Zouera Bademassi, éleveuse de la région de Zinder, au centre-sud du Niger, ne vit plus dans la crainte du lendemain. « Il y a encore quelques années, il m'était impossible de garder longtemps mes chèvres. Mais, par chance, j'ai été ciblée par le projet PMERSA comme bénéficiaire de l'opération de distribution des petits ruminants. Je suis aujourd'hui propriétaire d'un troupeau de 17 chèvres et cabris », dit-elle fièrement. La vente prochaine de quelques têtes lui permettra de continuer à subvenir aux besoins de sa famille.
A 236 km de là, dans la région de Maradi, Hadjia Larba Mahaman se félicite elle aussi : « j'ai bénéficié d'un kit constitué de trois chèvres et d'un bouc. Je l'ai fait fructifier et au bout de trois ans, je me suis constitué un cheptel de 27 têtes de caprins. »
Zouera et Hadjia comptent parmi plus de 200 000 bénéficiaires du Projet de mobilisation des eaux pour le renforcement de la sécurité alimentaire dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder (PMERSA-MTZ). Ce projet est considéré comme moteur dans ses zones d'intervention, notamment pour la promotion des activités génératrices de revenus au profit des femmes. Le PMERSA a contribué également à la maîtrise de l'eau et le développement de l'agriculture irriguée.
« Les nombreux puits maraîchers bétonnés et mini-forages agricoles installés par le projet ont eu un impact positif sur la pratique de l'agriculture irriguée dans notre territoire, explique le sultan du Katsina, dans la région de Maradi. Nous avons constaté une intensification des cultures irriguées et un meilleur approvisionnement du marché de Maradi en fruits et légumes. »
« Le projet a stimulé le développement de nos villages : il a réalisé plusieurs forages équipés de motopompes et pompes immergées pour l'irrigation, il a fourni des intrants agricoles, des kits de chèvres pour des femmes vulnérables et une piste pour écouler les productions vers les marchés. Cela a contribué à accroître la production agricole dans notre terroir », raconte, pour sa part, Sabara Tahoua, président de la coopérative de Zouraré, localité située à 329 km de Maradi.
Mis en œuvre entre 2011 et 2019, ce projet a été financé par un prêt de 11 millions de dollars américains du Fonds africain de développement et un don de 28,7 millions de dollars du Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP). Son objectif est d'augmenter de façon durable la production et la productivité agricole par la mobilisation des eaux souterraines et de surface.
Lors de sa clôture en 2019, le PMERSA a dépassé ses prévisions initiales, totalisant 47 seuils d'épandage et 11 mini‑barrages, 11 mares aménagées, 4 036 mini-forages agricoles et 1 040 puits maraîchers bétonnés, 74 puits cimentés, trois centres semenciers rénovés et 60 piézomètres installés. Il a créé environ 41 805 emplois directs.
Au moins 51% des femmes, bénéficiaires directs du projet, ont reçu 1 500 charrettes, 105 kits d'entretien des ouvrages, 15 150 ovins et caprins, 598 équipements divers (moulins, décortiqueuses, presse à huile et unités de transformation de manioc) qui ont facilité leur autonomisation.
Les réalisations du projet ont eu également un impact sur le quotidien des habitants de Tanout, dans la région de Zinder. Grâce à une meilleure disponibilité en eau, à un accès plus facile aux intrants de qualité et aux conseils sur les nouvelles techniques culturales, le rendement des cultures a progressé de façon significative. La production agricole (céréales et maraîchage) a atteint 168 719 tonnes en 2018, contre un objectif initial de 155 000 tonnes.
« Le PMERSA-MTZ a constitué un vecteur directeur du développement agricole dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder, résume Moussa Amadou, directeur général du génie rural au ministère nigérien de l'Agriculture et de l'élevage. Le projet a participé activement à la dynamique nationale de recherche d'une plus grande sécurité alimentaire enclenchée par les plus hautes autorités du Niger. Le partenariat fructueux développé par le Niger avec le GAFSP, la Banque africaine de développement et l'Agence espagnole pour la coopération internationale et le développement (AECID) a laissé une marque indélébile et de nombreuses leçons ont pu être tirées. »