Excellence et cher frère, Monsieur le président Faure Essozimna Gnassingbé,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les ministres et membres du gouvernement,
Monsieur le président de l'Assemblée nationale,
Monsieur le président du Fida,
Messieurs les ambassadeurs et chefs de mission diplomatique,
Monsieur le P-DG de Nirsal,
Mesdames et messieurs les directeurs généraux des établissements bancaires,
Mesdames et Messieurs les P-DG des entreprises agro-industrielles,
Mesdames et messieurs les agriculteurs,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier, Monsieur le président de la République, chef de l'État, de m'avoir invité au lancement du Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa). Ce mécanisme est votre initiative, une initiative courageuse et ambitieuse qui vise à profondément transformer le secteur agricole au Togo.
Lorsque j'ai reçu votre invitation, j'ai ressenti la nécessité d'être présent, bien que cet événement coïncide avec les funérailles de mon père qui se déroulent cette semaine. J'ai senti la nécessité de vous rendre hommage parce que j'admire votre leadership, votre courage et votre engagement pour la transformation du Togo, en particulier de son secteur agricole.
L'agriculture est d'une importance capitale pour l'économie du Togo. Elle représente plus de 46 % de son PIB et emploie 73 % de la population. Pourtant, la pauvreté est élevée en zone rurale : elle touche près de 69 % de la population. La transformation de l'agriculture est donc la clé pour le redressement de l'économie rurale et pour la transformation des zones rurales en nouvelles zones de prospérité économique.
L'Afrique doit se nourrir elle-même. Elle dépense 35 milliards de dollars chaque année en importation de denrées alimentaires. Et si la tendance actuelle venait à se poursuivre, ce chiffre devrait atteindre 110 milliards de dollars d'ici à 2020. L'Afrique possède pourtant 65 % des terres arables disponibles pour nourrir le monde d'ici à 2050. Cette situation est absolument inacceptable.
L'avenir de l'alimentation dans le monde dépendra de ce que l'Afrique fera de l'agriculture. Nous devons, par conséquent, changer notre conception de l'agriculture. L'agriculture n'est ni une activité de développement, ni une activité sociale. C'est une activité commerciale. Elle ne doit pas servir à gérer la pauvreté, elle doit servir à créer de la richesse.
C'est pourquoi la Banque africaine de développement soutient fermement le Togo pour l'aider à libérer le potentiel de son agriculture. Nous devons soutenir les facteurs essentiels de transformation de l'agriculture. Et pour cela, la volonté politique est importante. Monsieur le président, vous avez cette volonté politique. Je la vois dans nos nombreuses interactions. Nous nous sommes souvent rencontrés, parfois à l'aéroport, et nous avons discuté et réfléchi, à chaque fois, pendant plusieurs heures, à la façon dont la transformation agricole pourrait se faire au Togo.
J'ai partagé avec vous plusieurs programmes de transformation que j'ai lancés au Nigeria, quand j'étais ministre de l'Agriculture, de 2011 à 2015. Ces programmes ont contribué à transformer le secteur agricole nigérian. L'un d'eux était axé sur l'utilisation du téléphone portable pour la livraison de semences et de coupons d'engrais aux agriculteurs nigérians, ce qui a permis de mettre fin à la corruption dans le secteur des engrais. Ce système de porte-monnaie électronique, un succès remarquable au Nigeria, a permis de livrer des semences et des engrais à plus de 15 millions d'agriculteurs en quatre ans, grâce à la puissance du téléphone portable.
Vous avez accepté de lancer le système de porte-monnaie électronique, baptisé AgriPME au Togo. La Banque africaine de développement a travaillé avec votre gouvernement pour mettre en place ce système afin de faciliter l'accès pour les agriculteurs aux engrais grâce à leur téléphone portable.
Aujourd'hui, les résultats du système AgriPME au Togo sont impressionnants. Au cours de sa première année de lancement, pour la saison agricole 2016/2017, ce système a permis à 77 540 agriculteurs, dont 38 % de femmes, d'obtenir leurs engrais. Il a permis au gouvernement de mieux cibler les agriculteurs et de fournir des intrants agricoles subventionnés. Il a également amélioré la transparence, l'obligation de rendre des comptes et a contribué à une gestion plus efficiente des dépenses publiques.
