Costume noir, cravate rayée et chaussures cirées, Yassine Jaballah porte sur lui toute la panoplie du businessman. Le quadragénaire tunisien dirige Clevertek Plus, une entreprise de mécanique générale dont l'aventure a débuté en 2009 avec cinq employés. Ingénieurs, opérateurs et commerciaux, ils sont aujourd'hui 28 employés dans cette PME installée dans la zone industrielle d'El Agba, en banlieue de Tunis.
Pendant de nombreuses années, la vie de cette entreprise ressemblait à un long fleuve tranquille. Les commandes affluaient de toutes parts. Des multinationales lui sous-traitaient la conception et la fabrication de mécanismes et de composants qui s'imbriqueront dans un produit final. Symbole de cette réussite, la création d'un automate qui, grâce à la reconnaissance d'image, facilite le contrôle qualité sur ligne de production industrielle.
Ainsi, durant ses premières années, la start-up filait un mariage parfait avec les industries aéronautique, automobile et pharmaceutique. Son chiffre d'affaires ne cessait alors de croître.
Mais, petit à petit, sa croissance s'étiolait, les commandes baissaient et les dettes s'accumulaient : " Avant 2019, nous étions déjà en crise, car nous n'avions pas vu grandir la concurrence, analyse le patron de Clevertek Plus, Yassine Jaballah. La pandémie a accentué notre chute. Nos concurrents, eux, avaient des activités complémentaires qui leur permettaient de tenir ".
Face à la menace de la faillite, Yassine Jaballah s'est donc tourné vers la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME).
Cet établissement, fondé en 2005, accompagne les PME dans leurs investissements sans se limiter à leur unique financement. En effet, ses experts ne cherchent pas " la rentabilité à tout prix, explique Lebid Zâafrane, son directeur général, mais à aider les entreprises à créer de la valeur et des emplois ".
Cette vocation est l'essence même de la Banque africaine de développement qui soutient le secteur privé tunisien. Via le Fonds d'assistance au secteur privé africain (FAPA), la Banque a mobilisé près d'un million de dollars américains en faveur de la Banque de financement des PME, afin de financer une assistance technique pour accompagner les entreprises en difficulté. À son tour, la banque tunisienne a accompagné une cinquantaine d'entreprises dans des secteurs comme l'industrie, l'éducation, le textile et l'artisanat entre autres.
" Avec la Banque africaine de développement, nous partageons le même ADN, nous vivons la PME, nous sommes près de la PME, nous sommes dans la PME ", soutient Lebid Zâafrane.
Grâce à ces ressources, la BFPME soutient les entreprises en crise afin de renforcer leur résilience aux chocs et consolider leur viabilité financière pour contribuer au développement et au rayonnement du pays.
Pour Clevertek Plus, le programme d'aide aux entreprises en difficulté a été une véritable opportunité de relancer l'activité. Deux experts ont ainsi été dépêchés pour évaluer la situation, établir un diagnostic et définir une série de recommandations. Parmi celles-ci, le lancement d'une nouvelle activité de maintenance qui, en augmentant la productivité, a permis un retour à l'équilibre financier. " Avec la maintenance, on réalise le même chiffre d'affaires mais avec moins de charge de travail, donc moins de dépenses, explique Yassine Jaballah. Le tout dans une niche où il y a moins de concurrence ".
En parallèle, toujours sur les conseils de la BFPME, Clevertek Plus s'est fait certifier " ISO 9001 ", une norme internationale qui permet de confirmer l'aptitude d'un organisme à fournir un service, un produit ou un système, conforme aux meilleurs standards. Résultat, de nouveaux clients, notamment étrangers, ont été séduits et de nombreux marchés se sont alors ouverts pour Clevertek Plus.
Aujourd'hui, les fraiseuses comme les logiciels 3D de Clevertek Plus tournent à nouveau à plein régime. Cela s'est traduit par une augmentation de 7,5% du chiffre d'affaires et a surtout permis de maintenir l'ensemble des emplois et d'en créer de nouveaux. Le directeur général de la PME ne compte pas s'arrêter là : " Nous voulons aller plus loin avec des nouvelles technologies comme les imprimantes 3D ou la découpe au laser, explique Yassine Jaballah. Et pourquoi pas intégrer un centre de formation spécialisé dans la fabrication de pièces mécaniques ? ".
En Tunisie, le cas de Clevertek Plus est un exemple parmi d'autres. L'appui de la BFPME permet au secteur privé en quête d'opportunités de se repositionner pour créer plus de valeur ajoutée et plus d'emplois.
A ses côtés, la Banque africaine de développement offre, à toutes ces femmes et à tous ces hommes engagés, l'opportunité de participer à l'amélioration des conditions de vie de chacun.
