La plateforme de Dialogue sur les Initiatives pour les Femmes Africaines est née et se réunira autour de la Banque mondiale tous les 3 mois.
A l'occasion du 8 Mars et de la Journée des Droits des Femmes et du séminaire en ligne intitulé « La COVID-19, Révélateur de l'Incroyable Résilience des Femmes Africaines », le Vice-Président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, Ousmane Diagana a entamé un dialogue fondateur avec 6 femmes incarnant la puissance et l'engagement des Femmes africaines: l'icône de la musique africaine et ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, Mme Angélique Kidjo, Dr. Diene Keita Directrice exécutive ajointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), madame la ministre du Pétrole et de l'Energie du Sénégal Dr. Aïssatou Sophie Gladima ; Hindou Oumarou Ibrahim, activiste tchadienne pour l'environnement et géographe ; l'auteure camerounaise lauréate du Prix Goncourt des Lycéens Djaïli Amadou Amal et l'ingénieure informaticienne nigérienne et co-fondatrice de WO'MEN Dev Rabiatou Harouna Moussa.
La longue discussion a souligné l'engagement fort de la Banque mondiale aux côtés des Femmes Africaines mais aussi la nécessité de continuer cet échange pour faire avancer les grands chantiers prioritaires que sont l'autonomisation économique, l'accès à la santé, la préservation des droits et le renforcement des Africaines.
Ousmane Diagana, Vice-Président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale a rappelé que « ce sont les femmes qui créent des opportunités pour tout le monde. Elles travaillent et assurent l'équilibre au niveau des familles et des pays mais le potentiel énorme dont elles disposent n'est pas transformé en véritable opportunité de développement parce que les politiques économiques et les conditions juridiques dans les pays ne sont pas toujours appropriées (…) , il est clair qu'on ne peut pas aller de l'avant si on n'a pas une politique éducative, par exemple, qui permet un accès équitable et de qualité à toutes les personnes, en particulier aux femmes et aux filles ». La Banque mondiale soutient des programmes comme la SWEDD dans le Sahel pour récolter les dividendes démographiques : « A la Banque mondiale, on ne peut pas faire passer un projet au Conseil d'administration, sans faire la démonstration que l'essence de ce projet contribuer à réduire l'inégalité des sexes».
Avec son énergie et sa franchise légendaires, Angélique Kidjo a appelé à agir en ouverture de la session : « Les solutions sont là.. La COVID-19 nous apprend que le temps des paroles, c'est terminé, agissons ! Si on agit, en discutant avec les femmes, en amont de leurs problèmes et des solutions qu'elles ont, on avancera beaucoup plus vite ».
Dr. Diene Keita Directrice exécutive ajointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) dénonce elle l'accroissement des violences à l'encontre des femmes pendant cette pandémie. Pire, la pandémie a poussé les prestataires de soin à réduire leurs soins de santé. Le FNUAP a constaté une augmentation des grossesses précoces et des mariages d'enfants, des mutilations génitales féminines en plus de la perturbation de la planification familiale…. Dr. Diene Keita lance un vibrant plaidoyer pour les femmes : « Nous devons travailler ensemble, continuer et guidés par les données parce que notre engagement est axé sur des résultats et nous devons innover pour que la résilience puisse être maintenue ».
La FNUAP salue son partenariat avec la Banque mondiale qui opère avec succès dans plus de neuf pays en Afrique de l'Ouest et du Centre. Le programme conjoint FNUAP-Banque mondiale a su pendant la pandémie COVID-19 créer plus de 3300 espaces sûrs pour les jeunes filles et les adolescentes, plus de 1700 écoles ou clubs de maris ou futurs maris pour enseigner la masculinité positive.
La ministre du Pétrole et des Energies du Sénégal Dr. Aïssatou Sophie Gladima plaide pour la réduction du coût de l'électricité qui est un intrant très important dans la chaine de production des femmes entrepreneurs. Soulignant l'importance de créer des espaces féminins pour favoriser l'émulation et susciter des vocations, la ministre du Pétrole et des Energies a évoqué son expérience de scientifique pionnière dans son domaine. Elle salue également la pertinence de partenariats durables et constructifs pour trouver des solutions concrètes répondant aux besoins exprimés sur le terrain.
Mme Hindou Oumarou Ibrahim, activiste tchadienne pour l'environnement invite partenaires internationaux à un changement de paradigme radical en considérant les femmes non plus comme des bénéficiaires mais comme des partenaires. L'activiste parie sur une économie respectant les savoirs ancestraux et des solutions endogènes pour faire face aux changements climatiques.
Rabiatou Harouna Moussa ingénieur informaticienne et co-fondatrice de WO'MEN Dev rappelle l'urgence à combler la fracture numérique et démocratiser l'accès à internet alors que la pandémie a prouvé l'importance des solutions digitales. Cette ingénieure défend l'alphabétisation numérique pour les filles afin de les inclure dès aujourd'hui dans l'économie de demain.
L'auteure lauréate du Prix Goncourt des Lycéens Djaïli Amadou Amal a mis sa prose au service de la cause des femmes du Sahel et fait écho au message de masculinité positive. L'auteure des « Impatientes » aussi tiré la sonnette d'alarme sur l'extrême vulnérabilité des femmes et des filles pendant la pandémie qui a vu une hausse du trafic humain pour des mariages précoces et forcés au Cameroun septentrional.
Toutes très actives et engagées, les participantes du Dialogue sur les Initiatives pour les Femmes Africaines ont salué l'approche partenariale et proactive de la Banque mondiale. Toutes rappellent que l'urgence est à l'action concrète et radicale pour protéger les Femmes Africaines et les outiller pour construire une économie post COVID-19 plus juste, plus inclusive et plus durable.