Réduction des risques VIH/Tuberculose et autres Comorbidités et promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogues injectables (PARECO)

Un diplôme de reconnaissance a été remis à son ami Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigéria et, par ailleurs, président de la WACD (Commission Ouest africaine sur les Drogues). C’était en marge du lancement du rapport sur « La loi type sur les drogues pour l’Afrique de l’Ouest : un outil pour les décideurs politiques ». La cérémonie s’est tenue hier, mardi 11 septembre à Dakar
12 Septembre 2018
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Appel de Dakar à l'engagement pour la réduction des risques chez les consommateurs de drogues injectables en Afrique de l'Ouest

Préambule

Les améliorations notées dans le contrôle de l'épidémie à VIH cachent des faiblesses touchant les populations vulnérables et marginalisées de la société : professionnel (les) du sexe, hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, détenus et consommateurs/usagers de drogues injectables. Parmi ces groupes de populations clés, les consommateurs/usagers de drogues injectables constituent la cible la moins connue et la moins maitrisée en Afrique.

Sur les 49 pays d'Afrique sub-saharienne, seuls 16 disposent de données sur la consommation de drogues injectables. Mais, sur 2,3 million de consommateurs/usagers de drogues injectables recensés dans cette partie du continent, on enregistre 564 000 personnes vivant avec le VIH[1].

Le programme régional «Réduction des risques VIH et tuberculose et autres comorbidité et promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogue injectable» (PARECO) mis en œuvre par l'Alliance Nationale des Communautés pour la Santé (ANCS) dans 5 pays ouest-africains (Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau et Sénégal) élargis à la Guinée et au Mali, en collaboration avec des partenaires d'exécution, sur financement du Fonds mondial, vise à améliorer l'accès aux services de Réduction des Risques et à promouvoir le respect des droits humains des consommateurs/usagers de drogues injectables en Afrique de l'Ouest. Cet objectif nécessite :

-          L'amélioration et la disponibilité de l'information stratégique ;

-          Le renforcement des capacités des acteurs communautaires et des CDI sur la Réduction des risques ;

-          L'amélioration de l'environnement social et juridique ;

-          Le développement et la mise en œuvre de trois modèles innovants de réduction des risques (outreach, collaboration avec les forces de sécurité et avec le milieu carcéral)

Appel à l'engagement

Nous, participants à la rencontre de consultation de haut niveau organisée par WACD/ANCS (West Africa Commission on Drugs/ Alliance Nationale des Communautés pour la Santé), le 11 septembre 2018 à Dakar (Sénégal),

-          Préoccupéspar l'ampleur du trafic de drogues et sa consommation sur le continent et réunis dans un cadre d'échanges qui regroupe des ministres, des parlementaires, des organisations de la société civile, des acteurs de la chaîne judiciaire, des consommateurs/usagers de drogues injectables, des médecins généralistes et spécialistes, des addictologues, des criminologues, des universitaires ;

-          Considérant la répression comme une réponse nécessaire contre les narcotrafiquants en raison des conséquences dommageables et multidimensionnelles de la drogue ;

-          Réafffirmant notre engagagement à l'atteinte des trois «90» d'ici à 2020 ainsi qu'à l'éradication du sida en 2030 et relevant les efforts accomplis par des pays africains membres du programme PARECO pour la création d'un environnement favorable à Réduction des Risques ;

-          Réitérant notre engagement à l'intégration et à la promotion de la Réduction des Risques dans les stratégies nationales et régionales de lutte contre le sida, la tuberculose, les hépatites et à l'adoption d'une approche basée sur la santé publique et le respect des droits humains ;

-          Considérant le respect de la dignité humaine comme étant un facteur clé pour arrêter la propagation du VIH /sida, notamment chez les populations clés en général et les consommateurs de drogue injectable en particulier ;

-          Saluant les avancées importantes enregistrées ces dernières décennies dans la riposte au VIH, aux hépatites et à la tuberculose liée à la consommation de drogues injectables ;

-          Nous félicitant de l'attention croissante portée par les acteurs de la réponse au VIH et de l'implication des consommateurs/usagers de drogues injectables qui jouent un rôle important dans les approches innovantes de la Réduction des Risques ;

-          Accueillant favorablement l'appel du président Olusegun Obasanjo, président de la Commission Ouest-africaine sur les drogues qui demande aux gouvernements ouest-africains de reformer les lois et les politiques sur les drogues ;

Nous nous engageons à

  1. a.       Rappeler que les politiques de santé en Afrique devraient se conformer aux recommandations des Nations Unies en matière de traitement de la dépendance aux drogues, notamment :

- à la Déclaration de la Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la réduction de la demande de drogues (1998) ;

- à la note d'information des Nations Unies sur la prévention de la transmission du VIH/sida liée à la consommation de drogue (2000) ;

- à la Déclaration d'engagement de l'UNGASS sur le VIH/sida de 2002 ;

- au document d'orientation politique de l'Onusida de 2005 sur l'intensification de la prévention du VIH («Prévenir la transmission du Vih par les consommateurs/usagers de drogues injectables par la mise en place d'un système globale intégré et efficace») ;

- au Document final de la Session spéciale de l'Assemblée Générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue de 2016 ;

  1. b.      Inviter les Etats à adopter une approche basée sur la santé publique et le respect des droits humains et à s'approprier la stratégie de Réduction des Risques ;
  2. c.       Encourager les Etats à mettre en place des législations et politiques favorisant l'accès aux services de traitement de la dépendance aux drogues et leur décentralisation ;
  3. d.      Encourager les Etats à allouer des ressources suffisantes à la lutte contre la drogue en général et à mettre en œuvre des stratégies de Réduction des Risques en particulier ;
  4. e.      Appeler à la levée des obstacles, notamment juridiques, à une bonne mise en œuvre de la Réduction des Risques et à l'élaboration de politiques et législations permettant de mettre en place les programmes de Réduction des risques ;
  5. f.         Inviter les Etats et les autres parties prenantes à s'engager pour une alternative à l'incarcération des consommateurs/usagers de drogues, à encourager les stratégies de Réduction des risques, à leur favoriser un environnement social sans stigmatisation ni discrimination, à assurer leur accès aux services de traitement, à promouvoir leur réinsertion sociale et le respect des droits humains.

Fait à Dakar, le 11 septembre 2018


[1] ONUDC, Rapport mondial sur les drogues, 2018

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