Grâce aux efforts conjugués des partenaires au développement, dont la Banque africaine de développement qui, entre 2003 et 2014, a investi 45,7 millions de dollars dans des projets d'adduction d'eau et d'assainissement, la Mauritanie tente d'assurer l'accès à l'eau potable à ses 4,3 millions d'habitants, régulièrement confrontés à de sévères pénuries.
Chiffres clés du projet
45,7 millions $ : ce que la Banque africaine de développement a investi dans le secteur de l'eau et l'assainissement en Mauritanie
180 000 personnes supplémentaires, réparties sur 450 villages des zones de M'bout, Monguel et Barkéol, ont désormais accès à l'eau potable
Objectif réalisable pour 2020 : 100 % des Mauritaniens ont accès à l'eau potable.
Depuis plus d'une décennie, les besoins journaliers en eau potable dans le pays sont estimés à 100 000 m3, alors que la production se situe autour de 55 000 m3 par jour, fournie par la seule nappe d'eau disponible de Trarza (sud-ouest du pays). Conséquence : seulement 68 % de la population jouit d'un accès à l'eau (pour une consommation moyenne inférieure à 50 litres par jour et par personne), en majorité en zone urbaine. En milieu rural, des pénuries récurrentes et aiguës sont enregistrées, provoquant une migration des habitants vers les villes.
Face à cette situation critique, l'ancien ministre mauritanien de l'Hydraulique et de l'assainissement Mohamed Abdallahi Ould Oudaa avait annoncé des mesures gouvernementales d'urgence pour circonscrire le problème. Promettant ainsi, le 31 mai 2016 en séance plénière au parlement : « 80 % de la population mauritanienne aura accès à l'eau potable en 2018, et la totalité en bénéficiera à l'horizon 2020. »
Depuis cette annonce, les chantiers d'assainissement et d'adduction d'eau se sont à nouveau accélérés, tant dans la capitale, Nouakchott, que dans plusieurs régions. Certains projets sont en cours de réalisation, tels Maghtaa Lehjar et Sangrava, et surtout celui d'Aftout Essahli, réseau de Nouakchott, financé en trois phases (2003, 2008, 2010) par la Banque africaine de développement, à hauteur de 32,5 millions de dollars.
Plus loin, la réhabilitation et le renforcement des projets de Nouadhibou, Gouraye et Sélibabi sont en cours, à travers le Projet national intégré dans le secteur de l'eau en milieu rural (PNISER) pour lequel la Banque a engagé deux financements en 2013 et 2014, de l'ordre de 13,2 millions de dollars.
Achever les réseaux d'adduction d'eau
Sur les 22 forages d'exploitation prévus au départ, 17 ont été réalisés, et sur les 22 nouveaux réseaux d'adduction solaire d'eau potable (AEP), 9 sont achevés, quand 11 sont en phase de réception et 2 en cours d'exécution. En outre, les travaux de réhabilitation de 10 anciens réseaux AEP sont achevés. Ce qui permet à 180 000 personnes au total, réparties sur 450 villages des zones de M'bout, Monguel et Barkéol, de voir l'eau potable couler de leurs robinets.
Reste désormais, à travers toute la Mauritanie, l'achèvement de 947 réseaux d'adduction d'eau. Et, en amont, seront bâties trois stations de pompage d'un débit respectif de 170 000 m³/jour, 160 000 m³/jour et 150 000 m³/jour - conception, réalisation, essais et formation du personnel inclus.
Au bout du processus, qui comporte également la rénovation des conduites de transfert des stations de pompage du fleuve Sénégal aux usines de prétraitement et de traitement, figure la réhabilitation de la conduite de raccordement de l'usine de traitement située au PK 17 du réseau de distribution de la ville de Nouakchott.
Selon El Faleh Jalel, ingénieur hydraulique à la Banque africaine de développement, l'accès pérenne des populations de Nouakchott à l'eau potable se fait progressivement même s'il reste limité, faute d'un système de distribution adéquat. Autre difficulté, les fuites observées dans l'ancien système de distribution, qui restent importantes et qui entraînent des perturbations de desserte dans certaines zones basses de la ville.
Les zones rurales du pays connaissent elles aussi régulièrement des pénuries, dues à la baisse de la pluviométrie, ainsi qu'à l'insuffisance des capacités techniques et financières de l'Office national mauritanien des services d'eau en milieu rural (ONSER), chargé d'alimenter en eau plus de 800 centres ruraux.
« L'objectif qui vise à fournir l'eau potable à 80 % de la population au plus tard à la fin de cette année 2018 reste difficile à atteindre », reconnaît M. Faleh, qui juge qu'un effort très important reste encore à produire.
« Toutefois, nuance-t-il, les principaux indicateurs de performance du secteur montrent que l'objectif d'assurer l'accès à l'eau potable pour 100 % la population à l'horizon 2020 est possible, et l'échéance de l'horizon 2030 est envisageable si la Mauritanie, avec l'appui de ses partenaires techniques et financiers, parvient à mettre en œuvre les projets et programmes nécessaires. »
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