Afrique: De la Protection des enfants au Sénégal

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La vulnérabilité des enfants s'accentue en situation d'urgence. Il s'agit, selon l'UNICEF, d'une situation où la vie et le bien-être des enfants sont menacés. Dans un contexte mondial marqué par la recrudescence des catastrophes naturelles, les changements climatiques, des conflits armés mais aussi des épidémies et pandémies comme la Covid 19 et son impact sanitaire, social et économique, des stratégies sont initiées aux niveaux mondial, régional et national. Au Sénégal l'initiative a été prise de mettre en place des plans de contingence (le premier sur la période 2016-2018, le deuxième, en cours, sur la période 2020-2024) ayant pour objectifs spécifiques de renforcer la préparation en prévision des crises, d'assurer une réponse appropriée et rapide pour une meilleure protection des enfants.

L'on s'accorde à reconnaître que les trois grandes logiques qui fondent les politiques sociales, à savoir l'assurance, l'assistance et la solidarité, renvoient à des conceptions différentes de la société et mettent en œuvre diversement les principes de solidarité, de redistribution et de réduction des inégalités. Dans ce cadre, il est judicieux de développer des stratégies appropriées pour une meilleure préparation d'une réponse humanitaire efficace en faveur des populations sinistrées.

En effet, le monde fait face à la recrudescence des catastrophes naturelles, aux changements climatiques, à des conflits armés mais aussi des épidémies voire des pandémies comme la Covid 19 et son impact sanitaire, social et économique. L'Afrique est affectée de manière constante par ces phénomènes qui ont pour corollaires des risques accrus de violences, abus, négligence et exploitation des enfants.

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Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, des centaines de millions de personnes dans le monde sont touchées par des situations d'urgence et de catastrophes causées par des risques naturels ou anthropiques.

Ces situations d'urgence peuvent avoir d'importantes répercussions politiques, économiques, sociales, sanitaires et ces conséquences peuvent s'étendre sur plusieurs années. Elles peuvent résulter de catastrophes naturelles, de conflits inter ou intra-communautaires, de la recrudescence des épidémies, de contaminations alimentaires, de pollutions chimiques ou radionucléaires, entre autres phénomènes.

Tous ces maux peuvent saper des décennies d'efforts en faveur du bien-être des couches sociales précaires. Il faut y ajouter la destructuration des infrastructures sanitaires et le ralentissement des progrès vers les Objectifs de développement durables (ODD). La préparation à de telles situations d'urgence et la mise en place d'actions efficaces, sont parmi les défis les plus urgents que la communauté internationale doit relever.

Réduction des risques de catastrophe

Les Nations Unies ont adopté à cet effet, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 à la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, qui s'est tenue à Sendai, Miyagi (Japon), du 14 au 18 mars 2015. Le Cadre d'action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 est la feuille de route mondiale pour limiter les pertes en vies humaines et les pertes économiques directement imputables à des catastrophes.

Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR, anciennement UNISDR) est chargé d'appuyer la mise en œuvre, le suivi et le bilan du Cadre de Sendai qui vise " la réduction substantielle des risques de catastrophe et des pertes en vies humaines, en moyens de subsistance, en santé et en biens économiques, physiques, sociaux, culturels et environnementaux des personnes, des entreprises, des communautés et des pays ". Il est ainsi reconnu que la responsabilité de réduire les risques de catastrophe incombe .en priorité aux États, mais que cette responsabilité devrait être partagée avec d'autres parties prenantes, notamment les autorités locales et le secteur privé.

Au niveau régional, le Comité africain d'experts sur les droits et le bien-être de l'enfant (CAEBDE) a adopté, en janvier 2016, l'Agenda 2040 pour les enfants d'Afrique en vue de favoriser une Afrique digne pour les enfants.

Au Sénégal l'initiative a été prise de mettre en place un plan de convergence ayant pour objectifs spécifiques de renforcer la préparation en prévision des crises, d'assurer une réponse appropriée et rapide pour une meilleure protection des enfants. Ce plan s'inscrit dans le cadre d' une politique d'action sociale, fondée sur un système non contributif, directement assuré par l'Etat qui l'organise, le finance et le met en œuvre. Comme le dit Giddens, l'Etat joue un rôle d'investisseur social.

Prévention et prise en charge des enfants

Le premier plan de contingence 2016-2018 a été initié avec les acteurs du secteur, suite à la validation de la Stratégie nationale de protection de l'enfant (SNPE) et la recommandation du Premier ministre de " tout mettre en œuvre pour rendre effectif un dispositif de prévention et de prise en charge des enfants pendant la situation d'urgence de la covid-19.

