La deuxième édition du Forum de la presse économique et financière s'est ouverte le 24 mars à Abidjan autour du thème : " Les enjeux du développement durable et de la santé ". Le forum tenu sur deux jours a été présidé, au nom du ministre ivoirien des Finances par son représentant, Gondo Diomandé. Il a souligné " l'importance de la mise à disposition de l'information économique aux populations africaines ".
Michel Russel Lohoré, promoteur du Forum a souligné la détermination de son organisation à " redonner à la presse économique toute sa place en Afrique, car la création du Forum de la presse économique et financière répond à une volonté de contribuer à l'essor économique de l'Afrique. "
Michel Russel Lohoré, promoteur du Forum de la presse économique et financière.
Les enjeux de la thématique ont été posés par le professeur Abdoulaye Seck de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui a insisté sur les aspects écologiques et environnementaux du développement durable et ses évolutions depuis le rapport Brundtland. En tant que conférencier principal, il a mentionné " les effets du Covid-19 qui ont réduit à néant les gains économiques (de l'Afrique) des deux dernières décennies "
" Sur dix pays les plus vulnérables au changement climatique, neuf se trouvent en Afrique, le continent qui contribue très peu aux gaz à effet de serre. " a-t-il remarqué. La COP27 qui sera organisée en Égypte devrait être mise à profit pour une meilleure prise en charge de la perspective africaine. Renforcer l'implication du secteur privé et du secteur financier dans l'économie verte, " reverdir la politique monétaire " devraient, entre autres, aider à mieux réconcilier environnement et activités économiques, a-t-il conclu.
L'effet réorganisateur du Covid-19 sur les économies a remis sur l'agenda des priorités, la construction de la résilience sanitaire à travers le renforcement des systèmes de santé en Afrique et des capacités de production des médicaments.
Koffi Ange Houngbedji, analyste de la santé à la Banque africaine de développement, est revenu sur l'importance du capital humain en Afrique et les efforts consentis par la Banque dans l'appui aux pays africains dès le déclenchement de la pandémie et le soutien à la mise en place sur le continent de véritables capacités de production. Cette crise sanitaire du Covd-19, a-t-il souligné, a remis à jour la santé comme faisant partie des priorités que la Banque veut développer sur le continent. Il a expliqué que la Banque vient d'adopter sa stratégie 2022 - 2030 des infrastructures de santé de qualité en Afrique qui, à coup sûr, contribuera à renforcer le système de santé sur le continent. Cette stratégie vient en complémentarité des efforts des autres partenaires et renforcera les capacités de diagnostic sur le continent, contribuera au développement des infrastructures secondaires, tertiaires et de spécialités en Afrique.
Tirant les leçons de la crise sanitaire, la Banque ouest-africaine de développement a mis en place un département sectoriel sur la santé. " Il s'agit de soutenir le développement du secteur de la santé en rendant les ressources aussi concessionnelles que possible car, sans capital humain, il est impossible de prétendre à des économies émergentes. " a ajouté Emmanuel Barry, son directeur du Département santé, éducation et immobilier.
L'importance des énergies renouvelables dans le développement a été soulignée par Dr Tshepelayi Kabata, conseiller technique à la Banque arabe pour le développement économique en Afrique qui finance un projet d'énergie solaire en Guinée Bissau et un projet de production de voitures électrique en République démocratique du Congo.
D'autres intervenants ont indiqué que le développement du continent doit passer par une réforme des Accords de partenariat économique et des accords d'investissement, pour un partenariat gagnant-gagnant. Le rôle et la place des citoyens doit être accru en matière de gouvernance économique et de politiques publiques, a avancé Dr Gwenaelle Otando, présidente de l'Association de valorisation d'expertise citoyenne et de solidarité.
Mais le message fort du Forum est l'appel lancé pour que les acteurs (institutions multilatérales, société civile, secteur privé, médias) développent une meilleure synergie pour le développement durable du continent.
Ainsi pour Oumar Baldé, rédacteur en chef de Medi1 Tv, il faut une meilleure articulation entre les stratégies des institutions et les réalités de développement du terrain. " L'Afrique doit faire confiance à l'Afrique " a-t-il affirmé. En écho, Idriss Linge de l'Agence Ecofin a insisté sur les représentations véhiculées sur l'Afrique : " Le narratif sur l'Afrique doit changer, car le continent a assez de richesses pour contribuer efficacement au développement durable, mais des rapports économiques défavorables le mettent en mauvaise posture ".
Le Forum de la presse économique est soutenu par des institutions dont entre autres la Banque africaine de développement, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, la Banque ouest-africaine de développement, la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et Africa 50.