Contemplant ses hectares de riz à Saga, à moins de dix minutes du centre-ville de Niamey, Garba Soumana affiche un visage radieux. Une petite brise venant du fleuve Niger couvre sa voix, sans éteindre l'expression de sa joie. « Dieu merci, Dieu est grand, s'exclame-t-il. C'est un acquis considérable, une épine qu'on nous enlève du pied », répète-t-il à satiété, le regard fixé sur ses vastes étendues verdoyantes.
Comme Garba Soumana, des milliers de producteurs nigériens ont la garantie de pouvoir disposer des semences pour la prochaine campagne agricole prévue en juin et juillet grâce à un soutien sans précédent apporté par la Banque africaine de développement au Niger pour exécuter la réponse nationale contre la pandémie Covid-19.
Outre un appui budgétaire de plus de 100 millions de dollars américains, le soutien de la Banque comprend des financements au titre du Projet d'urgence exceptionnel en faveur des pays à faible revenu membres de la CEDEAO (près de 2,5 millions de dollars pour le Niger), qui vise à renforcer les systèmes de santé en Gambie, au Mali et au Niger dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
L'accompagnement de la Banque à la réponse nigérienne contre le Covid-19 s'est également traduit à travers des ressources financières mobilisées dans le cadre du Projet d'appui aux pays membres du G5 Sahel doté de 22 millions de dollars américains pour faire face à la pandémie.
Dans ce pays du Sahel particulièrement vulnérable à des sécheresses cycliques et au changement climatique, l'accès aux semences contribue à renforcer la sécurité alimentaire et évite que la crise sanitaire ne se transforme en crise alimentaire. La sécurité alimentaire constitue au Niger un facteur de paix sociale et de stabilité politique.
« L'appui de la Banque a été particulièrement important pour ce pays déjà sévèrement touché par un triple choc climatique, humanitaire et sécuritaire », s'est réjoui Nouridine Kane Dia, Responsable-pays de la Banque pour le Niger.
Non loin de Saga, à Niamey, Amadou Tidjani, a, lui aussi, le sourire contagieux. La veille, cet opérateur économique a appris qu'il ne payerait pas, à terme échu, cette année, la patente au titre de ses activités d'import-export.
« C'est une grosse bouffée d'oxygène, la maladie a empêché nos voyages d'affaires. Nos magasins ne connaissent pas l'affluence habituelle. Dans ce contexte de morosité, bénéficier du report de paiement de la patente est une aubaine inespérée », s'enthousiasme Amadou, tout en allant et venant au milieu des sacs de riz, l'aliment de base pendant le ramadan.
Plusieurs dizaines d'opérateurs économiques nigériens bénéficient d'une suspension temporaire de paiement des impôts et taxes, à la suite du soutien de la Banque africaine de développement à la réponse du Niger contre le Covid-19.
Cette mesure gouvernementale vise à sauver de la faillite des centaines d'activités commerciales, notamment les petites et moyennes entreprises, touchées de plein fouet par la crise du Covid-19.
L'appui de la Banque au Niger bénéficie aussi aux groupes sociaux les plus vulnérables, y compris les déplacés internes et les réfugiés. À Diffa (sud-est), à Tahoua (nord-ouest) et à Tillabéri (nord-ouest), trois régions qui forment l'épicentre des activités des groupes terroristes, des milliers de personnes ont pu bénéficier des mesures de protection sociale qui vont de la distribution des produits alimentaires et nutritionnels à la mise en place des kits de lavage des mains en passant par la construction des latrines et la fourniture d'équipements d'eau potable.
« Le soutien de la Banque a permis de fournir au Niger dont les capacités financières sont rudement mises à l'épreuve par la forte augmentation des dépenses sécuritaires et humanitaires relatives à la lutte contre le terrorisme et l'accueil des réfugiés, l'espace budgétaire et le soutien urgent nécessaires pour faire face aux conséquences supplémentaires de la crise sanitaire et préserver les gains en matière de réduction de la pauvreté », a ajouté le Responsable-pays de la Banque pour le Niger.
