COP26 - Les dirigeants africains invités à intégrer les solutions basées sur la nature dans les plans de lutte contre le changement climatique

8 Novembre 2021
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

En marge de la 26ème Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont annoncé, le 4 novembre, la publication prochaine d'un rapport sur les solutions basées sur la nature et l'adaptation au changement climatique. Les deux institutions ont appelé les dirigeants africains à intégrer les solutions basées sur la nature dans les plans de lutte contre le changement climatique.

Le rapport intitulé, « Les solutions basées sur la nature pour l'adaptation en Afrique » indique que « les sécheresses et les inondations causent environ 70% des pertes économiques et 80% des décès liés aux catastrophes ».

La Banque africaine de développement a donné la priorité au financement de l'adaptation dans son action climatique et son soutien aux pays membres régionaux en Afrique a soutenu le chef de Division des analyses politiques au Centre des ressources naturelles Vanessa Ushie. « Nous sommes la seule BMD à atteindre la parité dans le financement de l'adaptation au climat et de l'atténuation, depuis 2018. La priorité pour les cinq prochaines années est d'intensifier les investissements verts et sensibles à la nature qui peuvent soutenir une transition climatique juste en Afrique. Pour inscrire la nature dans le développement durable, nous avons adopté trois modes d'intervention : des solutions et des approches basées sur la nature, des financements et des investissements basés sur la nature, et une meilleure valorisation de la nature » a-t-elle précisé.

Pour la directrice du Fonds mondial pour la nature pour la région Afrique, Alice Rumweza, l'heure a sonné pour des décisions concrètes compte tenu des effets néfastes des inondations et de la sécheresse observés dans de nombreux pays du continent. Elle a cité l'exemple de Madagascar qui est en passe de devenir le premier cas de famine survenue du fait du changement climatique. Mme Rumweza a évoqué le rapport du Groupe international des experts sur le climat (GIEC) qui annonce des lendemains difficiles si rien n'est fait pour stopper le réchauffement climatique. Les défis à relever seront plus nombreux pour le continent qui, en 2021, compte près de 39 millions de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, a-t-elle souligné.

Selon le rapport, l'Afrique court le risque d'une baisse de productivité agricole avec comme conséquences l'insécurité alimentaire et la famine. Sur le plan sanitaire, il y a la montée des épidémies et des maladies telles que le paludisme, le choléra, la dengue, sans oublier l'émergence des zoonoses comme la fièvre à Ébola et la pandémie de Covid-19 qui a paralysé l'économie mondiale depuis près de deux ans. Dans les zones côtières, la menace permanente des inondations et la salinisation des terres arables, font également planer le spectre de l'insécurité alimentaire.

Le rapport souligne toutefois que les économies africaines continuent de faire preuve de résilience et de ténacité dans l'adaptation aux chocs y compris ceux dus aux impacts du changement climatique et aggravés par le Covid‑19. Des initiatives louables sont en cours, telles que la construction de la centrale de Ouarzazate au Maroc, la plus grande centrale solaire de la planète, la Grande muraille verte dans les pays du Sahel, l'économie bleue au Cap-Vert ou encore la bande verte dans la partie australe du continent.

Il faudrait environ 3000 milliards de dollars américains d'investissements dans les trente prochaines années pour réduire le niveau de pollution d'ici à 2050. Les énergies renouvelables permettent à elles seules de créer 3,8 millions d'emplois et de réduire la pollution de 611 Mt Co2, un objectif envisageable d'ici à 2050. L'Afrique a besoin de 259 à 407 millions de dollars américains pour s'adapter au changement climatique entre 2020 et 2030.

Les réalisations des pays africains contre le changement climatique sont encourageantes par rapport au reste du monde. Tous les pays du continent ont soumis leur première Contribution déterminée au niveau national (CDN), et 38 d'entre eux ont soumis leur CDN révisée, tandis que 44 développent leur Plan d'adaptation au changement climatique et deux ont soumis leur stratégie de développement à long terme de leur plus bas niveau d'émission de gaz à effet de serre. Avec l'appui des partenaires, onze pays africains procèdent au développement de leur stratégies à long terme de développement à faible émissions de gaz à effet de serre (LT-LEDS).

Quelques CDN améliorées ont retenu l'attention du rapport. Celle du Maroc qui accrédite quatre entités dont les banques pour le financement climat, celle du Liberia qui inclut les inventaires des émissions, les cibles d'atténuation, la finance et les impacts‑climat entre autres. Aux Seychelles, les capacités des jeunes ont été renforcées en matière d'atténuation et d'adaptation au changement climatique et au Nigeria, l'accent a été mis sur l'engagement du secteur privé pour l'action climatique et le mécanisme de financement des infrastructures vertes.

Les défis majeurs restent la mise en œuvre des CDN, surtout leur alignement aux politiques nationales d'investissement et la difficulté à développer un système de mesure, notification et vérification (Monitoring, reporting and verification) qui permet d'accéder à des financements internationaux, en particulier ceux ciblant les projets d'atténuation des gaz à effet de serre.

Mais il faut investir dans les solutions basées sur la nature (Nbs) pour créer de la valeur ajoutée et atténuer les risques pour les actifs et investissements grâce à des mécanismes de financement existants pour ces Nbs et à travers de nouvelles offres et canaux de financement innovants. Il est également essentiel pour l'Afrique de créer un environnement favorable et mettre en place des politiques qui jettent les bases d'investissements verts crédibles.

Pour la directrice régionale du WWF, les entreprises africaines ont un rôle essentiel à jouer dans la recherche d'investissements individuels et collectifs à partir de solutions basées sur la nature. Leur implication sera un atout pour atténuer les risques liés à l'eau, et pour accélérer l'adoption de ces solutions.

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