Assemblées annuelles 2024 - Réformer l'architecture financière mondiale afin de libérer des financements pour le Kenya et l'Afrique en général

6 Mai 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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« Aujourd'hui, l'Afrique a un encours de dette de 640 milliards de dollars et paie près de 70 milliards de dollars d'intérêts chaque année. Ce ne serait que justice pour nous de disposer d'un mécanisme de financement qui nous traite sur un pied d'égalité ». L'appel du président kenyan William Ruto, lors de la 5e réunion semestrielle de coordination de l'Union africaine en juillet 2023 à Nairobi, était sans équivoque : l'architecture financière mondiale doit être réformée pour que l'Afrique ne soit plus le parent pauvre du monde.

Selon le président Ruto, des décisions courageuses sont nécessaires pour alléger le fardeau de la dette des pays africains.

Ce moment est venu maintenant. Le Groupe de la Banque africaine de développement, première institution de financement du développement en Afrique, fera de cette question une priorité de ses Assemblées annuelles, qui se dérouleront du 27 au 31 mai 2024 à Nairobi sur le thème suivant : « La transformation de l'Afrique, le Groupe de la Banque africaine de développement et la réforme de l'architecture financière mondiale. » Ces réunions offriront aux pays africains une plateforme pour relever le défi de la réforme du système financier international et pour proposer une voie à suivre.

À Nairobi, l'accent sera mis sur la co-construction d'un nouveau pacte financier international avec une approche « gagnant-gagnant », comme le préconise William Ruto. « Changeons de discours ! Ne parlons pas de nous contre eux, du Nord contre le Sud. Adoptons une approche gagnant-gagnant », soutenait-il en juin 2023 à Paris lors d'une table ronde sur l'Alliance pour l'infrastructure verte en Afrique, dans le cadre du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Malgré les nombreux enjeux humains, financiers, climatiques, techniques et technologiques, - les pays africains restent mobilisés à travailler avec la communauté internationale pour relever les défis communs de l'humanité.

Pour lutter contre le changement climatique, par exemple, le Kenya, avec le soutien de ses partenaires stratégiques, est devenu l'un des champions africains de l'adaptation. Environ 90 % de son électricité produite est issue aujourd'hui de sources d'énergie renouvelables et le pays ambitionne d'en devenir un producteur majeur à l'échelle mondiale.

L'agriculture kenyane a un nouveau visage grâce aux énergies renouvelables

Des chambres froides situées à la périphérie de Nairobi tournent à plein régime. Alimentées par des panneaux solaires, elles permettent de stocker sur une plus longue durée les produits horticoles provenant des zones rurales éloignées de la capitale. Autrefois, de grandes quantités de fleurs périssaient sous l'effet de la chaleur. Aujourd'hui, les produits frais arrivent en parfait état dans les supermarchés locaux. Et comme les roses qui fleurissent dans la vallée du Rift et sur les rives du lac Naivasha, ou le tilapia du lac Victoria, ils sont exportés avec succès.

Le secteur de l'énergie a bénéficié des cinq centrales géothermiques du Kenya dans les champs d'Olkaria (905 MW), du projet d'énergie éolienne de Turkana (300 MW) et de la première phase de la centrale géothermique de Menengai (35 MW), dont la production a commencé en août 2023. Un autre producteur d'électricité indépendant (IPP) a entamé la construction d'une deuxième centrale électrique d'une capacité de 35 MW.

Le champ géothermique de Menengai fournit déjà de l'électricité à un demi-million de foyers

Une fois achevé, le projet de développement géothermique de Menengai fournira une capacité de production d'électricité de 105 MW, augmentant ainsi la production d'une électricité fiable, propre et abordable pour les industries et les ménages kenyans. La capacité installée de production d'énergie renouvelable du Kenya a été portée à 80 %, en incluant les centrales hydroélectriques à partir de 2023. La production d'énergie géothermique représentait 45,4 % de l'énergie électrique totale du pays en 2022-2023.

Au cours de la dernière décennie, le Groupe de la Banque africaine de développement a soutenu l'achèvement de ces importants projets d'énergie renouvelable et d'interconnexion électrique régionale afin que le Kenya puisse éviter les pénuries de la fin des années 2000.

