Afrique du Nord: Le chantage au gaz algérien ne passe pas

Production de gaz

L'Algérie représente-telle une menace pour l'Europe, notamment pour l'Espagne ? Oui, à en croire Madrid qui vient de demander à l'OTAN d'adopter un nouveau concept de sécurité qui considère l'utilisation d'immigrants ou les coupures d'approvisionnement en gaz ou en pétrole comme des menaces. En effet, l'Espagne redoute l'utilisation du gaz algérien et la migration irrégulière comme moyens de chantage de la part d'Alger.

Gaz naturel comme arme géopolitique

Des doutes que partage l'OTAN qui a qualifié, dans un document confidentiel dévoilé par le site d'information américain Business Insider que relaie l'agence Ecofin dans une dépêche, l'Algérie de "risque pour la sécurité de l'Europe". Selon ce document, la menace provient de décisions concernant les livraisons de gaz aux pays de l'Europe du Sud, et plus particulièrement à l'Espagne. "Il y a un risque que l'Algérie utilise le gaz comme moyen de pression politique, à l'instar de ce que fait actuellement la Russie à l'égard des pays européens qui s'opposent à son invasion de l'Ukraine.

A long terme, cela menacerait le statut de l'Algérie en tant que fournisseur fiable d'énergie pour l'Europe", précise le rapport. Les inquiétudes de l'OTAN quant à l'utilisation par l'Algérie des livraisons de gaz comme arme géopolitique interviennent après la menace brandie, le 27 avril dernier, par Alger de rompre le contrat de fourniture de gaz à l'Espagne si elle venait à l'acheminer "vers une destination tierce", dans une allusion au Maroc avec lequel les relations diplomatiques sont rompues. A rappeler que Sonatrach, entreprise pétrolière et gazière algérienne, fournit plus de 40% du gaz naturel importé par l'Espagne, dont l'essentiel lui parvient à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, d'une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an.

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Immigration et chantage

Autre sujet d'inquiétude est celui relatif à l'immigration. En fait, Madrid redoute qu'Alger utilise ses ressortissants qui arrivent en petits bateaux à Almería, Murcie, Alicante et les îles Baléares. D'après les médias espagnols, toutes les sources policières s'accordent à dire qu'il y aura désormais un rebond de l'arrivée de migrants algériens en Espagne, coïncidant avec la détérioration des relations et l'amélioration des conditions climatiques.

Même si certains spécialistes soutiennent que l'Algérie n'a pas de remotecontrôle pour téléguider les candidats à l'immigration et le phénomène migratoire dépend de nombreux facteurs complexes, tels que les conditions économiques, le rôle des organisations criminelles. Selon toujours la presse espagnole, 206 migrants algériens ont été secourus dernièrement dans les eaux d'Almería et 113 autres sont arrivés aux Baléares ces derniers jours. Pour Madrid, les flux migratoires en provenance de l'Algérie risquent de ne pas s'arrêter, notamment avec l'amélioration des conditions météorologiques.

Ces flux risquent de s'amplifier davantage s'il y a laxisme de la part d'Alger au niveau des départs et indifférence face aux demandes de renvoi des migrants algériens irréguliers. Les Algériens sont classés comme le deuxième plus grand contingent de migrants irréguliers après les Marocains En prévision d'une réactivation de la "route algérienne" de la migration, Madrid prend ses précautions en élargissant la capacité d'accueil des Centres d'assistance temporaire pour étrangers pour accueillir à partir d'août lesdits flux.

La voie diplomatique comme issue

Jusqu'à présent, l'Espagne tente la voie diplomatique en reconnaissant que l'Algérie est "une priorité et un acteur clé" dans la lutte contre le crime organisé et le contrôle de l'immigration irrégulière. Au cours des dernières années, le ministre de l'Intérieur a tenu diverses réunions - en face à face et par visioconférence - avec son homologue algérien dans le but de resserrer les liens et de renforcer la coopération. La dernière a eu lieu en novembre dernier à Madrid. C'était six mois après qu'ils se sont vus à Lisbonne (Portugal) à l'occasion du sommet Union européenne/Afrique sur les affaires intérieures.

"Nos pays partagent de nombreux intérêts et défis communs, avec des défis importants qui nécessitent, aujourd'hui plus que jamais, des réponses communes qui offrent des solutions efficaces. A cette fin, une coopération bilatérale basée sur l'engagement et le travail conjoint est essentielle", a souligné Grande-Marlaska à l'issue de la réunion qui s'est tenue en novembre.

Lors de cette rencontre, les deux ministres se sont engagés à explorer de nouvelles actions préventives pour atténuer la pression migratoire dans la région, selon le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Le chef dudit département a remercié Kamel Beldjoud - qu'il avait rencontré en août 2020 à Alger - pour la coopération policière dans le sud du pays et a insisté sur le fait que l'Algérie était "indispensable pour faire endiguer la pression migratoire en provenance des pays subsahariens.

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