Gestion des risques - Services météo et assurances pour parer aux catastrophes naturelles en Afrique

10 Décembre 2018
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African Development Bank (Abidjan)

En Afrique, où nombre de pays sont exposés aux risques de catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques, intégrer des stratégies globales de gestion de risques dans les processus de développement devient impératif. D'autant que les économies de nombreux pays africains reposent sur des secteurs sensibles au climat, tels que l'agriculture, les infrastructures, la foresterie, la pêche - entre autres.

C'est dans cette optique que la Banque africaine de développement a organisé, mercredi, 5 décembre 2018, en marge du 24e sommet mondial sur le climat, dit COP24, et en collaboration avec le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD par acronyme anglais) et la mutuelle panafricaine de gestion de risques Africa Risk Capacity (ARC), une rencontre sur la gestion des risques de catastrophes naturelles en Afrique, le rôle des services météorologiques et climatiques pour s'en prémunir, et celui des assurances pour faire face aux coûts induits par les épisodes climatiques extrêmes (tempêtes, séchesses, inondations... ).

Hydrométéorologie : anticiper, alerter et se prémunir

Pour gérer les risques de catastrophes naturelles, les services de météorologie et les informations sur le climat sont indispensables. Sauf qu'ils sont peu nombreux et souvent peu performants en Afrique, faute de personnel et d'experts, de matériel en état de fonctionnement et de financements. Il y a près de dix ans déjà, la Banque africaine de développement alertait sur le nombre insuffisant de stations météo en Afrique, précisant que la densité y était la plus faible au monde, avec une station pour 25 460 km2 - soit un huitième de la norme recommandée par l'Organisation mondiale de la météorologie. Plus récemment, en 2016, la Banque mondiale indiquait que seuls 10 des 54 pays africains offraient des services météorologiques adéquats.

Or la sécurité alimentaire est de plus en plus menacée par les changements climatiques, a mis en garde Taniaa Osejo, du Programme alimentaire mondial (PAM). « Les défis sont énormes, donc nous avons besoin d'une approche intégrée pour adapter les besoins des communautés aux instruments et aux services de la métérologie».

Elle plaide en faveur d'une adaptation de l'information scientifique et météorologique à la réalité des communautés et pour le lancement d'investissements « intelligents » pour promouvoir la sécurité alimentaire.

« Certes, il y a des programmes et des institutions qui fournissent des services de métérologie, mais ces services manquent de coordination et ne sont donc pas très efficaces », a ainsi déploré le directeur de l'Organisation mondiale de la météorologie Filipe Lucio, citant l'Indice mondial des risques climatiques établi par l'ONG Germanwatch, dont l'édition 2018 a été dévoilée lors de cette COP24.

Hydromet Africa : Améliorer les services d'hydrométéorologie en Afrique

Lancé en juin 2015, le programme Hydromet Africa cible les services météorologiques, hydrologiques et climatologiques sur le continent africain dans le but de les optimiser : modernisation de l'infrastructure d'observation, mais aussi de l'interprétation des données et la fourniture de services, afin de fournir des prévisions météorologiques et climatiques fiables et opportunes, notamment en ce qui concerne les risques de catastrophe imminents. Objectif ultime : veiller à ce que les pays, les communautés - les agriculteurs notamment -, les opérateurs économiques et les différentes régions du continent renforcent leur résilience au climat et aux catastrophes naturelles. Le programme prévoit d'investir quelque 600 millions de dollars dans une quinzaine de pays et de renforcer les systèmes d'alerte précoce et d'intervention au bénéfice de plus de 100 millions de personnes.

Hyromet Africa bénéficie du soutien d'une douzaine de partenaires au développement : Banque africaine de développement, Commission de l'Union africaine, Organisation météorologique mondiale, Conférence ministérielle africaine sur la météorologie, Dispositif mondial pour la réduction des catastrophes et la reconstruction du Groupe de la Banque mondiale, Programme des Nations unies pour le développement, Programme alimentaire mondial, Agence française de développement, Union européenne, Initiative du système d'alerte précoce des risques climatiques, gouvernement du Japon, Fonds vert pour le climat.

Les services météo et les systèmes d'alerte précoce sont pourtant un préalable nécessaire pour concevoir et mettre en œuvre des plans de protection susceptibles d'atténuer les impacts des désatres naturels. Encore faut-il y investir... Ce qui est encore loin d'être le cas en Afrique, alors même que des études ont démontré que le retour sur investisssement s'avère des plus profitables : pour chaque dollar dépensé dans des services hydrométéorologiques, le taux de rendement en termes de développement économique serait au moins cinq fois supérieur.

La collecte des données météorologiques et climatiques, leur analyse et leur diffusion constitue une chaine de valeurs. « Les éléments de cette chaine de valeurs sont assurés par des institutions différentes et pour la plupart du temps sans coordination entre elles», a laissé entendre Filipe Lucio. « Nous ne pouvons pas avancer, si nous apportons un appui à un seul maillon de cette chaine de valeurs. Il faut promouvoir toute la chaine, d'une façon cohérence et à travers une meilleure synergie ».

Des informations météorologiques et climatiques fiables permettent aux décideurs politiques d'ajuster leurs plans d'adaptation nationaux, aux communautés de préserver et renforcer leurs moyens de production, et aux économies locales de gagner - entre autres bienfaits.

Assurances et mutuelles, une couverture financière contre les catastrophes naturelles

Les services météorologiques et climatologiques sont également essentiels pour offrir des solutions de transfert des risques de catastrophes, a souligné à son tour Assia Sidebe, coordinatrice régionale de la Mutuelle panafricaine de gestion de risques Africa Risk Capacity (ARC). Qui a précisé la vocation d'ARC, lancée en 2012 par une vingtaine d'États africains sous l'égide de l'Union africaine et qui bénéficie de l'appui de la Banque africaine de développement : offrir une couverture financière contre les risques de sécheresses, d'inondations et de cyclones en Afrique en les mutualisant, afin que la gestion des catastrophes climatiques ne soient plus du seul ressort de l'État et de réduire la dépendance aux donations internationales. Pour procéder à une évaluation du risque et au versement d'indemnisations, l'ARC s'appuie sur des données satellitaires mondiales et sur les indices de développement humain. Sur la période 2014-2015, l'ARC a ainsi déboursé près de 43 milliards de dollars d'indemnisations - dont plus de la moitié au Sénégal et au Kenya. Objectif de l'ARC à l'horizon 2020 : 150 million de personnes dans 30 pays en Afrique couvertes contre les risque climatiques.

Récemment, la Banque africaine de développement a lancé le Programme de financement contre les risques de catastrophe en Afrique (ADRIFI), le tout premier programme dédié à la gestion des risques climatiques en Afrique.

« L'objectif est de renforcer la résilience des 54 pays d'Afrique et de les aider à faire face aux risques de catastrophes en Afrique », a expliqué Cecil Nartey, coordinateur du programme. Et d'inviter les pays africains à y adhérer.

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