Le taux de condamnation des cas de blanchiment d'argent reste encore faible voir insignifiant, en Afrique de l'Ouest. S'il est de 30% à l'échelle mondiale, il peine à atteindre les 10% dans la sous-région. Le secrétariat du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (GIABA) l'a fait savoir aux diplomates accrédités à Dakar et à la presse, dans le cadre d'une rencontre tenue ce mercredi 2 octobre 2019 dans la capitale sénégalaise.
La lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme a encore du chemin à faire pour espérer décourager les acteurs de ces pratiques illicites en Afrique de l'Ouest.
Les tendances dévoilées par le GIABA laissent transparaitre des dispositifs dissuasifs loin d'annihiler toutes ces velléités qui menacent les économiques et la stabilité sécuritaire de la région.
Le directeur des politiques et de la recherche du GIABA fait savoir que le taux de sanction des cas de blanchiment présumés, signalés par les États, est encore très faible.
Selon M. Mu'Azu Umaru, si le taux est de 30% au niveau international, il est encore plus faible en Afrique de l'Ouest où il peine à atteindre les 10%.
Une situation qu'il justifie par le manque de diligence dans le traitement des dossiers liés au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme au niveau de la justice.
Certains observateurs y verront une influence encore vivace des faussaires.
Le secteur minier avec ses sept typologies de blanchiment d'argent
Malgré cet état de fait, le GIABA, en collaboration avec les dispositifs nationaux ne baisse pas les bras dans sa mission de plaidoyer et d'accompagnement des États pour la lutte contre ces fléaux.
Le secteur des mines qui bouscule fortement celui de l'immobilier à la première place des niches de blanchement d'argent, renfermerait sept typologies de cette pratique illicite.
A travers 46 cas présumés de blanchiment d'argent que les autorités des pays de la CEDEAO ont soumis à leur justice, le GIABA s'est rendue compte de « l'argent sale » est blanchi à travers le trafic illicite de l'or.
Selon M. Umaru, il y a des compagnies qui ont été mises en place de manière irrégulière et qui sont impliquées dans l'exploitation des ressources aurifères, surtout dans le secteur artisanal.
Dans cette dynamique, il confie qu'au Mali, au Burkina Faso et au Niger, des mines artisanales sont contrôlées par des trafiquants de drogues qui y blanchissent l'argent obtenu de pratiques prohibées.
Le directeur des politiques et de la recherche du GIABA, révèle également que dans certains pays où l'exploitation artisanale d'or est interdite, le secteur financier est utilisé pour blanchir de « l'argent sale ».
Pour des pays comme le Nigéria, le secrétariat de cette instance de la CEDEAO révèle que c'est le trafic du carburant qui engendre une fraude fiscale néfaste pour les finances publiques de ce pays.
Sur cette même lancée, une vague d'évasion et de fraude fiscale est relevée à travers le commerce transfrontalier surtout dans le trafic illicite d'or entre des pays comme le Ghana et le Togo.
Le même phénomène est relevé dans l'acquisition frauduleuse de licences d'exploitation de ressources minières.
Sans oublier l'action dévastatrice des entreprises impliquées dans la corruption et des pratiques frauduleuse avec des fausses déclarations.
Devant cet état de fait, le directeur général du GIABA prie les autorités étatiques à faire de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme une priorité en assurant une bonne gouvernance dans ce secteur.
Le juge Kimelabalou Aba estime que pour combattre efficacement le terrorisme et le blanchiment d'argent, il faut assécher les criminels en attaquant le trafic de drogue, les trafics illicites, la cybercriminalité…
Entre autres défis à relever, il indique la nécessité à pallier l'insuffisance de coordination entre les structures nationales en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
A cela, il y ajoute le manque d'autonomie financière et d'indépendance technique des Cellules nationales de traitement des informations financières (Centifs).