Afrique: Le président turc Erdogan sur l'Afrique - Une interview exclusive d'All Africa

Interview exclusive du co-fondateur et président d'Allafrica Amadou Mahtar Ba et le président turc Recep Tayyip Erdoğan.
23 Décembre 2017

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan, s’est prononcé dans une interview accordée à AllAfrica en prélude à une visite qu'il doit effectuer dans trois pays africains à majorité musulmane, contre la vente des migrants africains comme esclaves et en faveur des droits des femmes. Il a également rejeté les critiques sur le bilan de la Turquie en matière de liberté de la presse.

Dans une large interview avec le président exécutif d'AllAfrica, Amadou Mahtar Ba, le Président Erdogan a été interpellé sur ce qu'il aurait à dire en tant que leader musulman aux jeunes musulmans africains concernant les informations récentes faisant état de  la vente de personnes comme esclaves en Libye.

"Nous ne permettrons jamais que des réfugiés soient vendus comme esclaves", a-t-il affirmé, "car cela ne sera jamais approuvé par notre religion ... Je voudrais appeler l'administration libyenne et la jeunesse libyenne, à ne pas se laisser berner, les marchés d'esclaves ont toujours été interdits par notre religion, n'ayez pas recours à eux, et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver ceux qui se retrouvent entre les griffes des marchands d'esclaves.

Il a accordé cet entretien - le premier du genre avec un groupe de presse africain - en prélude à une visite de quatre jours au Soudan, au Tchad et en Tunisie qui débute dimanche. Cette visite intervient au moment où la Turquie tente d’élargir ses liens diplomatiques et commerciaux avec l'Afrique.

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S'adressant aux pays africains en tant que leader d'une nation musulmane, il a déclaré que les femmes doivent être beaucoup plus actives dans la vie politique.

«Les femmes ne peuvent et ne doivent pas être laissées à l'écart du monde politique. Deuxièmement, les femmes devraient être plus impliquées dans l'éducation, la formation, la santé et surtout elles devraient être plus impliquées dans la vie professionnelle ... et même au-delà. .. dans les organisations non gouvernementales. "

Evoquant le bilan de la Turquie, où les femmes votent depuis les années 1930 et servent dans le système judiciaire, Erdoğan a déclaré que les femmes doivent entrer en « compétition» avec les hommes. « Tout dépend des compétences, aussi longtemps qu'une personne est compétente, elle ne devrait pas être stoppée dans son élan. »

Invité à s'expliquer sur les rapports publiés année après année, selon lesquels la liberté d'expression est inexistante en Turquie, le président Erdoğan a accusé les groupes internationaux de défense de la liberté de la presse  d'être malhonnêtes et de ne pas être sincères.

Lors de leurs visites en Turquie,, lorsque le gouvernement leur a montré des documents et des preuves "ils se taisent », a-t-il affirmé. Mais des rapports critiques à l'égard du gouvernement continuent à circuler. "Ce ne sont pas des rapports objectifs, ce sont des rapports biaisés »

« [Un] professionnel des médias ne jouit pas d'une liberté infinie, il y a une limite à nos libertés, la limite est celle où la liberté de l'autre commence ... Un professionnel des médias ne peut pas soutenir le terrorisme. S’ils hébergent des terroristes, il faudra en tirer les conséquences. Les soi- disant professionnels des médias qui ont été condamnés ou détenus ou qui ont fui la Turquie,  ont commis des crimes, pas des crimes d'expression, ou des crimes de liberté de la pensée ... Certains d'entre eux n'ont pas de titres pertinents prouvant qu'ils sont journalistes. »

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