L'Afrique doit adopter une approche globale de la résilience climatique au-delà du financement de l'adaptation, indépendamment des contributions étrangères, ont déclaré des experts lors d'une session organisée le 8 novembre dernier, en marge de la COP26 à Glasgow, sur le thème suivant : « Financement de l'adaptation pour les Contributions déterminées au niveau national (CDN) ».
La session était coorganisée par la Banque africaine de développement, la fondation Konrad Adenauer Stiftung et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA). Elle était consacrée à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) en Afrique de l'Est et visait à promouvoir la mobilisation des ressources nationales pour favoriser un financement global de l'adaptation dans la région et permettre de résister convenablement au changement climatique.
Selon le directeur pour l'Afrique du Centre mondial pour l'adaptation, Anthony Nyong, le financement n'est pas la seule condition pour la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national en Afrique. « Il faut bien plus que de l'argent pour mettre en œuvre les CDN. Nous avons besoin d'une révolution en matière de connaissances, une planification adéquate et des investissements financiers. Nous regorgeons de solutions d'adaptation ; ce qu'il nous faut, c'est de l'envergure et de la rapidité, a poursuivi M. Nyong. Ces solutions seront largement portées par le secteur privé et nous renforcerons la mise en œuvre des CDN par le biais de ce secteur ». Les pays africains ne peuvent pas mettre en œuvre les CDN sans reconnaître qu'il s'agit d'un enjeu de développement, a-t-il insisté.
Pour le directeur du changement climatique et des ressources naturelles à la CEA, M. Jean-Paul Adam, il est nécessaire de réfléchir à des innovations permettant aux Africains de mobiliser des financements, qu'ils aient accès ou non aux 100 milliards de dollars promis par les pays riches pour l'action en faveur du climat. Le financement était prévu à partir de 2020, mais le délai a été repoussé à 2023 lors de la COP26.
« Nous devons donner aux pays africains les moyens de faire la différence par eux-mêmes et d'utiliser différents instruments pour lever des fonds supplémentaires, sachant que la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur leurs recettes fiscales, a indiqué M. Adam. Nous devons également examiner les moyens de faire intervenir le secteur privé, l'un des principaux axes étant de faciliter l'émission d'obligations vertes sur le continent ». Il a rappelé que l'Afrique représente moins de 1 % des émissions mondiales d'obligations vertes.
Administrateur principal régional, chargé du Changement climatique et de la Croissance verte à la Banque africaine de développement en Afrique de l'Est, Olufunso Somorin a souligné la nécessité d'un financement plus large pour l'adaptation, hormis les prêts concessionnels et les subventions. Il s'agirait par exemple de prises de participation du secteur privé ou de financements mixtes, faisant appel à des subventions et à des fonds propres, entre autres.
« La plupart des rapports sur le financement de l'adaptation sous-estiment le rôle des ressources nationales. Nous avons besoin d'un cadre de financement qui puisse rendre compte de cela clairement », a déclaré M. Somorin.
Selon lui, le cadre financier devrait également inclure un registre national très précis sur les coûts. Il devrait en outre détailler les projets, les avantages, les revenus potentiels et d'autres données que tout investisseur du secteur privé pourrait utiliser pour identifier les domaines susceptibles de l'intéresser.
Le lancement du cadre de financement variera d'un pays à l'autre, en fonction des politiques existantes. Certains pays pourront disposer d'un cadre national intégré dans un fonds existant, d'autres auront besoin de nouvelles dispositions institutionnelles et d'un renforcement des capacités pour mettre en œuvre le fonds, a-t-il ajouté.
Selon Anja Berretta, responsable du programme régional sécurité énergétique et changement climatique pour l'Afrique à la fondation Konrad Adenauer Stiftung, la mise en œuvre des CDN est une compétence nationale, bien qu'elle soit discutée au niveau mondial.
« Le dialogue politique est important pour renforcer la sensibilisation car, l'adaptation est cruciale pour les pays » a déclaré Mme Berretta soulignant la nécessité de sensibiliser le public à bien différencier l'atténuation et l'adaptation en matière de financement climatique.