Le deuxième plan, qui couvre la période 2020-2024, vise une prise en charge efficace des besoins spécifiques de cette couche vulnérable que constituent les enfants dans les situations de crise. Il relève du ministère de la Santé et de l'Action sociale.

Cette initiative tient compte de la complexité des interfaces entre les différents niveaux de coordination. Son processus d'élaboration a identifié des schémas de réponses aussi pratiques que possibles relativement aux critères précis de répartition des rôles et des responsabilités.

Ainsi, la Commission prévention et situation d'urgence de la SNPE a mis en place le Comité intersectoriel national de la protection de l'enfant (CINPE) qui est l'organe supérieur en charge de l'encadrement et de l'orientation des politiques publiques relatives à la protection de l'enfance quel que soit le contexte.

Coordination des interventions

A cet effet, il veille à une bonne coordination de la mise en œuvre du plan pendant les situations d'urgence. Ce comité est accompagné par le Secrétariat exécutif national de la protection de l'enfant (SENPE) qui participe et veille à la mise en place d'une coordination et assure le suivi des interventions. Il contribue à la mobilisation des ressources nécessaires et au plaidoyer. Le Comité départemental de la protection de l'enfant (CDPE) constitue l'organe d'exécution. Il est présidé par le Préfet avec la présence de tous les acteurs concernés.

Le mécanisme de coordination du plan de contingence va donc du niveau national au niveau village où le CDPE est représenté par le Comité villageois de la protection des enfants (CVPE).

Les composantes et les responsabilités de chaque entité sont clairement établies. La coordination des interventions et des intervenants ne pose aucune difficulté. Les problèmes se situent au niveau surtout de la mobilisation des ressources. L'Etat, à travers le ministère de la Santé et de l'Action sociale, est le principal bailleur. Il est accompagné par l'UNICEF en collaboration avec le Roster national et les autres acteurs du niveau central et des CDPE. Les ressources et moyens du plan sont utilisés pour la plupart dans des prestations en nature, par la gratuité de l'ensemble des services sociaux, de leurs programmes et projets.

Les principes énoncés dans ce plan sont orientés selon les normes et standards de la protection de l'enfant dans l'action humanitaire (SMPE 2019) et sont essentiels pour les intervenants dans les situations d'urgence. Dans certains cas spécifiques, les interventions peuvent être en espèces mais elles sont toujours holistiques et intégrales.

Quels sont les véritables bénéficiaires de ces prestations ? Sont-ils les enfants ou seulement les sinistrés ?

En tout cas, les objectifs du plan sont clairs : contribuer à l'amélioration de la préparation et au renforcement de la protection des droits des enfants pendant les situations de crise.

Au regard des objectifs spécifiques du plan de contingence pour bénéficier de ses prestations, il faut d' abord être enfant, ensuite se trouver en situation d'urgence. Il s'agit, selon l'UNICEF, d'une situation de menace pour la vie et le bien-être d'un enfant.

Parmi les types d'aléas et de risques majeurs qui menacent la protection des enfants au Sénégal, les acteurs ont identifié principalement les épidémies, les inondations, les risques industriels, l'érosion côtière, l'insécurité alimentaire, les crises sociopolitiques et sécuritaires.

De l'analyse de ces risques, trois grands groupes peuvent être retenus: les risques naturels, les risques industriels et technologiques et les risques sécuritaires liés aux conflits armés.

Pour chaque type de groupe de risques, il y a bien des éléments de protection adaptés à la cible. L'ampleur des risques étant variée et diverse, les défis et la tâche pour l'Etat sont immenses.

C'est dans ce contexte que s'apprécie le plan de contingence du secteur de la protection du Sénégal qui constitue un ensemble de mesures de prévention, de protection, de promotion et de transformation sociale dont l'objectif majeur est la prévention et la réduction de l'exclusion sociale et de l'inégalité, de la pauvreté et de la vulnérabilité. Ces différentes mesures basées sur l'assistance sociale, visent principalement les enfants en situation d'urgence.

Conscient des défis humanitaires émergents d'origine naturelle ou humaine, le Sénégal a connu une avancée majeure dans sa volonté de faire face aux différents risques ; cela est confirmé par la validation du plan de contingence du secteur de la protection de l'enfant du Sénégal 2020-2024.

Travailleur Social

Spécialiste de la protection des droits de l'enfant

Acteur de la Société civil

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