Bertine Mariazy est exploitante agricole à Tanandava, une commune rurale du district de Morombe, dans le sud-ouest de Madagascar. Au cours des huit dernières années, son niveau de vie a bondi sous l'effet des travaux d'aménagement du périmètre irrigué du Bas Mangoky (alimenté en eau par le Mangoky, le deuxième plus long fleuve malgache avec 822 km de cours). Une meilleure qualité de l'eau et un débit plus important sur ses parcelles lui ont permis de doubler sa production de riz ainsi que sa surface exploitable. « J'ai pu multiplier mes revenus au cours de ces dernières années. J'ai acheté de nouvelles parcelles. Ma famille et moi sommes maintenant propriétaires de quatre hectares cultivables », explique cette mère célibataire de deux filles, qui avait hérité de deux hectares de terre à la mort de ses parents. Pour beaucoup de femmes de la région, impliquées comme Mme Mariazy dans la culture du riz, la hausse générale du pouvoir d'achat, liée à un bond spectaculaire de la production locale, représente une occasion unique de sécuriser leurs propriétés foncières.
Travaux de terrassement pour la création de parcelles rizicoles
Formée aux nouvelles techniques de culture rizicole, Mme Mariazy a bénéficié d'un microcrédit rendu possible par l'accroissement de ses revenus. Elle a ainsi investi dans un motoculteur, remplaçant le traditionnel zébu utilisé pour le labourage. Résultat : ses rendements ont décollé. « Ma plus grande fierté reste l'éducation de mes filles, tient-elle à souligner. Grâce à l'augmentation de mes revenus, j'ai pu les envoyer faire les études qu'elles voulaient. La première a ainsi suivi une formation à Tulear (capitale régionale à 198 km de Tanandava, ndlr) pour devenir infirmière. La seconde est au lycée agricole de la commune voisine. J'en suis très heureuse. »
« Ma plus grande fierté reste l'éducation de mes filles » - Mme Mariazy
Fidèle à ses grandes priorités - ses High 5 -, dont celles de nourrir et d'améliorer les conditions de vie des populations, la Banque africaine de développement a lancé, en 2017, la deuxième phase du projet de réhabilitation et d'extension du périmètre du Bas Mangoky. Si la première phase, achevée en 2015, avait contribué à la réhabilitation de la prise d'eau, la phase actuelle vise notamment à développer les infrastructures de mobilisation des ressources en eau, à aménager des parcelles irriguées et à utiliser des semences améliorées dans un périmètre plus large. L'objectif de la Banque est de faire du sud-ouest de Madagascar le grenier à riz de la « Grande Île » avec, à la clé, une production annuelle additionnelle de 44 000 tonnes de riz paddy et 2 400 tonnes de pois du cap.
Daniel Ralieno préside l'association Asity Madagascar à Morombe
Financé par la Banque, en partenariat avec l'État malgache, le projet représente un coût total de 61,7 millions de dollars. Quelque 9 000 hectares sont concernés, dans cette région riche en animaux et plantes endémiques. Daniel Ralieno, qui préside l'association « Asity Madagascar » à Morombe, plaide pour une meilleure connaissance de la biodiversité malgache, sa conservation dans son écosystème naturel ainsi que sa valorisation. « Le rôle d'Asity est de s'assurer que ce projet soit mis en œuvre dans le respect de l'environnement et de la biodiversité, explique-t-il. Qu'il s'agisse de la surveillance de la rivière d'Anbetomety, où le gravier pour les constructions est prélevé, ou du site d'emprunt de terre, ou bien encore de la réalisation de l'étude environnementale, nous veillons à la protection des espèces endémiques, précise M. Ranielo. Nous recommandons celles à dupliquer dans la nouvelle aire protégée, située dans le périmètre du projet ». Avant d'ajouter à titre d'exemple : « Nous avons été impliqués dès le début, car il était vital pour la bonne réussite du projet d'assurer la protection des baobabs. » La deuxième phase du projet d'extension du périmètre du Bas Mangoky doit prendre fin en 2022.
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