Afrique de l'Ouest: M Norbert Toé, vice-gouverneur de la BCEAO – « Il est donc important de placer l'éducation financière au cœur des stratégies… »

M. Norbert Toé, vice-gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao)
20 Novembre 2019

Le vice-gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) juge important de placer l'éducation financière et la protection des consommateurs au cœur des stratégies qui visent à promouvoir l'inclusion financière des couches défavorisées de la population.

C'était à l'occasion du Forum de haut niveau sur le thème : « Promouvoir la culture financière pour une protection accrue des consommateurs dans l'UEMOA », tenu le mardi 19 novembre au siège de la BCEAO à Dakar, dans le cadre de la Semaine de l'Inclusion Financière dans l'UEMOA.

M. Norbert Toé fait remarquer qu'il ressort des statistiques disponibles que, dans les pays de l'Union, plus de 2/3 de la population vivant en milieu rural et près de 45% de celle âgée de plus de 15 ans, ne sont pas alphabétisées.

Selon lui, l'éducation financière permet en effet de renforcer la confiance des populations envers les institutions financières, de contribuer à accroître leur accès aux services financiers et d'en faciliter l'usage.

A l'en croire, elle est perçue dans l'UEMOA comme le processus qui permet d'informer, de sensibiliser et de former les populations sur les concepts financiers, dans le but d'améliorer leurs connaissances, afin de leur permettre de faire des choix judicieux en matière de finance, à chaque étape de leur vie.

Ce faisant, précise-t-il, les usagers des services financiers acquièrent des compétences et la confiance nécessaires pour devenir plus sensibles aux risques et opportunités en matière financière, faire des choix judicieux en consommateurs avertis et en toute connaissance de cause.

A cela s'ajoutent le fait de savoir où trouver une assistance financière et prendre des initiatives efficaces en matière de gestion financière de leurs activités, en vue d'améliorer leur bien-être.

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Pour lui, il revient alors au régulateur et prestataires de services financiers, de fournir aux populations les informations nécessaires sur leurs droits et obligations, afin de leur permettre de prendre des décisions financières avisées, en toute connaissance de cause, et de réduire l'asymétrie d'information.

Pour sa part, M. Toé reste convaincu que le rôle du régulateur est capital, dans la mesure où c'est à lui d'établir les règles relatives aux droits et obligations des consommateurs, afin de promouvoir auprès des professionnels, des comportements et des pratiques commerciales loyales, prenant en compte les intérêts des clients, en s'assurant qu'ils disposent de la bonne information.

Ce faisant, assure-t-il, « nous limiterons les risques pour les consommateurs, en prévenant les conflits et préjudices possibles ».

Pour le vice-gouverneur de la BCEAO, cela suppose, pour les institutions financières, d'être attentives à la formation du personnel, tant sur les produits financiers qu'elles proposent, que sur les mesures de traitement responsable des clients.

Au-delà du nécessaire respect de la réglementation, poursuit-il, les principes de clarté et de loyauté vis-à-vis de la clientèle doivent régir la conduite des institutions et de leur personnel.

A cet effet, il a convoqué les initiatives prises par la BCEAO dans l'UEMOA, allant dans le sens de la protection des consommateurs.

C'est ainsi qu'il a fait allusion à la loi portant définition et répression de l'usure et le décret définissant la méthodologie de calcul du taux effectif global.

Sous ce registre, il a mentionné la Décision relative à la fixation des taux et des conditions d'exécution des opérations, qui a été mise en place.

A l'en croire, cette mesure soumet les établissements de crédit et les institutions de microfinance à des obligations de transparence dans la tarification de leurs services financiers.

Avant de préciser qu'elle leur fait également obligation d'informer, par voie d'affichage, sur les conditions débitrices et créditrices, et de communiquer directement ces informations aux clients ainsi qu'aux associations de consommateurs de services financiers.

A cela, M. Toé y ajoute l'instruction relative aux services bancaires à offrir à titre gratuit par les établissements de crédit de l'UMOA à leur clientèle a été instaurée.

Sans oublier la mise en place des textes relatifs aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l'UEMOA, qui confèrent à toute personne ayant ouvert un compte de dépôts, le droit à un service bancaire minimum.

Dans cette dynamique, figure la création d'un Fonds de Garantie des Dépôts dans l'UMOA qui a un mandat statutaire de promouvoir l'éducation financière.

Il a rappelé l'Institut d'émission a instauré, dans l'ensemble des pays de l'UEMOA, des bureaux d'information sur le crédit (BIC), qui ont pour objectifs de favoriser un meilleur accès des clients au crédit, à des coûts moindres.

Le vice-gouverneur de la BCEAO estime que l'éducation financière est devenue aujourd'hui la clé de voûte pour un système financier numérique profond et inclusif.

D'où la pertinence du programme régional d'éducation financière, élaboré par la Banque Centrale, dans le cadre de la mise enœuvre de la stratégie régionale d'inclusion financière.

M. Toé de rappeler que les différentes composantes du Programme ont fait l'objet, en octobre 2019, d'échanges avec les acteurs de l'écosystème, réunis au Siège de la BCEAO à Dakar.

Avant de faire savoir qu'il devrait être adopté par le Comité Régional de Pilotage de la Stratégie, au cours de sa session du mardi 19 novembre.

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