« Cette route n'est pas seulement un chemin, c'est une voie vers le progrès, la prospérité et l'espoir pour nos enfants... ».
Au nom de ses concitoyens, Dieudonné Annir Tina, le maire de Yoko, commune de la région Centre du Cameroun, a salué l'action de la Banque africaine développement qui a permis le bitumage de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena-Tibati. Une réalisation attendue par les populations depuis 1958.
« En 60 ans d'existence, la Banque africaine de développement a surmonté les défis des infrastructures routières pour rapprocher les communautés et ouvrir de nouvelles voies au développement en Afrique », a poursuivi l'édile, le visage rayonnant de joie.
Longue de 412 kilomètres, cette route, financée pour un montant de 166,51 millions d'euro par le Groupe de la Banque africaine de développement, relie le Cameroun au Tchad par le tronçon Lena-Tibati-Ngaoundéré, en construction. Elle incarne l'engagement de la Banque en faveur d'une intégration régionale forte, facilitant les échanges et ouvrant de nouvelles opportunités économiques pour les populations des zones traversées.
Un projet au coeur du développement local
« Grâce à la construction de la route Batchenga-Ntui-Yoko, nos activités agricoles, commerciales et entrepreneuriales connaissent un nouvel essor », assure Agnès Attah, présidente du Réseau des femmes de Yoko. « Cette route a transformé notre quotidien. Elle nous a facilité l'accès aux marchés. De plus, les femmes de Yoko ont bénéficié de formations en gestion de ressources et d'entreprises, ce qui nous a permis d'améliorer et de rentabiliser nos compétences. Nous sommes désormais mieux outillées pour contribuer activement à la prospérité de notre région », se félicite-elle.
« J'ai pu noter que les besoins directs des populations, le long de cette route, ont été pris en compte. Cela concernait la réhabilitation, la construction et l'équipement d'infrastructures socioéconomiques telles que des écoles, des centres de santé, des hangars des marchés, des centres de conservation et de transformation de produits vivriers, entre autres », a précisé le directeur général de la Banque africaine de développement pour l'Afrique centrale, Serge N'Guessan, lors d'une visite d'inspection des travaux de construction de la route les 12 et 13 novembre 2024.
« Les voiries urbaines ainsi que les routes communales, construites à cette occasion, ont permis de désenclaver des zones d'habitation et des bassins de production agricole pour faciliter le transport des produits vivriers vers les centres de consommation », s'est réjoui M. N'Guessan. « La construction de la route est un projet structurant qui va stimuler le développement socioéconomique de la région en améliorant l'intégration régionale et facilitant l'accès aux opportunités économiques, a-t-il ajouté.
Les travaux de bitumage prévus pour s'achever en décembre 2024, vont au-delà de la simple construction d'une infrastructure routière. L'opération a pour but de contribuer au développement du corridor économique stratégique Douala-Kribi au Cameroun pour relier N'Djaména au Tchad. En effet, le tronçon Batchenga-Ntui-Lena-Tibati-Ngaoundéré constitue une alternative, plus courte de deux cents kilomètres, pour relier les ports camerounais de Douala et Kribi à Ndjaména, la métropole et capitale politique du Tchad, facilitant ainsi l'intégration régionale en Afrique centrale.
« Pour rentabiliser pleinement le programme, il est essentiel de développer les zones agricoles à haute valeur ajoutée. Ces aménagements favoriseront l'émergence de villages dynamiques et un développement multisectoriel de la région. En transformant les zones rurales en pôles de production et de transformation, nous pourrons attirer de nouveaux investissements, créer des emplois locaux, assurant ainsi une prospérité durable pour tous », a poursuivi M. N'Guessan, lors d'une rencontre avec les populations du village de Ntui, une des communes traversées par la route.
« Nous sommes profondément reconnaissants pour cette route qui a changé notre quotidien. Je suis particulièrement satisfait du pont sur le fleuve Nachtigal, qui a véritablement transformé nos vies. Auparavant, nous traversions le fleuve en barque, avec tous les risques que cela impliquait ; nous arrivions souvent à Yaoundé tard dans la nuit, voire le lendemain. Aujourd'hui, grâce à cette route, je peux facilement faire l'aller-retour dans la journée pour vendre mon plantain. » témoigne, Olivier, un cultivateur de Njolè, un village situé non loin de Ntui.
Dynamiser le riche potentiel agricole de la plaine centrale du Cameroun
La route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena-Tibati ouvre la voie au développement d'un giga projet dans la plaine centrale agricole du Cameroun. Ce projet, dont la mobilisation des financements est en cours, vise à transformer la région Centre du Cameroun en un vaste pôle agricole à forte valeur ajoutée, avec des aires dédiées à la production de cultures vivrières, de rente et à l'élevage. En rendant l'accessibilité à la zone, le potentiel de cette plaine en tant que zone stratégique pour l'agriculture et les chaînes de valeur agro-industrielles locales devrait prendre corps dans quelques années.
Le projet de construction de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena-Tibati a été réalisé dans une approche participative avec la collaboration d'autres partenaires financiers, notamment l'Agence française de développement (AFD), l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Banque islamique de développement (BID) et la Banque de développement des États de l'Afrique centrale (BDEAC).
Serge N'Guessan s'est également félicité de la forte implication des communautés bénéficiaires à travers les leaders traditionnels et les autorités administratives locales.