Afrique: Cedric Achille MBENG MEZUI, Coordonnateur de l'Initiative des marchés financiers africains (AFMI) - « Le marché financier africain est en plein essor »

Cedric Achille MBENG MEZUI, Coordonnateur de l’Initiative des marchés financiers africains (AFMI)
27 Novembre 2017
interview

Le 6ème Atelier Annuel BAD/AFMI (Initiative des marchés financiers Africains) sur le Développement Des Marchés Obligataires et le Secteur Financier a vécu. Cette rencontre qui s'est tenue du 22 au 24 novembre à Dakar, a permis aux spécialistes de dévoiler les contours d'un marché obligataire africain en plein essor. Responsable de l'Initiative des marchés africains (Afmi), M. Cédric Mbeng Mezui de la BAD, par ailleurs, assureur en chef des marchés obligataires à la BAD qui a indiqué la voie à suivre plaide pour la mobilisation des ressources domestiques pour le financement des agendas définis pour le développement du continent.

Comment se porte, aujourd'hui, le marché financier africain ?

Il est en plein essor. On voit un grand développement. En 2000, nous émettions seulement 28 millions de dollars sur le marché souverain. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 200 milliards et l'encours est plus de 300 milliards. Il y a un essor qui est là. Le gros défi c'est que nous sommes toujours à 70% sur les titres de court terme donc inférieur ou égal à un an. Le challenge est d'amener les Etats à mettre davantage à des maturités plus longues.

Quelles sont les difficultés que vous relevez aujourd'hui sur les marchés financiers africains ?

Il y a cette question même de la construction de ces marchés qui commencent par l'action des gouvernements qui doivent avoir des stratégies d'endettement efficaces permettant de construire la courbe de rendement. Et qui permet de « pricer » tous les autres actifs sur le marché. Pour nous c'est capital et c'est lié à la discipline de la politique budgétaire et aussi à la vision des décideurs.

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Dans la cartographie globale du marché africain actuel, quels sont les pays qui sortent du lot ?

Les grands marchés c'est toujours l'Afrique du Sud, le Nigéria, le Maroc, l'Egypte, le Kenya. Mais on voit qu'un travail remarquable est en train d'être fait au niveau de la zone UEMOA. On voit un essor de ce marché. On voit également d'autres marchés qui viennent d'Afrique Australe comme le Botswana et la Namibie. Il y a aussi d'autres marchés qui nécessitent beaucoup plus de travail. Dans le cadre d'AFMI, nous travaillons avec une quarantaine de Banques Centrales, en plus des directions de la dette, pour effectivement accompagner nos pays.

Quelles sont les solutions que propose la BAD pour le développement des marchés financiers africains ?

Nous faisons de l'assistance technique avec les directions de dettes, avec les banques centrales. Nous aidons aussi ces pays à construire des produits financiers innovants. Nous venons de mettre en place un fonds initial qui permet d'attirer les investisseurs locaux et les investisseurs internationaux. Ce qu'il faut comprendre c'est dans notre dynamique d'émergence dans la plupart de nos pays, il faut trouver des ressources internes. Les ressources nationales doivent être la principale source de financement de nos Etats et les ressources externes doivent être un complément. Ce n'est qu'à ce prix que tout ce que nous avons comme objectif que ce soit 2030, que ce soit la vision de l'Union Africaine pour 2063, ne peut être qu'une réalité.

Est-ce que la situation actuelle du marché peut permettre d'espérer la réalisation des « High Five » ou Cinq priorités de la BAD ?

Oui tout à fait. Lorsque l'on regarde le hub side (ndlr : niveau macroéconomique), vous voyez que les Etats africains en termes de perspective de la croissance c'est mieux qu'en Europe. C'est aujourd'hui que nous devons mettre en place des réformes pour que ces marchés soient davantage approfondis. Nous avons la chance d'avoir une diaspora qui revient et qui contribue dans le développement de produits innovants. Vous avez aussi la base des investisseurs qu'il faut éduquer et faire des réformes. Je prends le cas des caisses de retraite, les fonds de pension, aujourd'hui, nous avons 400 milliards de F Cfa sur le continent mais qui viennent essentiellement d'Afrique du Sud. Il faut que les autres Etats se mettent à faire ces types de réformes pour que demain nous ayons suffisamment de ressources pour financer nos économies.

Quelles sont les grandes attentes de ce 6ème Atelier Annuel BAD/AFMI ?

La première journée était fermée. Nous étions avec nos agents de liaison,  que nous avons dans 43 pays. Nous les avons formés à la gestion des données, la transparence sur les marchés obligataires parce que nous gérons actuellement la plus grande plateforme sur les bases de données des marchés obligataires africains. Nous avons travaillé avec aussi sur l'expertise sur la cour des taux, les différentes modélisations, les techniques. Aujourd'hui (le 23 novembre 2017), nous sommes en train d'échanger avec les parties prenantes qui viennent d'Afrique, d'Asie, d'Europe et des Etats-Unis pour voir les voies et moyens de continuer à approfondir le marché et aussi d'apprendre de ce que les autres ont fait ailleurs.

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