Afrique: Importations de céréales - Comment le continent compte réduire sa dépendance de l'extérieur

18 Juin 2022

Les implications de la crise ukrainienne sur la sécurité alimentaire pourraient s'avérer encore plus importantes que les impacts de la pandémie de Covid-19, a alerté Mme Kanayo Awani, Directrice générale de l'Initiative commerciale intra-africaine chez Afreximbank. Pour se sevrer de cette dépendance extérieure, la banque mise sur le Système panafricain de paiement et de règlement (Papss en anglais), lancé en janvier dernier, visant à stimuler le commerce intra-africain.

Le Caire (Égypte) - L'Afrique importe pour environ 40 milliards de dollars de denrées alimentaires par an et la flambée des prix du blé et du tournesol à la suite de la crise ukrainienne menace la sécurité alimentaire dans la région. La Russie et l'Ukraine sont les principaux exportateurs de blé et de tournesol vers l'Afrique. La consommation de blé en Afrique devrait atteindre 77 millions de tonnes d'ici 2025, dont 64 % devraient être importés de l'extérieur du continent. La région est déjà confrontée à des chocs de prix aigus et à des perturbations de la chaîne d'approvisionnement.

Cette situation est aggravée par les préoccupations concernant les pénuries d'engrais qui pourraient potentiellement perturber la production agricole et exercer des pressions supplémentaires sur la sécurité alimentaire. " Dans un contexte où l'Afrique représente 16 % de la population mondiale, les implications de la crise ukrainienne sur la sécurité alimentaire pourraient s'avérer encore plus importantes que les impacts de la pandémie de Covid-19 ", a alerté Mme Kanayo Awani, Directrice générale de l'Initiative commerciale intra-africaine chez Afreximbank.

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Pourtant, souligne-t-elle, avec 60 % des terres arables du monde, la croissance démographique la plus rapide et un marché intégré dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l'Afrique a la possibilité de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire grâce à un commerce intra-africain accru et réduire la dépendance à l'égard des importations en provenance de l'extérieur du continent.

Réduire les coûts de convertibilité des devises

À cet effet, Afreximbank a lancé, en janvier dernier au Ghana, le Système panafricain de paiement et de règlement (Papss en anglais) visant à stimuler le commerce intra-africain. Une plate-forme " révolutionnaire " qui, aux yeux de Mme Kanayo, facilitera les paiements transfrontaliers en devises africaines locales et devrait stimuler considérablement le commerce intra-africain en minimisant l'utilisation de devises fortes et en rendant les paiements transfrontaliers moins chers et plus fluides. " Il existe actuellement 42 devises en Afrique et le Papss réduira considérablement les coûts de convertibilité des devises et fera économiser au continent plus de 5 milliards de dollars par an en frais de transaction de paiement, ce qui profitera aux nombreuses Pme et jeunes entrepreneurs à travers le continent ", développe-t-elle. Par exemple, le Papss permettra à un négociant nigérian qui importe d'Égypte de payer ses importations en nairas tandis que l'exportateur égyptien recevra le paiement en livres égyptiennes. Le secteur privé africain également invité à investir dans l'agricultue.

À titre d'exemple, l'Égypte importe 12 millions de tonnes de céréales, essentiellement en provenance de la Russie et de l'Ukraine, alors qu'il devrait être possible d'importer le maïs du Sénégal, estime Dr El-Sharkawi, président de la section égyptienne de l'Association des hommes d'affaires africains. En marge de ses Assemblées annuelles qui se tiennent à la nouvelle capitale administrative égyptienne, Afreximbank a signé, hier, un partenariat avec le Secrétariat de la Zlecaf. L'objectif, a expliqué Prof Benedict Oramah, Pdg d'Afreximbank, est de s'assurer que le Paps assure, sur le terrain, une facilitation des paiements afin de parvenir à des résultats beaucoup plus rapidement.

Zlecaf : les chefs d'entreprises africains y croient

Un sondage réalisé par le Comité panafricain du commerce et de l'investissement du secteur privé (Paftrac) auprès de 800 chefs d'entreprises africains révèle que la grande majorité d'entre eux pensent que la Zlecaf aura un effet positif sur le commerce intra-africain dès 2022-2023. " Parmi les dirigeants interrogés, 93 % sont confiants que la Zlecaf aura un impact positif. 26 % d'entre eux se déclarent très confiants.

Seulement 4% des participants pensent que la Zlecaf aura, ou a déjà eu, un impact négatif sur leurs entreprises ", résume le professeur Pat Utomi, président du Paftrac. Les résultats de ce sondage sont publiés dans un rapport diffusé hier en marge des Assemblées annuelles d'Afreximbank à la nouvelle capitale administrative égyptienne au Caire.

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