Le Groupe de la Banque a contribué au développement du champ géothermique de Menengai en 2012 avec un prêt de 120 millions de dollars du Fonds africain de développement, un prêt de 7,5 millions de dollars du Programme de développement des énergies renouvelables et un don de 17,5 millions de dollars, pour un total de 145 millions de dollars, soit 17 % du coût total du projet. Il a également fourni une garantie partielle de risque de 20 millions d'euros par l'intermédiaire du Fonds africain de développement pour faciliter la conclusion de l'accord d'achat d'électricité avec le premier producteur indépendant d'électricité.

Le parc éolien de Turkana libère le potentiel éolien de la vallée du Grand Rift

« Des projets tels que le parc éolien du lac Turkana nous permettent d'avancer à grands pas vers la réalisation de nos objectifs prioritaires. La Banque est très fière d'être associée à cette nouvelle composante essentielle de l'infrastructure africaine et de la production d'énergie propre », déclarait en juillet 2019 Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, lors de l'inauguration de la centrale de Turkana.

Lancé en 2013, ce projet de 625 millions d'euros a bénéficié d'une contribution financière de 115 millions d'euros du Groupe de la Banque. Il a augmenté la capacité de production d'électricité de 300 MW. Il a surtout contribué à ouvrir la vallée du Grand Rift à d'importants investissements et au développement. L'amélioration des infrastructures -- routes, câble de fibre optique et électrification -- a permis de relier le reste du pays au parc éolien.

La centrale thermique de Thika améliore la fiabilité et la stabilité du système électrique

Le projet de centrale thermique de Thika est le point de départ des investissements de la Banque africaine de développement dans des centrales pour améliorer les performances du système électrique et répondre aux enjeux de fiabilité, de réduction des pertes et de stabilité. À partir de 2011, le Groupe de la Banque a contribué, à hauteur de 28,1 millions d'euros (sur un coût total de 112,4 millions d'euros) à la construction et à l'exploitation d'une centrale thermique de 87 MW à Thika, à 35 kilomètres de Nairobi.

La centrale est équipée de cinq générateurs fonctionnant au fioul lourd, qui peuvent être convertis au gaz naturel si celui-ci devient disponible, et d'une turbine à vapeur de 7 MW qui accroît son efficacité et réduit les émissions de dioxyde de carbone. À terme, la centrale de Thika fournira de l'énergie à environ 65 000 clients supplémentaires.

Intégration du système électrique régional dans le cadre du Pool énergétique de l'Afrique de l'Est (EAPP)

En 2022, le Kenya a mis en service 1 045 kilomètres d'interconnexion de transport de courant continu de 500 kV avec l'Éthiopie. Cette année, il a achevé la construction de 507 km d'interconnexion électrique de 400 kV à courant alternatif de 1 500 MW avec la Tanzanie (dont 93 km sur le territoire kenyan). Aujourd'hui, sur les onze pays membres de l'EAPP, neuf sont interconnectés et échangent de l'électricité sur des bases bilatérales, échangeant plus de 3 000 GWh d'énergie.

La Banque aide l'EAPP à acquérir la capacité nécessaire pour commencer à échanger de l'électricité en temps réel sur le réseau interconnecté. L'électricité transfrontalière aidera les pays à remplacer les centrales diesel coûteuses, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et, plus important encore, à réduire progressivement le coût de l'électricité dans la région et à améliorer le climat des affaires.

La nouvelle stratégie du Kenya

Le Kenya ambitionne de devenir un producteur majeur d'électricité à l'échelle mondiale, mais il attend toujours d'avoir accès au financement climatique international pour produire davantage et tirer parti de l'intensification de la production sur l'ensemble du continent.

La Banque africaine de développement, dans son Document de stratégie pays 2024-2028 pour le Kenya, s'est engagée à stimuler le secteur privé porté par la croissance économique, en investissant dans le développement des infrastructures et les réformes stratégiques, et en soutenant le développement du capital humain. Le plan quinquennal consolidera les réalisations du plan précédent - axé sur les infrastructures énergétiques - et placera le Kenya à l'avant-garde de l'adaptation au climat sur le continent.

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