, en 1963, on croyait mort-née avec le pessimisme que la communauté internationale a généralement des institutions africaines. Aujourd'hui, tous les Africains sont fiers de cette institution parce qu'elle est la première institution de financement du développement sur le continent », souligne le représentant de la BAD dans ce pays.
Selon lui, les chiffres sur le Sénégal sont aussi impressionnants parce qu'en 40 ans (de 1972 à 2012), la banque avait investi 842 millions d'unités de compte, donc à peu près 670 milliards de F Cfa.
N'Guessan Serge Marie confie que de 2013 à 2017, la Banque a investi à peu près le même montant c'est-à-dire 756 millions d'unités de comptes, soit à peu près 599 milliards de F Cfa dans les cinq dernières années.
A l'en croire, dans les opérations de la BAD au Sénégal, entre 2015 et 2017, la banque a investi sur le guichet Bad, 455 millions d'unités de compte, environ 366 milliards de F Cfa.
Sur les cinq dernières années, a-t-il poursuivi, le Sénégal a bénéficié des investissements record qui sont allés sur des projets stratégiques clé du Plan Sénégal Emergent (Pse).
L'Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) sera inaugurée dans quelques jours et la Bad a été le leader qui a tiré les autres investissements avec 70 millions d'euros.
Sur l'autoroute à péage, la BAD est intervenue avec 12 millions d'euros mobilisés. Elle est intervenue sur la centrale à charbon de Sendou ainsi que sur le Port de Dakar.
Le Train Express Régional (Ter) va commencer et la BAD va intervenir avec 151 millions d'unités de compte, environ 120 milliards de F Cfa. En plus du programme PROMOVILLE destiné à la modernisation des villes du pays.
« Ce sont des investissements à fort impact sur l'économie du Sénégal et ce qui montre que le Sénégal est important à la BAD et nous sommes fiers des résultats que nous voyons dans le pays ».