Des voitures, des camions et des piétons qui s'engouffrent sur un imposant ouvrage, haut comme un immeuble de cinq étages : les images sont saisissantes pour les habitants des localités environnantes et les nouveaux usagers qui empruntent le pont pour la première fois. La structure de béton clair qui enjambe le fleuve Gambie, frontière naturelle entre le Sénégal et la Gambie, a été inaugurée le 21 janvier 2019 par le président sénégalais, Macky Sall, et le président gambien, Adama Barrow, en présence de hauts dirigeants de la Banque africaine de développement.
D'ici à 2024, la Banque sera également associée, en tant que co-financeur, à l'inauguration d'un autre pont stratégique reliant deux pays voisins : il s'agit du pont de Rosso entre le Sénégal et la Mauritanie.
La première institution multilatérale de financement du développement en Afrique, qui a fait de l'intégration régionale une de ces cinq priorités opérationnelles, les " High 5 ", investit massivement pour connecter les États africains et désenclaver des régions entières du continent.
En visite officielle du 26 au 28 janvier au Sénégal, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a eu l'opportunité d'expliquer aux représentants du secteur privé, l'importance stratégique accordée aux infrastructures dans les investissements de la Banque : " Au cours des dix dernières années, 40 milliards de dollars ont été mobilisés dans ce volet des infrastructures ", a-t-il expliqué devant le ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott.
Le pont de la Sénégambie, d'une longueur de 942 mètres, a été presqu'entièrement financé par l'institution, qui a accordé une subvention de 88,4 millions de dollars à la Gambie et un prêt de 4,4 millions de dollars au Sénégal pour la construction de l'ouvrage de franchissement, dont le coût global a atteint 93,68 millions de dollars. Depuis sa mise en service les usagers ne tarissent pas d'éloge pour l'ouvrage qui a réduit d'une journée entière ou plus, à environ 5 à 6 heures, les 450 km du trajet Dakar Ziguinchor.
Long de 1,5 kilomètre, le pont de Rosso enjambera le fleuve Sénégal pour relier le sud de la Mauritanie au nord du Sénégal. Le projet bénéficie d'un financement de 41 millions d'euros de la Banque africaine de développement sur un total de 88 millions d'euros. Les travaux de construction ont été lancés le 30 novembre dernier par Macky Sall et son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Un moment symbolique auquel participaient notamment Solomon Quaynor, vice-président de la Banque chargé du Secteur privé, de l'Infrastructure et de l'Industrialisation, Irène Mingasson, ambassadrice de l'Union européenne au Sénégal, et Ramon Ynaraja, représentant de la Banque européenne d'investissement, dont les institutions cofinancent ce projet.
Le pont de la Sénégambie contribuera à faciliter les échanges commerciaux sous-régionaux et à désenclaver les zones rurales, tout en améliorant le niveau et la qualité du service le long des corridors routiers Nouakchott-Dakar-Lagos. En réduisant le temps de trajet et les coûts de transport, le pont de Rosso renforcera les échanges commerciaux le long des corridors transafricains Tanger-Lagos et Alger-Dakar, d'une part, et entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne, d'autre part. Au-delà du renforcement des flux commerciaux et de l'intégration entre les pays d'Afrique de l'Ouest, ce pont permettra d'accélérer la dynamique d'intégration entre cette région et l'Afrique du Nord.
La Banque africaine de développement investit dans des projets emblématiques pour les gouvernements et les populations du continent. L'appui de la Banque a mis fin à des décennies d'attente, et permis la réalisation du pont de la Sénégambie.
Le président Adesina, en visite à Dakar, a aussi réaffirmé la nécessité de faire plus de place au secteur privé, notamment dans le domaine des infrastructures afin de contribuer à la création de richesse sur le continent face aux défis de la lutte contre la pauvreté et de l'emploi des jeunes. Les investissements dans les infrastructures ayant un impact sur l'intégration régionale sont au cœur de la stratégie de la Banque africaine de développement.