(Envoyé spécial) - L'Afrique de besoin de politiques fiscales adaptées pour financer ses programmes de développement. Cette assertion est de M. Adam Elhiraika, Directeur de la Division des Politiques macroéconomiques à la Commission Économique Africaine (CEA). Il s'exprimait lors de la conférence de presse tenue ce mardi 19 mars à Marrakech (Maroc), en prélude à la 52ème session de la Conférence des Ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique.
« La politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l'ère du numérique : Une stratégie pour l'Afrique » important pour nos États membres.
C'est le thème autour duquel la Commission Économique Africaine (CEA) a convoqué, du 20 au 26 mars 2019 à Marrakech, la réflexion pour la 52ème session de sa Conférence des Ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique.
Une thématique qui, selon M. Adam Elhiraika, Directeur de la Division des Politiques macroéconomiques de la CEA remet au gout du jour l'importance de favoriser la mobilisation des ressources domestiques pour financer l'agenda de développement du continent africain.
Face à la presse, ce mardi 19 mars dans la « Ville Ocre » marocaine, en prélude à la Conférence des Ministres, M. Elhiraika affirme que l'Afrique connait un déficit de financement très important pour financer ses Objectifs de développement durable et l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
A l'en croire, le continent a un besoin de 630 à deux milliards de dollars par an à investir dans les infrastructures et les autres priorités. Un défi qui ne sera aucunement relevé en se fiant exclusivement aux ressources extérieures.
Devant cet état de fait, il juge indispensable de se retourner sur les ressources nationales d'où l'importance de la politique budgétaire.
Avec une ration Pib - dépense de gouvernement qui est à 21,1%, M. Elhiraika pense que les États ont beaucoup à faire, et ont également une marge de manœuvre en matière de mobilisation des fonds nécessaires pour les politiques de développement.
Dans cette même veine, Mme Lilia Naas Hachem, Directrice du Bureau de la CEA en Afrique du Nord, est revenu sur le thème qui, pour sa part, va permettre de tracer le chemin et développer une feuille de route afin de tirer profit des technologies.
Pour elle, il s'agira de renforcer le secteur privé pour booster sa contribution de l'économie. Ce qui passera par leur assurer une bonne politique financière mais aussi une meilleure interaction entre les pays africains.
Sur cette même lancée, M. Hachem pense qu'il faut également favoriser la coopération Sud-Sud et créer les conditions de partage d'expérience pour favoriser les transferts de technologies.
Par ailleurs, elle estime que cette édition de la Conférence de la CEA qui s'ouvre au Maroc va permettre aux pays d'Afrique du Nord de mieux s'associer avec le reste du continent, raffermir leurs relations, renforcer les collaborations.
A son avis, ces assises de Marrakech est une bonne opportunité pour montrer qu'il faut une volonté politique pour réaliser les objectifs de croissance afin de répondre aux attentes des populations de façon régulière.
La ZLECA en quête de deux ratifications pour son entrée en vigueur
L'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) devra encore patienter pour son entrée en vigueur.
Si beaucoup d'observateurs ne cachaient pas leur optimisme pour voir l'effectivité de son entrée en vigueur, à cause des nombreuses ratifications enregistrées depuis la 51ème session de la Conférence des Ministres à Addis Abeba, ils devront encore prendre leur mal en patience.
Le nombre requis n'est toujours pas atteint. M. Adam Elhiraika confie qu'il en reste encore deux ratifications nécessaires. Dans le lot des États qui trainent encore les pieds figure le Nigéria qui est encore réfractaire à cette ZLECA.
Ainsi, l'anniversaire de la signature de cet accord à Kigali, coïncidant cette année avec le lancement du Rapport économique sur l'Afrique prévu le 23 mars à Marrakech, risque de ne pas être en grande pompe.
Et pourtant cette nouvelle option prise par les dirigeants africains, sous l'impulsion de l'Union africaine et de la CEA, ne manque pas d'avantages, aux yeux de Mme Giovanni Biha.
Cette secrétaire exécutive de la CEA souligne que les pays africains qui font du commerce entre eux développent plus d'opportunités de valeur ajoutée.
« Si nous créons ce grand marché, nous aurons un secteur privé qui va investir et participer à la création d'emploi ».
Elle juge la ZLECA importante dans un contexte marqué par onze ans qui séparent du délai retenu pour l'atteinte les ODD.