Sénégal: Autonomisation Economique des Femmes - Notto Diobass face au défi de la pérennisation des leçons apprises auprès de l'USADF

Une femme membre de l’Union des Groupements Féminins pour le Développement de Notto Diobass (UGDEN) s'activant dans l'unité de transformation de l'union, Thiès (Sénégal)
20 Mai 2020

Le projet de renforcement de capacité pour l'autonomisation des femmes du GIE UGDEN de Notto Diobass, région de Thiès, a vécu. Le bilan décliné est largement positif. Financé à hauteur par l'United States African Development Foundation (USADF), cette initiative a eu un impact direct et indirect sur le fonctionnement de l'Union, ses 15 Groupements et 354 membres ainsi que le quotidien de leurs familles.

L'Union des Groupements Féminins pour le Développement de Notto Diobass (Ugden) a acquis de nouvelles compétences.

Jadis connue dans le secteur de la transformation des produits locaux, l'élevage, l'horticulture et entre autres activités génératrices de revenus, les membres de l'Union ont acquis de nouvelles connaissances devant leur permettre d'asseoir une autonomisation économique solide.

Le déclic a été le coup de pouce apporté par l'United States African Development Foundation (USADF) à travers un projet de deux ans (2017-2019).

Le financement de $43,297 de l'organisme américain a permis au développement d'activités génératrices de revenus en faveur des 354 femmes membres de l'UGDEN.

La fiche technique de l'USADF renseigne que, malgré la fin du projet, ces femmes prospectent de nouvelles niches dont l'agro-industrie.

Ceci après avoir créé un programme de café durable pour elles-mêmes en tirant parti d'une formation en gestion sur les finances, l'administration, la technologie et le marketing.

Une prouesse que la présidente de l'Union, en l'occurrence Mme Fatou Ndiaye confirme dans l'entretien téléphonique qu'elle accordé à l'équipe de allafrica.com basée à Dakar.

Selon elle, l'apport de l'USADF a aidé au changement de comportement au sein des groupements bénéficiaires où, désormais, les responsables tiennent normalement leur comptabilité, maitrisent le fonctionnement d'une organisation, et assurent la traçabilité dans leurs activités.

« Grâce à l'USADF, nous disposons d'un local fonctionnel, équipé en matériel informatique, et dans lequel nous tenons nos réunions, recevons nos partenaires, abritons nos cessions de formation. Même la commune de Notto nous sollicite parfois pour y tenir certaines de ses rencontres ».

Une manière pour elle de dire : « les femmes de Notto sont devenues plus conscientes de leur poids économiques et l'importance du rôle qu'elles doivent jouer dans le développement de leur localité. Elles ont leur mot à dire dans toute instance de décision ».

Avant d'ajouter : « Si tous les bailleurs procédaient ainsi, les groupements de femmes auraient dépassé leur niveau actuel ». Sans oublier l'encadrement de l'Association Conseil pour I'Action (ACA) dans le suivi et la mise en œuvre des activités.

Une éducation financière qui a boosté les ambitions

Aujourd'hui, l'UGDEN s'est bonifiée et représente une puissance financière solide. Un coup d'œil jeté dans ses rapports financiers nous permet de savoir que les 15 Groupements réunis constituent, un chiffre d'affaires de plus de 80 millions de F Cfa ($132 thousand).

Une manne réalisée à travers des activités comme l'agriculture, la transformation de céréales locales, la commercialisation des fruits et légumes locaux, la production de poudre de café et de patte d'arachide, l'artisanat, l'embouche bovine et ovine, le maraichage, l'élevage, le tricotage…

Cet état de fait est la résultante d'une série de formations notamment en éducation financière. Ce qui, d'après elle, a permis à une meilleure gestion, par leurs membres, des fonds reçus via crédit revolving.

« Avec une allocation de trois millions de F Cfa, le projet a permis d'augmenter le seuil du crédit revolving dont disposait le Groupement. De 150 mille F Cfa ($250) par groupement au début, aujourd'hui, les femmes peuvent bénéficier des prêts de plus de 600 mille F Cfa ($1000, renseigne Mme Ndiaye.

Selon elle, l'appui de l'USADF a permis à l'équipe dirigeante de se rapprocher davantage des membres, d'accentuer leur encadrement et la sensibilisation sur les objectifs de départ.

Une option qui, à l'en croire, a permis in fine à beaucoup de femmes, en plus de leurs activités habituelles, de réinvestir dans d'autres niches comme l'aviculture, des mini-unités de production de couscous, de patte d'arachide…à revendre.

Dans cette même dynamique, la présidente de l'UGDEN fait savoir que le projet leur a permis d'élaborer un manuel de procédure. « Ce qui nous a aidé à avoir une meilleure visibilité de toutes les actions et mouvements de l'Union mais aussi mieux redéfinir les priorités et sa vision ».

Des impacts perceptibles à tous les niveaux

Toute personne qui se rend à Notto Diobass sera en mesure de jauger l'impact de l'apport de l'USADF sur les femmes et les populations de la localité.

A titre illustratif, la présidente de l'Union partage l'expérience d'un de leurs membres qui, avec un crédit revolving de 600 mille F Cfa ($1000) contracter pour relancer son poulailler, elle est parvenue à augmenter la capacité de son activité génératrice de revenu.

Ce qui, d'après Fatou Ndiaye, a permis à cette mère de famille de multiplier par quatre les bénéfices qu'elle réalisait auparavant. Elle produit tous les deux mois dans une activité qui tourne en plein régime alors que les remboursements se font tous les trois mois.

