Après trois jours de détention, le président de la transition du Mali, Bah N'Daw ainsi que son premier ministre, Moctar Ouane ont été libérés ce jeudi 27 mai, à une heure du matin.
L'information donnée par des sources militaires établies depuis Bamako a été relayée par la presse internationale. Une libération graduelle pour des motifs sécuritaires, disent-elles.
Bah N'Daw, Moctar Ouane et certains de leurs collaborateurs ont été conduits, lundi dernier, par des soldats de la garde républicaine malienne à Kati, le quartier général de l'armée, situé à une quinzaine de kilomètre de la capitale, Bamako.
A l'origine de ce nouveau « coup de force militaire », le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition a reproché au président et à son premier ministre de présenter un nouveau gouvernement sans l'avoir informé.
Un nouvel attelage dans lequel, la junte militaire allait perdre des postes clés que sont la défense et la sécurité.
Le chef de la junte militaire reprochait également au président de la transition et à son chef de gouvernement leur volonté de saboter le calendrier électoral en vue de la présidentielle et des législatives prévues en février 2022 mais aussi de leur incapacité à trouver des solutions face à la crise sociale.
Ce qui avait d'ailleurs occasionné une grève générale de 15 jours paralysant ainsi le pays et ses secteurs clés de l'économie.
Entre les mains des militaires, le duo N'Daw – Ouane a été contraint à la démission avant même l'arrivée de la médiatique africaine composée de la CEDEAO, de l'Union africaine (Ua) et de la mission de l'Onu dans le pays (Minusma). Ce qui aurait d'ailleurs rendu la tâche difficile à la médiation.
Une pression internationale concluante
La pression que la communauté internationale a exercée sur la junte militaire malienne a certainement porté ses fruits.
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mercredi 26 mai 20201 à huis clos pour discuter de l'apparent « coup de force » par des militaires contre le gouvernement de transition au Mali.
Une réunion pendant laquelle, le Conseil a appelé « à la libération sûre, immédiate et inconditionnelle de tous les responsables détenus et ont exhorté les éléments des forces de défense et de sécurité à regagner leurs casernes sans délai ». Avant de demander la reprise immédiate de la transition.
L'Union européenne quant à elle n'a pas mis de gans pour qualifier la posture des militaires de « coup d'État ».
Sur la même lancée, la France, par le billet du chef de sa diplomatie, Jean-Yves Le Drian, avait prévenu que « si la médiation ouest-africaine n'aboutit pas, "nous prendrons des sanctions contre tous ceux qui empêchent le processus de transition de se développer ».
Dans le même tempo, la CEDEAO avait aussi fait savoir que des sanctions étaient possibles, comme elle l'avait fait après le coup d'État mené par les mêmes colonels en août 2020.
Suspension de la grève générale
Les commentaires vont bon train à Bamako sur les conditions de cette double libération que par les proches des deux ex détenus ont confirmé à la presse internationale.
Lors de la conférence de presse tenue dans la soirée du mercredi 26 mai au Palais présidentiel de Koulouba, le commandant Baba Cissé, conseiller du vice-président de la transition, sans avancer de date, confiait aux journalistes que cette libération se ferait de manière graduelle et pour des raisons de sécurité.
Par la même occasion, il avait annoncé la démission de N'Daw et Ouane devant la délégation de la CEDEAO dirigée par l'ancien président ghanéen, Goodluck Jonathan.
Cette libération est perçue dans les chaumières bamakoises comme un dégueule dans la situation de crise politico-social qui secoue le pays depuis quelques jours.
L'Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) qui est le principal syndicat au pays a été reçu par le nouvel homme fort de Bamako, en l'occurrence la capitaine Assimi Goïta.
Ce dernier a félicité cette organisation de travailleurs pour la suspension de son mot d'ordre de grève.
Lors du face-à-face d'hier avec la presse, son conseiller, le commandant Cissé, a fait savoir qu'à travers les différentes décisions, le vice-président Goïta souhaitait réaffirmer sa position pour la stabilité et la sécurité du pays. Ce qui, selon certains, ouvre de bonnes perspectives pour un retour à la normale.
En attendant d'y arriver, la population malienne qui ne semble plus être emportée par ce jeu d'échec politico-militaire retrouver un quotidien rythmé de défis qui ont pour noms : pauvreté, précarité, insécurité, relance économique post-COVID 19….