La riposte nationale soutenue par la Banque cible les communautés les plus vulnérables, y compris les déplacés internes et les réfugiés.
Succès sanitaire
La Facilité de réponse rapide contre le Covid-19 mise en œuvre par la Banque africaine de développement pour l'ensemble du continent a eu un effet considérable sur la riposte sanitaire du Niger. Elle a permis l'augmentation des ressources allouées à la santé et le renforcement des capacités du pays dans le dépistage et la prise en charge des personnes infectées ainsi que le recrutement de personnel de santé.
Au début, les actions de dépistage n'avaient lieu qu'à Niamey, au Centre de recherche médicale et sanitaire (CERMES). Le soutien de partenaires comme la Banque africaine de développement a permis de mettre en place plusieurs structures capables d'effectuer des tests PCR, notamment à Zinder et Maradi, les villes les plus importantes après la capitale
À Talladjé, quartier populaire de Niamey, Halima Ousseini, une mère de famille, se prépare à aller à sa consultation médicale. Cette fois, elle s'avance d'un pas assuré, vêtue d'un boubou traditionnel ample. Le centre, qui l'accueille, recevra, comme d'autres structures similaires, une variété de 140 produits médicaux commandés dans le cadre du programme d'urgence de riposte sanitaire soutenu par la Banque.
« Pour nous, l'accès aux médicaments était déjà très compliqué en temps normal. Il l'est devenu encore plus avec la pandémie. Nos revenus ont baissé, les prix des médicaments, eux, n'ont pas changé. L'accès aux médicaments est donc un énorme soulagement pour nous les gens modestes », se félicite Halima Ousseini, qui dit vivre du commerce informel et de l'aide de ses enfants.
L'accompagnement de la Banque africaine de développement a aussi permis au Niger d'assurer une excellente prise en charge des personnes contaminées. Près de 1 637 nouveaux agents de santé ont été recrutés et les moyens logistiques des structures sanitaires renforcées, notamment à travers un don de trois ambulances ultramodernes au Ministère nigérien de la Santé publique.
L'ensemble de ces mesures sanitaires a aidé le Niger à contenir efficacement la propagation du virus. Sur une population de 23 millions d'habitants, dont 70% de moins de 25 ans, quelque 5 000 cas positifs ont été détectés et 185 décès enregistrés depuis un an, faisant du Niger un des pays du continent les moins affectés.
En plus de la réponse urgente, cet appui conséquent contribue à renforcer les capacités du secteur de la santé afin qu'il puisse répondre efficacement aux futures pandémies et aux chocs de santé publique.
A l'hôpital de référence de Niamey, la structure nationale agréée dans la prise en charge des malades, des lits restent inoccupés, faute de patients. Des unités Covid-19 ont été fermées et des respirateurs transférés dans d'autres services qui en ont besoin. « Le service tourne au ralenti parce que nous n'avons plus de patients Covid-19. Certains équipements ont été remis à d'autres services qui en ont le plus besoin. La situation est totalement sous contrôle », se félicite le docteur Adamou Foumakoye, responsable de l'Unité Covid-19 de l'hôpital.
Les acquis de cette gestion de crise devraient être renforcés par la campagne de vaccination lancée le 29 mars dernier avec le soutien des partenaires au développement.
En plus de l'aide budgétaire, la Banque a accordé d'autres financements d'urgence au Niger qui ont, notamment, permis l'acquisition de trois ambulances ultramodernes.
Le Niger prépare désormais sa relance post-Covid dans un contexte économique favorable porté par une croissance du PIB estimée à 6,9% en 2021, selon le rapport phare de la Banque africaine de développement, « Perspectives économiques en Afrique 2021 ».
« La Banque entend maintenant accompagner le Niger dans la mise en œuvre de son plan relance post-Covid-19 pour un développement inclusif, résilient et durable», a assuré M. Kane Dia.
En savoir plus sur la réponse Covid-19 de la Banque.
Après avoir obtenu des résultats probants dans sa gestion de la pandémie le pays, qui s'attend à une croissance de 6,9 % en 2021, pense désormais à la relance de son économie, comme ici sur le marché de poivron à Diffa, dans le sud-est nigérien.