Burkina Faso: Déplacés de Seytenga à Dori - Un drame dans le drame

© O.Fourt/RFI
Exercice militaire au Burkina Faso (photo d'archives).

On est encore loin de l'hécatombe de Solhan où il y a un an, plus précisément le 5 juin 2021, 150 civils avaient été massacrés par des terroristes ivres de sang. Mais sur l'échelle de l'horreur, Seytenga arrive désormais en deuxième position.

Dans la nuit du 11 au 12 juin courant, des dizaines d'innocents aux mains nues ont en effet été froidement exécutés par ces hordes sanguinaires qui ont juré la perte du Burkina Faso. Le bilan officiel et provisoire établi lundi par le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, faisait état d'une cinquantaine de victimes. Mais on se doutait bien qu'il s'alourdirait au fur et à mesure que parvenaient les témoignages aussi glaçants les uns que les autres des rescapés, et que continuaient les ratissages des Forces de défense et de sécurité (FDS), dont la progression est ralentie par les risques de tomber sur les fameux Engins explosifs improvisés (EEI).

Hier, un nouveau décompte macabre dénombrait 29 corps supplémentaires, portant le total jusque-là, à 79 personnes. Il faut craindre qu'à ce rythme on frôle la barre de 100 ; cent vies injustement fauchées qui justifient que le président du Faso le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba décrète un deuil national de 72 heures, du 14 au 16 juin. C'est son premier deuil national depuis qu'il a pris le pouvoir le 24 janvier 2022.

Sera-ce le dernier ? Sans jouer les cassandres, on peut raisonnablement en douter, dans la mesure où la situation sécuritaire semble empirer chaque jour un peu plus, alors que les Burkinabè caressaient le secret espoir qu'avec l'arrivée des militaires au pouvoir, elle s'améliorerait.

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En vérité, dans cette tragédie burkinabè qui s'écrit en lettre de sang depuis 7 ans, si nous pleurons nos morts comme ceux de Seytenga, il ne faut pas perdre non plus de vue la détresse humaine que vivent les rescapés. Avec le récent drame, des milliers de personnes déplacées internes (PDI) ont aussi afflué vers Dori comme elles pouvaient, à vélo, en charrette, en tricycle ou à pied. Mais elles ne sont pas au bout de leur calvaire. Un malheur ne venant jamais seul, quelques jours avant, les installations de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA) ont été sabotées, rendant encore plus difficile l'approvisionnement en eau potable, et faisant craindre la survenue ou l'apparition de maladies hydriques comme le choléra. Une éventualité qui pourrait donner le coup de grâce à des populations qui ne savent déjà pas à quel saint se vouer. A cela il faut aussi ajouter les problèmes d'hébergement, de restauration... , ce malgré les efforts déployés par le gouvernement et ses partenaires pour être aux côtés de gens qui ont tout laissé derrière eux.

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