Pour le même montant de budget public, 40 000 tonnes d'engrais ont été fournis aux agriculteurs par le système AgriPME, contre 30 000 tonnes en moyenne pour la période 2009-2015, soit une hausse de 45 %. Le système a permis à l'État d'économiser 3,5 milliards de FCFA.
À la faveur du porte-monnaie électronique, les agriculteurs ont augmenté leur production de maïs de plus de 32 000 tonnes la saison écoulée. Un résultat exceptionnel ! Je suis heureux de noter que le gouvernement compte utiliser ce système pour atteindre 244 000 agriculteurs pendant la campagne agricole pour cette année.
La Banque africaine de développement a également travaillé, avec votre gouvernement, pour élaborer une autre approche novatrice : les zones de transformation des cultures vivrières. Ces zones serviront à attirer les industries alimentaires et agroalimentaires du secteur privé vers les économies rurales, en vue d'apporter de la valeur ajoutée aux produits alimentaires et agricoles.
Monsieur le président, je me réjouis de savoir que votre gouvernement a élaboré un plan stratégique de développement de ces zones, le Projet de développement des agropoles au Togo ou Prodat, qui permettra de réaliser dix zones de transformation des cultures vivrières dans votre pays au cours de la décennie à venir. J'ai le plaisir de vous informer que la Banque africaine de développement compte accompagner ce programme avec un appui de 30 millions de dollars, sous réserve de l'approbation de notre Conseil d'administration prévu le mois prochain.
Monsieur le président, le Mécanisme incitatif de financement agricole que vous lancez ce jour est un autre jalon important dans la stratégie de transformation de l'agriculture au Togo, conjointement élaborée par la Banque africaine de développement et le gouvernement du Togo, avec l'appui de Nirsal du Nigeria.
Cette nouvelle initiative, baptisée Mifa, vise essentiellement à aider à réduire les risques liés aux prêts du secteur agricole. Encore une fois, elle s'inspire d'expériences réussies au Nigeria par Nirsal, qui a permis de réduire les risques liés aux prêts des banques commerciales en faveur de l'agriculture.
L'objectif du Mifa est d'aider à élargir l'accès au financement. Une fois qu'il sera intégralement mis en œuvre, ce système devrait permettre d'accroître rapidement les prêts au secteur agricole, de réduire les taux d'intérêt et d'offrir à un million d'agriculteurs un accès au financement dans les trois à cinq années à venir.
Monsieur le président, votre leadership a été remarquable dans la conception et le lancement du Mifa. Vous avez veillé à tous les détails en fournissant à cette initiative le soutien et l'orientation politiques dont elle a besoin.
Je voudrais vous exprimer ma profonde gratitude pour l'accueil chaleureux réservé à la délégation de haut niveau de la Banque africaine de développement - Mme Akin-Olugbade, directrice générale de l'Afrique de l'Ouest, M. Nguessan, directeur général adjoint de l'Afrique de l'Ouest et Mme Atsuko Toda, directrice du département de la Finance agricole et du développement rural - que j'ai dépêchée ici, sur le terrain, pour soutenir l'élaboration et le lancement du Mifa.
Qu'il me soit également permis de remercier les ministres Reckya Madougou et Victoire Dogbe pour leur soutien sans réserve. Je voudrais remercier tout particulièrement le P-DG de Nirsal, M. Aliyu Hameed, pour son leadership remarquable, ainsi que son équipe, pour sa contribution à la conception du Mifa et au succès de son lancement aujourd'hui. Mes remerciements vont aussi au ministre des Finances et au ministre de l'Agriculture pour leur soutien sans faille.
À vous, les banques et institutions financières du Togo, permettez-moi de vous dire que le succès de la Mifa est entre vos mains. Vous êtes appelées à accorder davantage de prêts au secteur agricole et à des taux abordables. Je puis vous assurer que la Banque africaine de développement sera là pour soutenir fermement le Mifa et garantir son succès.
Une fois de plus, toutes mes félicitations, Monsieur le président, pour votre leadership remarquable.
À l'instar du système AgriPME, je souhaite un succès tout aussi éclatant à l'initiative du Mifa !
Je vous remercie !