« Une plus grande mobilisation des bailleurs de fonds est nécessaire pour accompagner le processus de préparation des projets, si stratégique pour l'investissement sur le continent ». C'est en ces termes que Patricia de Lille, ministre sud-africaine des Travaux publics et des infrastructures, est intervenue sur le panel « Building early stage pipeline », organisé lors de l'Africa Investment Forum 2019 à Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud.
Le débat était animé par Adam Ikbal, représentante du Boston Consulting Group à Johannesburg, en présence de Koffi Klousseh, directeur du développement d'Africa50, Jurie Swart, PDG de la société de services financiers AIIM (African Infrastructure Investment Managers), Mohan Vivekanandan, membre du comité exécutif de la Banque de développement d'Afrique du Sud (DBSA), Kofi Adomakoh, directeur du financement de projets à Afreximbank, et Manish Vasitha, conseiller supérieur en infrastructure au département du Développement international (DFID).
Chaque année, l'Afrique a besoin de 150 milliards de dollars pour financer son développement. Le continent est donc confronté au défi du financement pour accompagner la hausse de sa démographie, son urbanisation croissante et la demande, toujours plus importante, en biens et services.
A eux seuls, les gouvernements et les banques multilatérales de développement ne pourront répondre à ces besoins. Le secteur privé africain peut donc jouer un rôle bien plus important en apportant des solutions de financement plus innovantes et à plus grande échelle. Les opportunités d'investissement ne manquent pas, mais il faut accroître l'intérêt des investisseurs institutionnels et privés, qui demeurent freinés par le déficit de préparation des projets d'investissement.
Il ne s'agit donc pas seulement de drainer plus de capitaux. Il est tout aussi important d'en faire un meilleur usage, plus efficace et plus efficient. Les manières de réfléchir et d'agir doivent être réinventées pour mieux préparer les projets avec des impacts encore plus significatifs, et les approches de financement plus calibrées en fonction du contexte et de la particularité de chaque transaction, nationale comme internationale.
Multiplier les partenariats pour multiplier les réussites
Il est impératif d'associer davantage de partenaires pour soutenir ce processus et amener les investisseurs à déployer leurs financements. « La Banque africaine de développement est particulièrement mobilisée dans ce domaine. Nous avons besoin d'engager encore plus de bailleurs de fonds africains et internationaux dans cette dynamique » a souligné Jurie Swart.
« Dans la préparation d'un projet, la réalisation de l'étude de faisabilité est stratégique. L'expertise et le conseil sont déterminants pour la réussite de cette étape clé qui permettra d'alimenter un pipeline de projets bancables prêts à être financés », a expliqué Koffi Klousseh.
L'effort financier est véritablement conséquent car « près de 7,5 milliards de dollars sont nécessaires, chaque année, pour assurer la préparation des projets d'investissement en Afrique », selon Mohan Vivekanandan. « Les opérateurs privés ont non seulement besoin de plus de capitaux publics pour financer le processus de préparation mais également de constance et de visibilité en matière de règlementation et de politiques publiques », a ajouté le dirigeant de DBSA.
Pour relever ce défi d'envergure, la Banque africaine de développement a lancé, l'an dernier, la première édition de l'Africa Investment Forum, plateforme transactionnelle multipartite et multisectorielle, dont l'objectif est de structurer, faciliter et concrétiser les transactions.
L'Africa Investment Forum est un marché de l'investissement innovant qui rassemble des chefs d'État et de gouvernement, des promoteurs de projets, des fonds de pension, des fonds souverains et d'autres investisseurs institutionnels. Des décideurs, des sociétés de capital-investissement et de hauts responsables des ministères y participent.
L'AIF 2019 se déroule du 11 au 13 novembre à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Contact:
Fahd Belbachir, f.belbachir@afdb