Des femmes en séance de réunion pour l'octroie des crédits revolving destinés aux membres de l’Union des Groupements Féminins pour le Développement de Notto Diobass (UGDEN), Thiès (Sénégal)

Cet état de fait permet à ce membre de l'UGDEN de faire ses prévisions, planifier ses dépenses, capitaliser ses bénéfices pour réinvestir dans d'autres secteurs afin de diversifier ses sources de revenus.

Mme Ndiaye nous fait savoir que ce système a permis à beaucoup de femmes de suppléer leurs époux dans des charges familiales comme la fourniture scolaires des enfants, l'entretien et l'équipement de la maison.

A l'en croire, cette indépendance financière qui ne dit pas son nom, a permis aux femmes de Notto de nouer un partenariat avec une mutuelle de santé. Ce qui leur permet, à travers des versements réguliers, d'assurer à tous les membres de la famille l'accès à une couverture maladie.

La présidente de l'Union des Groupements Féminins pour le Développement de Notto Diobass confie que les GIE membres ont leur association villageoise de crédit. Des organisations secondaires qui verront une flambée de l'épargne de ses membres grâce au dynamisme des activités soutenus dans le cadre du projet avec l'USADF.

Ce qui, pour Mme Ndiaye, constitue une autre source de revenu pour renforcer l'autonomisation économique des femmes et élargir leur patrimoine personnel.

« Beaucoup de femmes ont commencé à s'activer dans l'élevage domestique en achetant une brebis, une chèvre ou vaches ou bien faire carrément dans le micro-maraichage ou micro-jardinage grâce aux recettes gagnées dans le cadre du projet avec l'UGDEN », confie-t-elle.

Pour elle, cette nouvelle posture des femmes au sein de la sphère familiale leur a permis de mieux gagner la confiance de leur époux qui finissent par être leur premier conseiller ou souteneur dans leurs business.

Le défi de la pérennisation des acquis

Le bilan du compagnonnage UGDEN-USADF est largement positif pour les bénéficiaires qui, par contre, n'ont pas manqué de relever quelques difficultés ou points à améliorer.

Dans un élan plus rassurant, la présidente de l'Union des femmes de Notto souligne que toutes ces requêtes sont notées dans un plan de pérennisation qu'elles comptent soumettre à de potentiels Partenaires techniques et financiers susceptibles de les accompagner.

S'inspirant du crédit revolving, les femmes de l'UGDEN souhaitent, à l'avenir, avoir leur propre mutuelle d'épargne et de crédit pour parvenir à ne plus dépendre d'un outil de financement extérieur.

Sur cette lancée, l'Union souhaite l'achèvement des travaux d'un établissement qui respecterait le plus aux normes en matière de transformation de céréales locales.

Elles insistent sur la nécessité de maintenir le même modèle de suivi des activités mis en place dans le cadre du partenariat avec l'USADF.

A cet effet, un comité composé de dix personnes venant de structures comme Plan International, la Chambre de commerce, et autres structures, se réunissait tous les trois mois.

Ce qui permettait de repréciser certaines priorités et orientations mais surtout faire des recommandations.

Suite à l'expérience vécue, l'UGDEN, par la voix de son président, souhaite vivre une nouvelle aventure avec l'accompagnement de l'USADF ou un autre partenaire pour la mise en œuvre de leur Plan de pérennisation.

Car, estime Mme Ndiaye, « l'expérience avec l'USADF est la voie du salut pour aider les femmes à renforcer leur capacité et parvenir à leur autonomisation économique ».

Coronavirus, l'invité surprise qui risque de compromettre les acquis

A l'instar de la communauté internationale, le GIE UGDEN commence à ressentir les contrecoups de la pandémie du COVID-19, communément appelé coronavirus.

Les restrictions imposées par les autorités sénégalaises concernant les déplacements et rassemblement, ralentissent l'écoulement de leurs produits.

« Beaucoup de nos membres qui s'activent surtout dans la commercialisation des légumes ou produits locaux transformés ne peuvent pas regagner les marchés par faute de moyens de transport mais aussi l'interdiction de se regrouper. Ce qui va impacter négativement sur leurs affaires», témoigne Mme Ndiaye qui, reconnait par ailleurs que « c'est une option qui participe aussi à briser les voies de transmission du virus 

La présidente de l'UGDEN d'ajouter : « Nous avons des engagements à respecter. Par exemple, les femmes qui s'activent dans la transformation du café ont l'obligation de fournir leur production à l'Union, les 10 de chaque mois afin que ça soit acheminé auprès des clients ».

Pour éviter une rupture dans la chaine d'approvisionnement, le mode de fonctionnement de l'UGDEN sera modifié à cause des directives sanitaires.

« Tous les 10 de chaque mois, les présidentes et secrétaires générales de groupement sont convoquées en réunion pour présenter des produits, échanger sur un ordre du jour bien défini, faire passer des informations.

Nous allons certes changer de démarche pour éviter les rassemblements mais l'opportunité sera saisie pour sensibiliser les femmes sur la pandémie et les conscientiser sur le danger que le coronavirus constitue pour leurs familles et leurs activités génératrices de revenus ».

En tant que membre du comité local de suivi contre le COVID 19, l'UGDEN participe aux activités de sensibilisation et de distribution des produits désinfectants et autres gels hydro alcooliques.

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