Des dirigeants africains et partenaires du développement ont lancé, mardi à Nairobi, un appel en faveur d'un financement accru de l'adaptation et de la résilience climatique en Afrique, avant l'ouverture de la COP26 à Glasgow.
Cet appel collectif a été lancé lors de la Journée d'accélération de l'adaptation (Adaptation Acceleration Day) au cours de laquelle le Centre mondial pour l'adaptation (Global Centre on Adaptation - GCA) a présenté son rapport annuel sur les tendances en matière d'adaptation en Afrique.
Dès l'ouverture des travaux, le président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta, a alerté sur le fait que le produit intérieur brut de l'Afrique pourrait se contracter jusqu'à 30 % d'ici à 2050 en l'absence d'une action urgente en matière d'adaptation au changement climatique sur le continent.
« Bien qu'il soit relativement plus difficile de concevoir et de mettre en œuvre des projets d'adaptation et bien que des ressources insuffisantes soient actuellement consacrées à l'adaptation en Afrique, nous ne devons pas perdre de vue que cette adaptation relève, sans aucun doute, de l'économie intelligente », a affirmé le président Kenyatta.
Globalement, les dirigeants ont déploré le niveau des financements des pays développés en matière d'adaptation climatique, inférieurs aux besoins de l'Afrique.
Le directeur général du Centre mondial pour l'adaptation, M. Patrick Verkooijen, a insisté sur l'urgence de lutter contre le changement climatique et ses effets : « Même si les objectifs de l'Accord de Paris devaient être atteints, les coûts économiques en Afrique seraient énormes. Le changement climatique constitue un nouveau facteur négatif important pour les notations de crédit des pays africains. Nous devons nous adapter de manière efficace à mesure que les impacts augmentent, car, autrement, ces notations relèveront le coût des emprunts, réduisant le potentiel d'investissements sur le continent. »
Dans un message vidéo, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a souligné qu'une grande partie du financement climatique allait vers l'atténuation des effets du changement climatique. « À quelques jours de la réunion de Glasgow pour la COP26, il ne pouvait y avoir un meilleur moment pour présenter les besoins de l'Afrique en matière de climat. »
Il a rappelé que la Banque africaine de développement, en partenariat avec le Centre mondial pour l'adaptation, avait mis en place le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique (Africa Adaptation Acceleration Program - AAAP), avec l'objectif de mobiliser jusqu'à 25 milliards de dollars.
« Ces 25 milliards de dollars peuvent paraître un montant énorme, mais ils ne suffisent même pas à répondre aux besoins de l'Afrique en matière d'adaptation, qui sont estimés entre 7 et 15 milliards de dollars par an », a déclaré le président Adesina.
Le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique vise à promouvoir des technologies numériques intelligentes sur le plan climatique pour renforcer l'agriculture et la sécurité alimentaire et soutenir le développement d'infrastructures urbaines résilientes au changement climatique. Le programme vise également à créer des emplois et autonomiser les jeunes pour qu'ils deviennent des entrepreneurs engagés dans l'adaptation au changement climatique et la résilience. Il entend stimuler des initiatives financières innovantes pour l'Afrique en lien avec le changement climatique et la pandémie de Covid-19.
Pour Mme Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUC), organisatrice de la COP26, « comme d'autres questions liées au changement climatique, un financement adéquat est la clé du succès dans le domaine de l'adaptation et de la résilience. »
M. Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies et coprésident du Centre mondial pour l'adaptation, Mme Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international et Mme Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, sont également intervenus à cette occasion.
Le rapport offre un aperçu des perspectives de l'Afrique au regard du changement climatique. Il indique clairement la façon dont les individus et les institutions évoluant dans le domaine des politiques africaines et internationales peuvent financer, concevoir et mettre en œuvre des plans d'adaptation pour soutenir les moyens d'existence des populations du continent.