En août 2021, j'ai eu l'insigne honneur de prendre part, à Berlin, à la conférence du Pacte pour l'Afrique du G20, " Compact with Africa ", aux côtés d'une trentaine de chefs d'État et de gouvernement africains et de dirigeants d'organisations internationales. À cette occasion, j'ai fait mes adieux à la chancelière allemande Angela Merkel.
La chancelière Merkel a toujours été une amie chère et loyale de l'Afrique.
Je suis sûr que je ne serai pas le seul dirigeant engagé dans la promotion du développement du continent à regretter les échanges très productifs que j'ai eus avec elle.
Le Compact with Africa, lancé en 2017 sous la présidence allemande du G20, est le fruit d'une initiative de Mme Merkel. Elle porte depuis longtemps un véritable intérêt au continent et manifeste un vif désir de voir l'Afrique connaître une croissance économique et un développement soutenus.
Je suis convaincu que nos efforts collectifs, ceux de nos pays et ceux des amis de l'Afrique comme elle, finiront par servir au mieux les intérêts de notre continent.
À la Banque africaine de développement, nous avons senti l'influence de la chancelière Merkel à travers les contributions régulières de l'Allemagne au Fonds africain de développement, le guichet de prêts concessionnels du Groupe de la Banque. Ce fonds soutient le développement économique et social de 38 pays africains les moins avancés en finançant des projets et des programmes. Il leur apporte aussi une assistance technique à travers la réalisation d'études et d'activités de renforcement des capacités. Depuis 1973, l'Allemagne est le troisième plus gros contributeur du Fonds. Ses contributions cumulées s'élèvent à 4,2 milliards d'euros (4,7 milliards de dollars).
La confiance de la chancelière Merkel dans l'avenir de l'Afrique est en phase avec mon légendaire optimisme pour notre continent. Les investissements dans les énergies renouvelables sont l'un des nombreux domaines dans lesquels nous partageons la même vision. Nous sommes tout à fait d'accord sur le fait que le développement des énergies renouvelables est d'une importance capitale si nous voulons atteindre les objectifs climatiques mondiaux et réaliser l'un des objectifs clés de la stratégie des " High 5 " de la Banque africaine de développement : " éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie ".
L'Allemagne est l'un des principaux contributeurs du Fonds sur le changement climatique en Afrique pour aider les pays du continent à renforcer leur résilience aux chocs climatiques et à opérer une transition vers une croissance durable à faible émission de carbone. Sous la direction de la chancelière Merkel, l'Allemagne a également soutenu l'adoption de l'Initiative africaine pour les énergies renouvelables, hébergée par la Banque africaine de développement.
Juguler la pandémie de Covid-19 est essentiel pour la reprise économique et la croissance de l'Afrique. Consciente des inégalités d'accès aux vaccins dans le monde, Mme Merkel n'a cessé d'appeler à une augmentation de la production et à une distribution plus équitable des vaccins ainsi qu'à l'installation d'usines de production de vaccins en Afrique.
Pour que l'Afrique prospère et se développe, la volonté doit principalement venir des Africains eux-mêmes. Cela ne fait aucun doute !
Portées par l'enthousiasme de la chancelière Merkel pour notre continent, les entreprises allemandes sont aujourd'hui plus actives que jamais en Afrique, avec une accélération ces dernières années. Nous avons constaté un intérêt et une participation accrus de l'Allemagne à l'Africa Investment Forum, plateforme unique en son genre qui attire les investisseurs régionaux et mondiaux vers les infrastructures.
Cet engagement est dû, en grande partie, à la confiance que Mme Merkel a contribué à instaurer. De 2017 à 2019, les investissements allemands en Afrique ont augmenté d'environ 1,84 milliard de dollars. S'ils ne représentent encore que 1 % des investissements mondiaux du pays, c'est un pas dans la bonne direction. Les pays africains poursuivant leurs efforts pour améliorer leur attractivité et la transparence de leur environnement des affaires, je pense que les flux d'investissement vont croître.
Au moment où la chancelière Merkel se retire de la scène politique, je me réjouis du renforcement du partenariat entre l'Allemagne, l'Afrique et la Banque africaine de développement.
L'Allemagne devrait soutenir l'accroissement des investissements du secteur privé des pays du G20 en Afrique à travers le Compact with Africa et l'Africa Investment Forum, porté par le Groupe de la Banque africaine de développement.
De même, nous attendons de l'Allemagne qu'elle continue à soutenir les efforts de la Banque pour optimiser sa base de capital en y incluant du capital hybride. Ce type d'investissement contribuera non seulement à accélérer le développement dont le continent a tant besoin mais aussi à combler près de 100 milliards de dollars de déficit de financement par an pour les infrastructures.
L'Allemagne peut également apporter son soutien politique à la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international aux banques multilatérales de développement, et notamment à la Banque africaine de développement, détentrice agréée de DTS qui peut multiplier par trois ou quatre les ressources des DTS qui lui sont attribués. Ces allocations viendraient en complément du soutien apporté par le FMI à la stabilité macroéconomique des pays.
Le Groupe de la Banque africaine de développement a également besoin de soutien dans ses efforts d'optimisation du bilan du Fonds africain de développement en améliorant l'accès aux marchés des capitaux, en augmentant les ressources disponibles pour les pays, en exerçant un effet de levier sur les ressources et en assurant l'optimisation des ressources pour les pays donateurs.
Enfin, le soutien de l'Allemagne et des pays du G7 à la Facilité pour une transition énergétique de la Banque africaine de développement peut aider les pays du continent à accélérer leur transition vers les énergies renouvelables.
Aujourd'hui, l'Afrique a un besoin urgent de partenariats productifs et mutuellement bénéfiques. À cet égard, la chancelière Angela Merkel a été l'un de nos plus ardents supporters.
Nous lui disons au revoir avec un profond sentiment de reconnaissance et de gratitude. Je suis convaincu que nos efforts collectifs, ceux de nos pays et ceux des amis de l'Afrique comme elle, finiront par servir au mieux les intérêts de notre continent.
Cette tribune a été publiée sur la page de Global Views de Devex, le 29 novembre 2021. Pour accéder à la version originale, cliquez ici