Conférence sur la politique foncière en Afrique - Repenser la réforme agraire

26 Novembre 2019
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African Development Bank (Abidjan)

Changer le système agraire pour assurer un niveau de subsistance décent aux petits paysans qui travaillent la terre : cette question était, ce lundi, au cœur des débats d'une session intitulée « Repenser la réforme agraire en Afrique : nouvelles idées, possibilités et défis », à l'occasion de la 3ème Conférence sur la politique foncière en Afrique qui se tient jusqu'au 27 novembre à Abidjan.

« Il s'agit de garantir des moyens pour permettre à ceux qui travaillent la terre de s'en sortir et de faire en sorte que ces petits paysans puissent non seulement travailler mais qu'ils puissent aussi vivre de leur travail », a déclaré Horman Chitongue, professeur à l'université du Cap, en Afrique du Sud.

Le panel était constitué de deux autres universitaires : le Docteur Liz Alden Wily et Sheila Khama, conseillère en politique dans le domaine des ressources naturelles.

« Aujourd'hui encore, seulement 10% des terres en Afrique appartiennent au secteur privé et seulement 11% sont dédiées à l'agriculture », a indiqué Liz Alden Wily. « Les gouvernements africains se rendent-ils compte que ce siècle doit faire naître un nouveau système agraire ? Le système reste encore traditionnel alors que nous sommes à un tournant d'industrialisation. Comment créer de la croissance économique dans ces conditions-là ? », s'est-elle interrogée.

Selon les universitaires, une vision à long terme est nécessaire pour en finir avec l'appropriation illégale des terres. Dans l'histoire, la réforme agraire était inscrite dans l'évolution des pays en développement, c'est à dire le changement du cadre institutionnel, de la production et la redistribution des terres. Les États africains doivent privilégier une approche empirique sur la réforme agraire.

Pour Horman Chitongue, « l'objectif est de mieux gérer nos terres grâce à une bonne gouvernance. Actuellement, les terres ne sont pas productives à cause de la mauvaise gouvernance en Afrique ». Pour cela, il faut respecter d'une part les règles, les lois et les politiques, et d'autre part, les institutions et la mise en œuvre des lois. Quand les institutions sont faibles, les conséquences se font sentir sur toute la chaîne. Les trois niveaux sont interdépendants, selon l'universitaire.

La réforme agraire a pour but de redistribuer ou de déconcentrer des terres cultivables, soit pour fournir des terres aux petits paysans et lutter ainsi contre la pauvreté rurale, soit pour encourager les grosses exploitations adaptées à l'économie mondialisée. Une bonne politique de gestion, qui prend en compte l'ensemble des parties prenantes, est nécessaire.

« La place des personnes dans ce processus est l'élément clé de la réussite. La gouvernance ne doit pas se faire avec les populations, il faut aller à leur rencontre et prendre en compte leurs préoccupations. C'est aussi important d'impliquer les leaders traditionnels dans la politique de gestion foncière », plaide Horman Chitongue sur le thème de la gouvernance participative. La valeur ajoutée de la gouvernance participative, c'est une autre manière de tenir compte de l'avis de tous pour avancer vers la modernité.

Après avoir décrit le système de gestion foncière au Botswana, Sheila Khama a tenu à préciser « qu'il est possible de moderniser le système foncier dans nos différents pays : cela dépend des dirigeants. Aller dans ce sens est très important. »

La Conférence sur la politique foncière en Afrique est une initiative conjointe de l'Union africaine, de la Commission économique pour l'Afrique et de la Banque africaine de développement. Cette année, la conférence porte sur le thème « Remporter la lutte contre la corruption dans le secteur foncier : voie viable pour la transformation de l'Afrique ». Elle réunit des chercheurs, universitaires, experts internationaux et personnalités venues du monde entier pour débattre, en ateliers et tables rondes, des questions foncières et des questions liées à la corruption en Afrique.

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