Acteurs de la société civile, journalistes, universitaires, juristes et entre autres acteurs africains plaident pour des initiatives africaines afin de lutter contre les Flux financiers illicites.
Ils l’ont exprimé lors d’une table-ronde publique que TrustAfrica a organisée le vendredi 24 juin 2022 à Dakar. C’était sur le thème : « Les derniers développements en matière de flux financiers illicites et le rôle des Médias Africains. »
Selon TrustAfrica, les crises récentes ont montré combien est critique la question de la mobilisation des ressources internes pour faire face aux pandémies et autres grands défis du moment, et pour le développement de l'Afrique.
À cet effet, la lutte contre les flux financiers illicites (Ffi) est donc devenue, plus que jamais, une question d'une urgence absolue.
Ce think-tank panafricain estime que la perte que subit notre continent du fait de ces FFI qui s'élèvent à 88,3 milliards de dollars par an et représente 3,7 % de son Produit intérieur brut (Pib), représente une manne qui pourrait être canalisée pour faire avancer la transition vers une Afrique post-COVID et la transformation structurelle et le développement du continent.
Cette saignée s’accentue à cause d’un cadre juridique et institutionnel qui s’avère insuffisant avec une absence de textes spécifiques dédiés à la lutte contre les FFI.
Ce qui fait à John Kaninda, avocat au Barreau de Kinshasa, spécialisé dans les mines, les ressources, le droit de l'énergie, la réglementation et la fiscalité que l’Afrique n’a pas besoin de l’Aide publique au développement, mais de fermer la fuite des capitaux.
Dre Malado Agne, enseignant-chercheure Université Cheikh Anta Diop, fustige le fait qu’au niveau international, les FFI sont analysés dans la perspective du Développement durable.
Ce qui irrite le plus, les solutions sont connues et reconnues, mais la grande difficulté réside dans l’application à cause d’une résistance d’acteurs qui évoluent dans l’industrie d’autant plus que 65% des Flux financiers illicites proviennent de l’activité minière.
Devant cet état de fait, le Dr Agne pense qu’il faut agir sur l’activité des multinationales et se concentrer sur les ressources minières.
Un plaidoyer qui sonne comme une injonction faite aux gouvernants pour plus de volonté politique face à ce phénomène destructeur. « Il faut que les Etats africains sachent prendre les décisions politiques qui s’imposent ».
Dans cette même dynamique, Mactar Silla, journaliste et spécialiste de la communication, Président directeur général de Label TV pense que le moment est venu d’exiger la transformation des produits africains avant leur exportation.
Si le secteur minier polarise 65% des FF, 5% pour la corruption, Briggs Bomba, Directeur des Programmes de TrustAfrica indique que le phénomène n’épargne aucun secteur qui engendre des transactions financières. C’est ainsi qu’il a mis le doigt sur l’économie numérique et les transferts de footballeur. D’où la nécessité, d’après lui, d’instaurer une campagne africaine commune pour faire face à ce phénomène.