Afrique de l'Ouest: Une loi type pour humaniser la lutte contre les drogues sera soumise aux chefs d'Etat de la CEDEAO

Lancement du rapport sur « La loi type sur les drogues pour l’Afrique de l’Ouest - Le présidium
12 Septembre 2018

La Commission Ouest-Africaine des Drogues (WACD) va remettre une loi type à la CEDEAO pour qu’elle la soumette aux chefs Etats afin que chaque pays l’adopte et aille vers des changements adaptés et pertinents dans les méthodes de lutte.

Cette initiative a été annoncée lors du lancement du rapport « La loi type sur les drogues pour l’Afrique de l’Ouest : un outil pour les décideurs politiques », tenu ce mardi 11 septembre à Dakar.

Elle démontre le souhait exprimé par les experts réunis au sein de la Commission d’harmoniser la législation concernant la lutte contre les stupéfiants.

Le président de la Commission, Olusegun Obasanjo, par ailleurs, ancien président du Nigéria, estime que cette loi type est un outil qui permet de réunir toutes les forces pour réaliser les objectifs attendus.

A son avis, l’Afrique de l’Ouest n’est ni un grand producteur, ni un grand consommateur de drogues illégales mais elle subit les contres-coups de ce fléau.

A cet effet, la loi type va permettre de faire face au risque de faciliter le rapprochement entre trafiquants et criminels ou groupes terroristes. D’où la nécessité, selon lui, de se mettre ensemble.

L’ancien président nigérian motive sa position par le fait de l’impact nocif de la drogue sur la santé et les communautés locales notamment les jeunes considérés comme la principale ressource de l’Afrique.

D’après lui, les gouvernants sont en train d’accroître les effets nocifs à cause des lois en vigueur.

M. Obasanjo pense que la région ouest-africaine a plus besoin de politiques modernes et moins répressifs sur la drogue.

D’après lui, la loi type soutient les textes de l’Union Africaine et de la CEDEAO dans ce domaine. Il y voit un moyen d’équilibrer la justice pénale et le système de santé contre la drogue.

M. Obasanjo confie que la loi type protège aussi le personnel de santé et assure que des directives claires sont mises en avant pour une sentence proportionnelle.

Avant de lever toute équivoque : « nous ne suggérons pas de faire preuve de laxisme face aux crimes organisés mais nous recommandons le renforcement du cadre réglementaire avec des réformes nécessaires ».

Ce qui fait dire à Mme Ruth Dreifuss, ancien président de la Suisse et présidente de Commission globale de politique en matière de drogues que la loi type est enracinée dans la région et peut inspirer les lois nationales.

Elle a donné le cas de son pays qui est cité en exemple et dont le processus a pris 30 ans d’actions avec en toile de fonds la modification de la loi contre les stupéfiants.

Mme Dreifuss se félicite du fait que la loi type reconnaisse l’importance du rôle de la société civile dans la lutte. A son avis, un accent particulier doit être mis sur les alternatives à la punition et se concentrer sur ce qui est nécessaire pour préserver la santé, l’état de droit…

Sur cette même lancée, la directrice Exécutive de l’ANCS, Mme Maquette Mbodj Gueye souligne que la loi Type sur la drogue est à ce titre une avancée majeure permettant aux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre de disposer d’un arsenal juridique progressiste et plus humaniste.

A son avis, la monté en puisse de la drogue dans notre région montre l’urgence de réfléchir sur des modèles qui permettent de mieux gérer la situation des personnes qui ont un problème avec la consommation de drogue pour faciliter leurs accès aux services de prévention, de traitement et de prise en charge du VIH sans compromettre leurs droits et libertés fondamentaux ni leur imposer un traitement dégradant.

Mme Guèye indique que c’est pour ces raisons que l’ANCS, en partenariat avec LICIT et les CCM de cinq pays d’Afrique de l’ouest, a mis en œuvre le «Programme régional de réduction des risques (RDR) VIH/TB et autres comorbidités et promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogues injectables» (PARECO en sigle).

La patronne de l’ANCS estime qu’après plus d’un an de mise en œuvre du PARECO, « nous voulons mutualiser nos forces, fédérer les acteurs et les initiatives et construire un partenariat solide pour aller de l’avant, en appuyant concrètement les Etats de l’Afrique de l’Ouest à élaborer des politiques de réductions des risques pour améliorer la situation des consommateurs de drogues injectables et réduire l’infection à VIH au sein de ce groupe ».

M. Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA quand à lui, assimile le lancement de ce rapport à un moment transformatif marquant le début d’une nouvelle période dans la région.

Selon lui, la nouvelle donne suggérée ne s’agit pas seulement de sanctionner mais plutôt de restaurer la dignité des populations.

Pour lui, la loi type aide à protéger les consommateurs de drogues contre des maladies qui peuvent être évitées.

Avant d’ajouter que les personnes qui consomment la drogue, doivent être mises au centre de l’approche et en faire des acteurs de changement.

Au regard de tout ce plaidoyer, le Dr Siga Fatima Jagne, Commissaire de la CEDEAO pour les affaires sociales et le genre assure de l’engagement de l’institution communautaire. A l’en croire, l’unité de drogue mise en place vient d’être élargie à toute la région.

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